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Deserts Boliviens - Partie 3 : L'apothéose

valentin-lebrat Par Le 26/01/2017 6

Du grec "apo" (depuis ou comme), et "theos" (Dieu). Pour avoir recherché cette égalité, d'aucuns furent chassés de l'Eden. Ailleurs, un autre prétend que "(nous sommes) des dieux", rendant absurde ce concept d'apothéose. Quoiqu'il en soit, on se sent souvent immensément petit devant les dimensions qui nous entourent, et quand certains moments transcendent nos points de vue habituels, on peut se sentir en apothéose. A ma décharge, je ne l'ai pas cherchée, cela m'est simplement tombé dessus alors que je traversais incognito un quelconque désert de notre planète.

Un peu (trop) haut

Après un bon dîner et une nuit au refuge, qui m'auront formidablement requinqué, je repars le lendemain pour en finir avec ce désert aussi éprouvant que merveilleux. Le Chili n'est plus qu'à deux jours de vélo, je suis au Sud du Sud de la Bolivie.

Les tout premiers kilomètres sont les plus durs de cette étape, car cette fois-ci l'épaisseur de sable ne me permet plus de rouler, alors j'avance à pied. Heureusement au moment d'attaquer une montée, je retrouve une piste incroyablement lisse pour la région. Il doit y avoir un truc, c'est pas possible... Ah oui, je roule sur des dalles de pierres bien polies, qui affleurent à peine. La côte me mène toujours plus haut : 4600, 4700, 4800m. C'est le moment opportun pour croiser deux amis Vaudois qui voyagent en 4x4. L'orage éclate un peu tôt ce jour, et je suis bientôt sous la neige, observant les points d'impact des éclairs à une poignée de km autour de moi. Dans cette caillante, je passe devant les fumerolles d'un petit champ de geysers. Finalement, dans une ambiance extraterrestre, je franchis une passe à plus de 4900m. Là, je suis peut être monté un peu trop haut pour faire du vélo. Promis je redescends.

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La montée vers le col, laissant derrière moi la Laguna Colorada.

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Un des geysers de Sol de Mañana

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Me voilà sur Mars ? Je suis peut-être monté un peu trop haut pour le coup.

Ca tombe bien, en passant le col, le vent vient subitement me pousser, que dis-je pousser, propulser, éjecter, et en plus la piste est très bonne.

C'est parti pour une descente à tombeau ouvert vers les lagunes et le salar de Chalviri qui reflètent des couleurs irréelles. Arrivé en bas, il y a quelques baraquements autour d'une piscine thermale ; je camperai ici malgré le grand vent et le sable du terrain. (Plant your Quechua tent : level Bolivie unlocked !).

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Descente vers le salar de Chalviri dans une lumière iréelle

Les bains sont les meilleurs que j'ai testés jusque-là : eaux non douteuses, de l'espace pour faire quelques brasses, température idéale, et du sable noir pour les pieds. Parfait pour regarder les éclairs au loin. Quelle chance d'être là le soir : les touristes sont partis et les habitants descendent à la piscine pour en profiter à leur tour. En regardant ces personnes, je prends conscience que je passe mes derniers instants au milieu de ces deux peuples merveilleux que sont les Quechuas et les Aymaras. Au Chili, c'en sera fini de ces hommes aux sombreros, toujours prêts à faire un pas de danse, et des "cholitas" (les "bavardeuses", nom donné aux femmes ici), et des vêtements encore plus colorés que le volcan Thunupa.

Définitivement trop haut

Je repars le lendemain pour ce qui sera ma dernière journée intégralement bolivienne, après plus de 40 jours dans ce pays. Je traverse lors des premiers kilomètres une pampa connue sous le nom de "désert de Dali". Ce sont des blocs rocheux, aux formes plus ou moins étranges, plantés dans une plaine de sable.

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Le désert de Dali au loin...

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Vision surréaliste d'un troupeau de vigognes... dans le désert.

Un petit col me porte à nouveau en altitude, avant de descendre dans la vallée de la fameuse "Laguna verde". Le volcan qui la domine, le célèbre Licancabur, ne tarde pas à dévoiler sa silhouette mythique.

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Première vue du Licancabur, et un piaf qui s'apprête à le percuter !

J'arrive finalement au bord de la Laguna verde, avec l'impression d'être parvenu à la ligne d'arrivée de ma longue traversée du désert. En effet, même s'il reste 60 km à parcourir pour atteindre San Pedro de Atacama, la frontière n'est plus qu'à 10 km, puis je retrouverai l'asphalte et une très longue descente (2200 m de dénivelé).

La lagune ne vole pas son nom, elle est d'une magnifique couleur turquoise laiteuse, et s'étend au pied du volcan.

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Il y a quelques années de cela, je rêvais de gravir le Licancabur, mais la raideur de ses pentes me décourage d'y aller tout seul, d'autant plus que je ne connais pas l'itinéraire. Arrivé au refuge, j'ai la bonne surprise d'y rencontrer un Ukraino-Polonais (qui passe son temps libre dans un certain parc national des Tatras...). Il s'apprête à monter le lendemain au volcan, avec un guide. A court de monnaie (et sans distributeur à proximité !), je ne peux pas partager la moitié des frais, mais on finit par trouver un accord gagnant-gagnant. Alors le lendemain matin à 3h, c'est parti pour l'ascension. L'orage de la veille ne s'est pas évacué, et on fait les premiers mètres sous la pluie, qui sera vite remplacée par de la neige et du brouillard. Puis, vers 5800 m, une sorte de bande jaune apparaît à l'horizon, et on croit distinguer les lacs plus de 1500 mètres plus bas. Fausse espérance, puisque le brouillard se referme aussitôt. On continue vers le sommet qui est désormais  à un jet de pierre. La suite, c'est l'histoire d'une apothéose.

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La montée au volcan. Quand un Ukrainien a froid, c'est que c'est sérieux...

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A quelques encablures de la cime, on distingue un paysage à travers les nuages...

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Et le magnifique lac de cratère du volcan, qui n'est pas gelé malgré son altitude. Notre Nicolas Hulot national y a plongé, pour y découvrir les formes de vie sous-marine probablement les plus hautes du monde. Comment ont-elles pu éclore si haut et entourées d'une si haute muraille ?

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Bolivie ou Kamtchatka ?

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Le superbe sommet du volcan Juriques

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Après cette aventure dans un autre "pays d'en haut", je reprends mon vélo, pour franchir la frontière quelques minutes plus tard. Un tampon de sortie, et me voilà au Chili. L'émotion est au rendez-vous, car je sais qu'en quittant la Bolivie, c'est tout un autre monde que je quitte, et qu'avec le Chili, c'est la culture occidentale que je retrouve, en me dirigeant vers la deuxième moitié de mon voyage, qui sera radicalement différente de la première : la Patagonie.

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Bye bye Bolivia...

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Hola Chile !

Encore 5 km de montée m'emmène une dernière fois à 4600 m, puis j'entame une descente déboussolante vers le désert d'Atacama. C'est une expérience thermique, qui commence dans le brumisateur froid et humide du haut plateau, pour progressivement entrer dans le sèche-cheveux tiède de l'Atacama. Au fur et à mesure de la descente, les plantes se raréfient puis disparaissent, et je rentre enfin dans une immense plaine caillouteuse dans laquelle se trouve la petite oasis de San Pedro de Atacama. Le choc du changement de température, de paysage et de culture est violent. Maintenant, place au bus pour traverser la zone centrale de cet immense pays !

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L'interminable descente, toute en ligne droite, vers la vallée de San Pedro

Au bas, il faudra changer les patins !

Et moi je vous dis à bientôt, pour de prochains reportages sur le Chili !

 

Commentaires

  • Clo

    1 Clo Le 28/01/2017

    Val au sommet de son volcan, ou comment le Merveilleux peut te mettre une Claque.
  • Mam

    2 Mam Le 26/01/2017

    Ah ouais quelle apothéose! Des photos magnifiques en tout cas, sous la neige ça donnait un style encore plus beau et particulier! Il y en a une on dirait une toile de peintre...
    Et ben mon guigui tu as des problèmes de touches?? au moins on a compris que Tim avait besoin de rejoindre sa classe...sauf qu'aujourd'hui il a la grippe...donc au fond du lit! Choc thermique au retour de Bolivie! Bref c'est pas tout à fait la déprime qui l'a cloué au lit...
    T'es trop mimi mon Val avec ton bonnet péruvien!
  • Guy

    3 Guy Le 26/01/2017

    Bon Oncle Guy ne sait pas encore trop utilisé l'ordinateur, d'où ces deux messages (j'ai appuyé sur la flèche retour en haut à gauche et mon message s'est de nouveau affiché, j'ai renvoyé en me disant "Tiens il n'est pas parti!" et après je l'ai vu afficher deux fois)...
  • Guy

    4 Guy Le 26/01/2017

    Mais parce que la classe de Seconde de Briffaut Laffemas t'attendait de pied ferme!!

    Trop beau :OOOO
    Profites pour nous c'est magnifique :) :) :)
  • Guy

    5 Guy Le 26/01/2017

    Mais parce que la classe de Seconde de Briffaut Laffemas t'attendait de pied ferme!!

    Trop beau :OOOO
    Profites pour nous c'est magnifique :) :) :)
  • Tim

    6 Tim Le 26/01/2017

    Je viens de tomber dans une profonde déprime :(
    Pourquoi suis-je parti ?????!!
    La descente fut, je pense, un peu plus compliquée que celle du Pari non ? Tu me déçois Val, pourquoi n'a tu pas imité Nicolas ? C'est bien beau de dire que tu t'es baigné dans un lac de 3800 d'alti alors qu'il est à la température de le mer méditerranée, j'ai honte de toi...

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