Deserts Boliviens - Partie 2 : Le desert

valentin-lebrat Par Le 25/01/2017 2

Je voulais profiter de la journée pour faire de la rando dans l'arrière pays de Valparaiso, mais toutes les réserves forestières du pays sont fermées jusqu'en Patagonie... à cause des risques d'incendie. Quand la France gèle, le Chili brûle. Alors aujourd'hui, ce sera plage et écriture !

Flamands, graviers et tôle ondulée

En quittant la route principale, j'ai rapidement un aperçu de ce qui m'attend : quand ce n'est pas un chaos de pierres (ce qui serait génial en VTT - du genre le début de la descente d'Ailefroide pour les connaisseurs), c'est un petit tapis d'un sol à la frontière entre le gravier et le sable. Au fait, savez-vous quel9 est le diamètre qui sépare le sable du gravier en granulométrie ? 10 points à celui qui trouve sans Google. Ca reste roulable au demeurant, à condition d'adapter le braquet, et ça offre le plaisir de rouler presque où je veux, étant donné qu'il y a des dizaines de traces parallèles différentes.

Jusque-là, ça va. Car à cause du passage des véhicules, le chemin se transforme parfois en un terrain de cross, connu sous le nom de "tô

++.0-+le ondulée" : une alternance de bosses et de creux qui font la largeur de la route, parfois 15cm de profondeur, avec si peu d'espacement qu'il est impossible d'amortir une bosse avec la roue avant sans se prendre de plein fouet une précédente avec la roue arrière. Ca casse la vitesse, et ça demande une concentration incroyable pour supporter tous les chocs que je me prends. Un peu de relâchement, et je me prends une méchante secousse inattendue, et voilà la crise de nerf qui s'installe doucement. A 9h du matin, ça va. A midi, passe encore. Mais à 15h... Désolé pour les flamands roses qui ont reçu toutes sortes de noms d'oiseaux... Rouler en Bolivie, c'est apprendre la maîtrise de soi ; sans quoi le vélo finira tôt ou tard par atterrir dans le fossé.

On peut se demander pourquoi quelques fous s'obstinent à faire du vélo ici... Mais une fois le contingent de 4x4 touristiques passé, nous, les cyclistes, avons le désert pour nous tout seuls - à partager avec les viscaches et les vigognes bien entendu - et cela n'a pas de prix.

Je commence à traverser une petite vallée longiligne dominée par de hauts volcans et parsemée de lagunes, qui sont remplies de flamands roses.

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Laguna Cañapa, et sa surpopulation de flamands

Un petit bivouac par ici sera idéal, me voilà enfin au coeur du désert.

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La laguna Hedionda, au soir puis au matin

Désert du Siloli

Je repars le lendemain pour gagner encore un peu d'altitude, et ainsi me hisser sur un vaste plateau autour de 4600m, connu comme la "Pampa de Siloli". La montée, que je redoutais, se passera sans problème grâce au vent dans le dos, et dans le magnifique décor d'un mini cañon orange.

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Le spectacle, c'est ici que ça se passe, pas au Dakar !

Je roule au fond du cañon, à l'endroit où coula sûrement une rivière un jour, ce qui donne une ambiance assez spéciale et très agréable. Subitement, je sors de ce mini vallon pour déboucher au milieu du ciel, posé sur un plateau de sable-gravier orangé. Par ci et par là, quelques chaînes de volcans enneigés dépassent, le décor est immense et merveilleux.

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L'arrivée à "Silala". Prochaine étape, Solfafa. Avec un peu de chance, j'atteindrai Rédodo pour la nuit.

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Pays merveilleux, à deux pas du ciel.

Une courte descente me fait tomber du plateau pour rentrer dans ce qui ressemble à une large vallée à fond plat, bordée par quelques montagnes. Je roulerai dans ce décor pendant plus de 30km. Par ci par là, des troupeaux de vigognes gambadent dans le sable, scène étonnante que de voir ces animaux (très gracieux) qui semblent s'amuser dans ce désert, alors qu'il n'y a ni ruisseau, ni plantes sur des dizaines de kilomètres...

Un petit bivouac au pied d'un massif de rochers, pour profiter en plein du désert... et des viscaches, pas farouches par ici.

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La pampa de Siloli

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Bivouac au désert

Après avoir roulé encore toute la matinée dans ces paysages, j'arrive en un lieu surprenant, où les volcans ont laissé des rochers en plein milieu de la plaine, et où le vent s'est chargé de les sculpter.

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Qui aime l'adhérence?

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"El arbol de piedra". J'ai vérifié, on ne respecte pas du tout les coefficients de sécurité imposés par les normes...

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La fin du désert de Siloli. A partir de là, j'entame une longue descente vers la laguna Colorada, qu'il faudrait penser renommer "la flaque décolorée" vu le peu d'eau qui reste en ce jour. En arrivant sur la rive, on m'indique qu'il y a un refuge à 7km d'ici.

Après 14 km (deux fois la distance indiquée !), par vent de face et sur tôle ondulée, j'aperçois enfin ce fameux refuge. Pas fâché ! Cela fait déjà 3 jours et 3 nuits que je voyage en autonomie complète.

En plus, un touriste attentionné m'offre le pinard, le bonheur est complet !

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Commentaires

  • Clo

    1 Clo Le 28/01/2017

    Oulalaaaaaaaaa j'ouvre mon ordi, je vais sur le blog de mon brother, et là ??? UNE PLUIE TORRENTIELLE D'ARTIIIIIICLE ! Yes, des instants de bonheur et de voyage à l'état pur en prévision ;-)
    MDR Val sur le chemin de tôle ondulée s'est transformé en capitaine Haddock, pauvre flamands roses...
  • Mam

    2 Mam Le 26/01/2017

    Quelle constance mon gars de pédaler dans ces conditions "spéciales Paris-Dakkar"! Pour rien au monde j'arriverai à te suivre...je suis définitivement larguée (bien que je n'ai jamais réussi à te suivre dans ta pratique du vélo...même sur nos routes bien asphaltées de France!)
    Reposes tes gambettes maintenant dans les bus chiliens...

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