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La route vers le Lac

valentin-lebrat Par Le 03/12/2016 4

Je suis dans une salle de PC plutôt du genre panoramique à La Paz, et j'ai les yeux attirés par un spectacle que vous aurez bientôt en photo, mais je vais me projeter quelques jours en arrière pendant ces quelques comptes-rendus de retard.

Pédaler le Mont-Blanc

Après quatre jours super de congés à Macusani, qui furent une sorte d'expérience culinaire en continu -heureusement qu'il y avait les nuits pour digérer- c'est de mes amis que je prends finalement congé à regret, tôt le Mardi matin.

Les premières dizaines de kilomètres sont l'occasion de mettre un point final à une montée que j'ai entamée 11 jours plus tôt, alors en plein milieu de la forêt équatoriale. Je passe "L'abra Oquepuño", à 4873m, et laisse définitivement derrière moi ce petit coin de steppe si charmant.

Fin du confort

Seulement voilà, je décide de ne pas faire simple alors que je peux faire compliqué. Plutôt que de suivre la belle route Interocéanica jusqu'à son terminus au bord du Lac, je tourne subitement à ma gauche pour prendre un itinéraire plus direct mais moins fréquenté.

Pour moi, ça change du tout au tout. Fini le confort de cette belle route Brasilo-Péruvienne, je me retrouve d'un coup sec sur un chemin caillouteux et ondulé. ça fait bizarre au début, je me demande combien de temps je vais tenir. Et puis finalement, on s'y habitue.

Le paysage commence à sélargir et s'aplatir petit à petit, et je finis par rentrer dans une large steppe d'herbe jaune, bordée par quelques cordillères à gauche, et de petites collines à droite. Le paysage est fabuleux, immense, le ciel qui semble épouser la terre. Arriver dans un village, assez désert, par une piste en terre en plein milieu de la steppe est une sensation vraiment particulière. Dans 3 mois, ce sera une route asphaltée par ici : était-ce meilleur ou pire de traverser cette région maintenant ? La question est ouverte.

Dans la plaine, je croise des écoliers qui sortent d'une école construite en plein milieu de nulle part. Ils se dispersent en tous sens, à pied ou en vélo, vers leurs maisons respectives. Je suis en train de vivre en direct un épisode de l'émission "Les chemins de l'école"

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La piste dans la steppe de Crucero

Par ici, pas compliqué de trouver un endroit de Bivouac, du moins en apparence. Car la plupart des ruisseaux sont à sec, et j'ai besoin d'eau. Il me faudra faire 1 km à pied finalement pour trouver de quoi m'approvisionner. Un petit prélude au désert de Bolivie.

Je profite de ma plus belle nuit depuis le début du voyage, ce qui me donne hâte d'arriver dans le désert. Il va me falloir reprendre des repères dans ce ciel austral.

Quelques photos du bivouac :

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Certains me l'ont demandé : voilà ma tente Quechua qui retrouve enfin son pays !

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Cette ambiance des grands espaces est incroyable. J'en rêvais, et m'y voilà.

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Un lever de soleil comme à la mer, avec les quelques montagnes qui flottent comme des îles.

Le lendemain, je repars dans cette même ambiance. On perd rapidement la notion de distance à rouler plusieurs heures dans ce paysage. Rien ne change, mais quel plaisir de rouler dans cette ambiance. Puis, le chemin monte très doucement, je traverse un champ de rochers. Cette fois-ci, le rocher est parfait pour grimper, sculpté à merveille. Mais je ne vaux pas grand chose comparé aux viscaches, qui font des bonds magnifiques à regarder, sur des parois presque verticales .

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Une queue d'écureuil, une tête et des terriers de marmottes, et des oreilles de lapin, les joyeux habitants des rochers andins.

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Encore de la steppe. Alpacas et vaches se melangent ici.

La route monte encore, je traverse un mini cañon et me retrouve sur quelque chose qui ressemble plutôt à un plateau de haute altitude. Le temps passe rapidement au brouillard, l'ambiance change radicalement. Apparemment, mon itinéraire est quelque peu spécial ; on m'indique toute sorte de direction quand je demande ma route. Certains veulent me renvoyer dans la forêt. Finalement, j'arrive à me faire comprendre : "Putina ? Desde aqui, pura bajada !" (D'ici, que de la descente). Voilà qui me regonfle le moral, dans cette météo de plus en plus hostile. 2 heures plus tard, la pluie se transforme en neige, et la route monte encore. Ne jamais croire un Péruvien qui vous dit "Pura bajada". Je traverse une immense mine, d'or probablement, un champ de boue dans la neige et le brouillard. L'ambiance est on ne peut plus glauque, je sais que les gens me regardent comme un extra-terrestre. Que vient faire un touriste ici ? Je décide de rendre la pareille, et de regarder mes quelques spectateurs comme des extraterrestres également. Après tout, il vaut mieux passer 2 heures ici que toutes ses journées. L'idée que des familles, des enfants vivent ici me fait frémir un peu.

Je suis à une quinzaine de km de La Rinconada, une ville nouvelle de 50000 habitants qui vivent à plus de 5000m d'altitude, pour chercher de l'or. Une zone de non-droit à ce qu'on me dit, ce que je suspectais. Même au Tibet, il n'y a que quelques nomades à cette altitude.

ça me fait penser au passage biblique de l'appel de la Sagesse. "Recherchez moi, plutôt que de rechercher l'or ou l'argent". Je n'irai pas leur prêcher aujourd'hui, je me dégonfle, je n'ai pas vraiment envie de dormir par ici. Je ne pense qu'à ce moment où la route descendra enfin, pour me mettre au chaud et m'éloigner du mauvais temps.

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La fin de 3 heures de galère. Je ne pensais pas faire plus de 50km, il y en a 65, je ne pensais pas monter à plus de 4500, je suis à 4700... Ce sera un souvenir, mais pas le plus plaisant !

Je redescends enfin, et en quelques km je m'éloigne de la pluie et du brouillard comme je l'esperais. Je me retrouve dans une charmante vallée, à une altitude plus vivable, avec le soleil qui perce. Demain, je suis au Titicaca.

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Mon bivouac plus au chaud. La couleur bleu-noir de la rivière présume-t-elle de la couleur du Lac ? J'aurai la réponse le lendemain !

 

Commentaires

  • Paupau

    1 Paupau Le 10/12/2016

    M'a tuée, les gars s'est pas cérieu
  • Cyril Treveys

    2 Cyril Treveys Le 03/12/2016

    Coucou Valentin,

    Intéressant de suivre ton périple, tu as vraiment du courage pour faire tous ce que tu fais surtout à une altitude aussi haute... En tous cas c'est magnifique, tu nous fais rêver :-) bonne continuation dans ton voyage !! Et merci pour les nouvelles ;)
  • Val

    3 Val Le 03/12/2016

    *m'a tuer :p
  • Oncle Guy

    4 Oncle Guy Le 03/12/2016

    "La tente Quechua qui a retrouvé son pays" m'a tué!! =D =D =D

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