Après une soixantaine de km enfin plate, j'atteins enfin le bord du lac sur son angle Nord Est, à Huancane. Comme toute bonne chose, il sait se faire désirer, et je ne le découvre qu'au dernier moment.
Après avoir traversé les hautes cordillères, franchi plusieurs cols sous la neige (bon, ok, un col), mon arrivée au Titicaca avait des airs de repos en bord de mer.
La première vue du lac conforte cette impression, le soleil radieux et l'eau bleue intense du lac contraste fort avec l'après midi que j'ai passée la veille, en plein brouillard. Ajouté au fait que ça fait quelques jours que je n'ai pas eu le courage de me doucher dans les rivières froides, et j'ai subitement envie de piquer une tête.
J'arrive sur le lac en douceur, dans une petite baie secrète refermée sur elle même. C'est un dédale d'îles, de presqu'îles, de criques ou de petites plaines côtières.
Ma première vue sur le lac, et sa couleur qui vaut le coup à elle seule.
Les plaines lacustres sont d'abord des pâturages pour les moutons et cochons, puis quelques champs et enfin une zone de joncs, la Totora, qui sert à fabriquer les bateaux typiques du lac. Ici, une femme avec son chargement de Totora.
La route borde le lac, et d'entrée de jeu les paysages sont magnifiques. Après quelques kilomètres, sur les bons conseils de gens d'ici, je quitte la petite route asphaltée pour suivre une piste qui borde le lac. Bien m'en a pris, cela me permet de découvrir une côte montagneuse superbe, de criques en caps. Une grosse pensée à Papy et Mamie en parcourant ces chemins de littoral !
Après quelques kilomètres, je rencontre un jeune lycéen qui rentre de l'école à pied.
"Comment tu vas dormir ce soir ?"
"J'espère trouver un endroit de bivouac, avec ma tente"
"Il faut pas t'arrêter ici, c'est pas un bon endroit"
"Ah bon, pourquoi ?"
"La nuit, il y a les sirènes qui sortent par ici. Je te conseille de continuer un peu plus loin..."
Bon, je ne vais pas dormir par là, mais plutôt pour des raisons topographiques en ce qui me concerne.
Toute la région est habitée, la terre est prise par les champs et les pâturages, alors je dois m'arrêter dans un village pour demander l'hospitalité. Petite pause d'une nuit donc dans un charmant village au fond d'une crique, hébergé chez Mario.
"Il n'y a pas beaucoup de touristes par ici dis donc ?"
"Si si, il y a deux mois un couple de français est passé dans le village, comme toi, en vélo !"
Je profite (et participe, plus ou moins de gré...) à l'entrainement en musique des villageois pour le concours de danses qui aura bientôt lieu dans la région.
Maximiliana, du village de Jacantaya
Le lendemain, je repars avec le même soleil et la même piste magnifique. Je partage la piste avec les lamas, les vaches, les moutons et les cochons. La route n'est que montée sur une crête, et descente dans une crique. Au début, je me dis que j'aurais préféré un peu de plat, et puis en voyant les panoramas qui s'offrent à moi d'en haut, j'en viens à changer d'avis.
Un dédale d'iles, de presqu' iles, de criques ou de plaines côtières
La Bici fait sa pause panoramique
Deux vues depuis un petit sommet à côté de la piste. Le paysage vire au sublime par ici, et le lac dévoile petit à petit son immensité.
La baie de Moho, où je vais retrouver la route après ce petit détour sur piste. A partir d'ici, la route se déroule au bord du lac, en suivant une corniche qui aurait sa place dans les classements des plus belles routes.
La corniche du Titicaca depuis la route.
Je m'arrête à Conima pour un jour de repos et de rando dans la région. La région est on ne peut plus authentique, il n'y a aucun touriste et facilités touristiques ici. Je tente d'accéder à internet par trois fois. La première, coupure de courant. La seconde, les machines sont prises par les collégiens accros eux aussi aux "Videojuegos". La troisième fois "Ah mais en fait Internet ne marche pas en ce moment, on peut seulement faire des jeux vidéos..." Toi, tu vas réussir à me mettre de bonne humeur, c'est pas comme si mon campement est à 20 minutes à pied du village...
Les négociants n'ont pas le même sens du commerce qu'en France par ici. Trois bananes pour 1 Sol, cinq pour 2 Soles. Il ne me faut pas longtemps pour trouver la parade, je vais acheter mes trois bananes dans un magasins, puis les trois suivantes dans un autre !
En arrivant au lac, sans m'en rendre compte, j'ai traversé une frontière linguistique. Les gens ne parlent plus le Quechua, mais l'Aymara, que je ne comprends pas mieux pour autant. On consomme la Coca en permanence par ici, les anciens ont leurs petits sachets de feuilles séchées, qu'ils descendent bouchée après bouchée. Une femme m'explique, alors que je suis en short et Tee-Shirt, que ça lui permet de mieux supporter le froid.
Coucher de soleil depuis mon bivouac à la plage. A l'horizon, les grandes îes du nord, Taquile et Amantani.
Le lendemain, jour de repos, j'en profite pour aller explorer une presqu' île à côté de mon campement. Ici, la plage de mon bivouac au matin.
Les forêts d'Eucalyptus qui bordent le lac. Une pensée à Mam, et ses huiles essentielles !
Au gré de mes pérégrinations, je trouve bon gré mal gré une falaise de grès, graal des grimpeurs (Grenoblois ? Bon, je m'arrête là...). L'occasion d'une petite escalade en traversée au bord du lac.
Des algues bien vertes qui couvrent les rochers en bord de lac. Comment est l'eau ? Bien fraîche, mais baignable en cette saison du moins. Autour de 12 degrés je dirais. Et voilà mon record d'altitude de baignade repoussé de 1200m...
Le lendemain, je reprends mon vélo, avec la Bolivie en ligne de mire. la frontière est toute proche.
Je profite encore d'une route pas si moche...
Mes derniers kilomètres au Pérou ne sont pas les plus désagréables.ô
Et puis, je passe un petit village et un contrôle de police. Quelques kilomètres plus loin, je passe quelque chose qui ne ressemble pas vraiment à une frontière, sinon à un point de vue panoramique.
La "frontière". Qui veut faire douanier ici ?
J'y suis !!
Mon premier paysage Bolivien. A quoi ressembleront les suivants ? La suite dans le prochain article !
Commentaires
1 Any. Le 08/12/2016
2 Mam Le 04/12/2016
Waouh ce coucher de soleil depuis la plage, c'est merveilleux ce que tu vois et tu nous en mets plein les yeux!
Et moi aussi je veux bien être douanière...
3 LuClo Le 04/12/2016