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Le 17/12/2016
Nuestra senora de La Paz de son nom complet (Notre dame de La Paix, pour ceux qui n'ont pas revisé leur espagnol...), est une ville difficilement imaginable. Il faut la voir pour la croire, et seul un photographe pro pourrait bien décrire l'ambiance qui ressort de cette ville.
J'y suis arrivé après avoir traversé à El Alto, sa ville banlieue sur l'altiplano, une sorte de "favela" à la Bolivienne qui s'étend comme une tache d'encre sur le plateau. Et tout d'un coup, on arrive au bord du plateau, et la steppe laisse place à un immense amphithéâtre fait de maisons de briques et de falaises désertiques. Et tout en haut, comme un gardien du décor, trônent les neiges de l'Ilimani, 6430 m.s.n.m.
Mon arrivée en vélo dans la ville m'a offert une des plus spectaculaires descente urbaine que l'on puisse imaginer, de 4100 au bord de l'altiplano, à 3600 au centre de la ville.
Quelques photos malgré tout
Des montagnes de briques, à presque 360 degrés.
Le fouilli architectural du centre ville. Il faut s'y adapter !
Le Seigneur de la ville
Dans les collines de la ville, les rares mètres carrés de libres sont occupés par des falaises de terre et de conglommérat, formant d'étranges décors géologiques. Toute la partie aval de la ville offre des scénarios assez hors du commun. Par exemple, à la "vallée de la Luna", en photo ci- dessous
Dans cette "abruptation" de la ville, les transports en bus ne sont pas idéaux (et on ne parle pas de la circulation. Non, on n'en parle pas...), et le gouvernement a eu l'idée très bonne d'implanter quelques téléphériques en guise de transports en commun.
La Paz ou La Grave ? Ce qui est sùr, c'est que La Paz, c'est grave !
Les pentes du centre ville sont un immense marché à ciel ouvert, certaines rues sont quasiment entièrement envahies par les stands. Chaque rue a sa spécialité commerciale, défiant toutes les lois de la concurrence. Ainsi, "Calle (rue) Murillo", vous aurez l'occasion de vous faire couper les cheveux par une dizaine de coiffeurs. La place San Francisco est le coeur artistique de la ville. Comiques et clowns de rues, troupes de danseurs hétéroclites animent les soirées.
Impossible également de passer à côté des "Saltenas", beignets aux poulets typiques, et des jus de fruits mixés en direct dans la rue.
Une dernière petite tranche de La Paz : le concert de klaxons. Dans la minute qui vient de s'écouler, on pourrait en compter une petite quarantaine.
En conclusion, La Paz est bien différente de Cusco pour le voyageur qui la visite.
Le 12/12/2016
ça y est, changement d´auteur ! Valentin s´étant perdu dans les cavernes préhistoriques de Cochabamba, je prends le relais. J´aurai donc le plaisir de continuer le voyage à sa place. Trève de plaisanteries, un peu de sérieux voyons. Les alpagas de la province de Oruro se nourrissent exclusivement à base d´herbacées, ce qui ne les empêche pas de rester très humains.
Je suis donc bien arrivé à La Paz. L´atterrissage au bord de l´altiplano fut magnifique (La Paz, avec un réflexe humain certes, mais très bizarre, reste accroché à l´Altiplano). Atterrir à plus de 4000m est une expérience un peu bizarre. Le Huayna Potosi et l´Ilimani du haut de leurs 6000m s´imposent comme gardiens de la ville. Reste plus qu´à aller les voir de plus près.
Tim, qui a rejoint le direct de La Paz
Le 10/12/2016
Un coucou à tous, en France ou ailleurs !
Je suis un peu fatigué pour écrire ce soir, et comme le planning des prochaines semaines s´annonce chargé - la faute à un certain petit frère qui débarque !- je vous laisse simplement un petit reportage photo de ma semaine passée, qui mérite le détour. Au programme : la Savane et la Garrigue Bolivienne, Canyons, Géologie et Paléontologie.
Si d´aventure vous vous perdez à Cochabamba, et que vous atteignez la vallée du Rio Caine, un conseil : traversez la, à pied ou en canoë. Cette vallée mérite bien plus qu´un simple passage en bus. C´est un paradis perdu, difficilement descriptible. Pas de photo sur ce blog, pour conserver un peu de mystère ;-) (Et aussi parce que j´avais plus de batterie lors du retour en bus...)
Le 05/12/2016
Non pas que ce pays soit particulièrement pluvieux, mais j'arrive pendant la saison humide, et le risque des pluies est plus important, un peu comme un mois de Mai en France, avec pluies et orages.
En effet, j'arrive en Bolivie le jour même d'un changement de temps, après, parait-il, une période de sècheresse assez longue. Ici,à La Paz d'où je vous écris, les habitants ont accés à l'eau un jour sur 3. Je me sens comme dans une bulle de verre dans mon auberge de jeunesse, témoin mais non participant de la réalité de la vie dans cette ville. Apparemment, il s'agit surtout d'une mauvaise gestion des stocks d'eau, car c'est une situation inédite pour le pays. Somme toute, je préfère de loin qu'il pleuve pour les habitants d'ici, je profiterai des éclaircies, et mettrai mon K-Way le reste du temps.
Pourtant, les toutes premières minutes avaient commencé sous un ciel limpide, comme vous avez pu le constater sur la dernière photo. Mais rapidement, je bifurque vers l'intérieur des terres, et le ciel devient noir en à peine 3 kilomètres.
Dès le début, j'ai un aperçu des couleurs de la terre dans ce pays
Du blanc, rouge, violet, quelques reflets de vert, me voici en terre de Bolivie.
Après quelques kilomètres, je débarque dans ma première agglomération Bolivienne.
Je me présente au poste de police
"Bonjour, j'ai traversé la frontière dans un lieu paumé, où est ce que je peux obtenir mon tampon d'entrée ?"
Finalement, on me dirige vers le bureau de "Migration" (J'ai toujours rêvé d'être un oiseau). J'arrive à 11h30, le bureau ferme à midi, mais apparemment l'inspecteur n'est pas réglé au bon fuseau horaire. J'attends 14h pour la réouverture, enfin plutôt 15h, car l'inspecteur a sûrement dû régler sa montre entre temps, mais il a un peu trop retardé son heure. On m'explique que je suis sorti du Pérou par un endroit qui n'est pas permis pour un européen ; en effet, le policier péruvien qui m'a contrôlé n'a pas la formation suffisante pour annoter ma date de sortie sur mon passeport, et les Boliviens s'en retrouvent forts dépourvus. On me rédige un sauf conduit, en me sommant de me rendre à la frontière au Sud du lac d'ici 5 jours. Il pleut, je suis un peu fatigué et dans un trou paumé, on me propose de faire une partie du trajet en bus pour 2 euros. Je craque, et shunte 120km sur mon trajet, pour pouvoir régulariser ma situation le plus rapidement.
Le soir au bivouac, premier contact avec la Cordillère Réal
Un des sommets majeurs de la Cordillère Réal, le soir depuis mon bivouac dans une plaine au bord du lac.
Le lendemain, après 3 minibus, un bateau et un taxi, j'atteins la frontière Péruvienne. Je la passe à pied incognito, puis me présente aux douanes péruviennes puis boliviennes, comme si je venais juste de débarquer en Bolivie. Pas vu pas pris. Je passe à Copacabana, une ville logée dans un coin spectaculaire du lac, et très touristique. Je réalise que depuis l'Ausangate, j'ai vu très peu d'occidentaux. 3 cyclistes Brésiliens, 2 motards passés incognito à Macusani, et le père David O'Connors de Macusani toujours. Et c'est tout, pour 3 semaines de voyage.
Je remonte un peu vers le Nord pour profiter en plein des sommets de la Cordillère Réal. J'ai le droit à une éclaircie majestueuse, et en profite pour grimper une petite montagne dans la plaine au coucher de soleil.
Au dessus des montagnes, il y a les nuages. Au dessus des nuages, il y a une montagne. L'Ancohuma. à plus de 6400m, le plus haut sommet qu'il m'ait été donné de voir. Quelques minutes plus tard, je distinguerai au loin l'Illimani, le gardien de La Paz, qui le dépasse d'une dizaine de mètres.
L'altiplano de Bolivie est pas mal également. Du côté d'Achacahi (aille aille aille).
Une seconde vue de l'Ancohuma, qui ressemble vaguement au versant chamoniard du Mont-Blanc, s'élevant doucement, avec une belle bosse glaciaire au sommet. Son jumeau, l'Illampu, réputée difficile d'accès, est dans la perspective. En fait, on le voit sur cette photo, mais il se confond avec le reste de la montagne.
Le lendemain, je compte avancer plus au Sud dans la Cordillère pour atteindre une lagune où bivouaquer. Mais les sommets sont bien bouchés, et le ciel bien noir.
La petite maison dans la prairie Bolivienne. Je me rapproche de La Paz, mon premier terminus.
Au bout de quelques temps, je rejoins deux écoliers qui rentrent à vélo, et qui vont m'accompagner quelques temps. Ils font 3 heures de vélo par jour dans la steppe pour aller et rentrer de l'école. Malheureusement, le chemin que j'emprunte se termine en cul de sac. Demi-tour, je sens que je vais rentrer direct à La Paz, j'ai besoin d'un peu de repos, de confort et de civilisation.
Comme j'ai un peu mal au dos, j'ai demandé à Tim de me rejoindre à La Paz pour venir me faire un massage. Accessoirement, il en profitera pour passer quelques temps avec moi pour parcourir la Bolivie et un peu de Pérou ;-)
Vous aurez l'occasion de le lire sur ce blog !
A bientôt, il va me falloir un jour raconter sur ce site la ville de La Paz, qui ne ressemble vraiment à rien d'autre.
Le 04/12/2016
Après une soixantaine de km enfin plate, j'atteins enfin le bord du lac sur son angle Nord Est, à Huancane. Comme toute bonne chose, il sait se faire désirer, et je ne le découvre qu'au dernier moment.
Après avoir traversé les hautes cordillères, franchi plusieurs cols sous la neige (bon, ok, un col), mon arrivée au Titicaca avait des airs de repos en bord de mer.
La première vue du lac conforte cette impression, le soleil radieux et l'eau bleue intense du lac contraste fort avec l'après midi que j'ai passée la veille, en plein brouillard. Ajouté au fait que ça fait quelques jours que je n'ai pas eu le courage de me doucher dans les rivières froides, et j'ai subitement envie de piquer une tête.
J'arrive sur le lac en douceur, dans une petite baie secrète refermée sur elle même. C'est un dédale d'îles, de presqu'îles, de criques ou de petites plaines côtières.
Ma première vue sur le lac, et sa couleur qui vaut le coup à elle seule.
Les plaines lacustres sont d'abord des pâturages pour les moutons et cochons, puis quelques champs et enfin une zone de joncs, la Totora, qui sert à fabriquer les bateaux typiques du lac. Ici, une femme avec son chargement de Totora.
La route borde le lac, et d'entrée de jeu les paysages sont magnifiques. Après quelques kilomètres, sur les bons conseils de gens d'ici, je quitte la petite route asphaltée pour suivre une piste qui borde le lac. Bien m'en a pris, cela me permet de découvrir une côte montagneuse superbe, de criques en caps. Une grosse pensée à Papy et Mamie en parcourant ces chemins de littoral !
Après quelques kilomètres, je rencontre un jeune lycéen qui rentre de l'école à pied.
"Comment tu vas dormir ce soir ?"
"J'espère trouver un endroit de bivouac, avec ma tente"
"Il faut pas t'arrêter ici, c'est pas un bon endroit"
"Ah bon, pourquoi ?"
"La nuit, il y a les sirènes qui sortent par ici. Je te conseille de continuer un peu plus loin..."
Bon, je ne vais pas dormir par là, mais plutôt pour des raisons topographiques en ce qui me concerne.
Toute la région est habitée, la terre est prise par les champs et les pâturages, alors je dois m'arrêter dans un village pour demander l'hospitalité. Petite pause d'une nuit donc dans un charmant village au fond d'une crique, hébergé chez Mario.
"Il n'y a pas beaucoup de touristes par ici dis donc ?"
"Si si, il y a deux mois un couple de français est passé dans le village, comme toi, en vélo !"
Je profite (et participe, plus ou moins de gré...) à l'entrainement en musique des villageois pour le concours de danses qui aura bientôt lieu dans la région.
Maximiliana, du village de Jacantaya
Le lendemain, je repars avec le même soleil et la même piste magnifique. Je partage la piste avec les lamas, les vaches, les moutons et les cochons. La route n'est que montée sur une crête, et descente dans une crique. Au début, je me dis que j'aurais préféré un peu de plat, et puis en voyant les panoramas qui s'offrent à moi d'en haut, j'en viens à changer d'avis.
Un dédale d'iles, de presqu' iles, de criques ou de plaines côtières
La Bici fait sa pause panoramique
Deux vues depuis un petit sommet à côté de la piste. Le paysage vire au sublime par ici, et le lac dévoile petit à petit son immensité.
La baie de Moho, où je vais retrouver la route après ce petit détour sur piste. A partir d'ici, la route se déroule au bord du lac, en suivant une corniche qui aurait sa place dans les classements des plus belles routes.
La corniche du Titicaca depuis la route.
Je m'arrête à Conima pour un jour de repos et de rando dans la région. La région est on ne peut plus authentique, il n'y a aucun touriste et facilités touristiques ici. Je tente d'accéder à internet par trois fois. La première, coupure de courant. La seconde, les machines sont prises par les collégiens accros eux aussi aux "Videojuegos". La troisième fois "Ah mais en fait Internet ne marche pas en ce moment, on peut seulement faire des jeux vidéos..." Toi, tu vas réussir à me mettre de bonne humeur, c'est pas comme si mon campement est à 20 minutes à pied du village...
Les négociants n'ont pas le même sens du commerce qu'en France par ici. Trois bananes pour 1 Sol, cinq pour 2 Soles. Il ne me faut pas longtemps pour trouver la parade, je vais acheter mes trois bananes dans un magasins, puis les trois suivantes dans un autre !
En arrivant au lac, sans m'en rendre compte, j'ai traversé une frontière linguistique. Les gens ne parlent plus le Quechua, mais l'Aymara, que je ne comprends pas mieux pour autant. On consomme la Coca en permanence par ici, les anciens ont leurs petits sachets de feuilles séchées, qu'ils descendent bouchée après bouchée. Une femme m'explique, alors que je suis en short et Tee-Shirt, que ça lui permet de mieux supporter le froid.
Coucher de soleil depuis mon bivouac à la plage. A l'horizon, les grandes îes du nord, Taquile et Amantani.
Le lendemain, jour de repos, j'en profite pour aller explorer une presqu' île à côté de mon campement. Ici, la plage de mon bivouac au matin.
Les forêts d'Eucalyptus qui bordent le lac. Une pensée à Mam, et ses huiles essentielles !
Au gré de mes pérégrinations, je trouve bon gré mal gré une falaise de grès, graal des grimpeurs (Grenoblois ? Bon, je m'arrête là...). L'occasion d'une petite escalade en traversée au bord du lac.
Des algues bien vertes qui couvrent les rochers en bord de lac. Comment est l'eau ? Bien fraîche, mais baignable en cette saison du moins. Autour de 12 degrés je dirais. Et voilà mon record d'altitude de baignade repoussé de 1200m...
Le lendemain, je reprends mon vélo, avec la Bolivie en ligne de mire. la frontière est toute proche.
Je profite encore d'une route pas si moche...
Mes derniers kilomètres au Pérou ne sont pas les plus désagréables.ô
Et puis, je passe un petit village et un contrôle de police. Quelques kilomètres plus loin, je passe quelque chose qui ne ressemble pas vraiment à une frontière, sinon à un point de vue panoramique.
La "frontière". Qui veut faire douanier ici ?
J'y suis !!
Mon premier paysage Bolivien. A quoi ressembleront les suivants ? La suite dans le prochain article !
Le 03/12/2016
Je suis dans une salle de PC plutôt du genre panoramique à La Paz, et j'ai les yeux attirés par un spectacle que vous aurez bientôt en photo, mais je vais me projeter quelques jours en arrière pendant ces quelques comptes-rendus de retard.
Pédaler le Mont-Blanc
Après quatre jours super de congés à Macusani, qui furent une sorte d'expérience culinaire en continu -heureusement qu'il y avait les nuits pour digérer- c'est de mes amis que je prends finalement congé à regret, tôt le Mardi matin.
Les premières dizaines de kilomètres sont l'occasion de mettre un point final à une montée que j'ai entamée 11 jours plus tôt, alors en plein milieu de la forêt équatoriale. Je passe "L'abra Oquepuño", à 4873m, et laisse définitivement derrière moi ce petit coin de steppe si charmant.
Fin du confort
Seulement voilà, je décide de ne pas faire simple alors que je peux faire compliqué. Plutôt que de suivre la belle route Interocéanica jusqu'à son terminus au bord du Lac, je tourne subitement à ma gauche pour prendre un itinéraire plus direct mais moins fréquenté.
Pour moi, ça change du tout au tout. Fini le confort de cette belle route Brasilo-Péruvienne, je me retrouve d'un coup sec sur un chemin caillouteux et ondulé. ça fait bizarre au début, je me demande combien de temps je vais tenir. Et puis finalement, on s'y habitue.
Le paysage commence à sélargir et s'aplatir petit à petit, et je finis par rentrer dans une large steppe d'herbe jaune, bordée par quelques cordillères à gauche, et de petites collines à droite. Le paysage est fabuleux, immense, le ciel qui semble épouser la terre. Arriver dans un village, assez désert, par une piste en terre en plein milieu de la steppe est une sensation vraiment particulière. Dans 3 mois, ce sera une route asphaltée par ici : était-ce meilleur ou pire de traverser cette région maintenant ? La question est ouverte.
Dans la plaine, je croise des écoliers qui sortent d'une école construite en plein milieu de nulle part. Ils se dispersent en tous sens, à pied ou en vélo, vers leurs maisons respectives. Je suis en train de vivre en direct un épisode de l'émission "Les chemins de l'école"
La piste dans la steppe de Crucero
Par ici, pas compliqué de trouver un endroit de Bivouac, du moins en apparence. Car la plupart des ruisseaux sont à sec, et j'ai besoin d'eau. Il me faudra faire 1 km à pied finalement pour trouver de quoi m'approvisionner. Un petit prélude au désert de Bolivie.
Je profite de ma plus belle nuit depuis le début du voyage, ce qui me donne hâte d'arriver dans le désert. Il va me falloir reprendre des repères dans ce ciel austral.
Quelques photos du bivouac :
Certains me l'ont demandé : voilà ma tente Quechua qui retrouve enfin son pays !
Cette ambiance des grands espaces est incroyable. J'en rêvais, et m'y voilà.
Un lever de soleil comme à la mer, avec les quelques montagnes qui flottent comme des îles.
Le lendemain, je repars dans cette même ambiance. On perd rapidement la notion de distance à rouler plusieurs heures dans ce paysage. Rien ne change, mais quel plaisir de rouler dans cette ambiance. Puis, le chemin monte très doucement, je traverse un champ de rochers. Cette fois-ci, le rocher est parfait pour grimper, sculpté à merveille. Mais je ne vaux pas grand chose comparé aux viscaches, qui font des bonds magnifiques à regarder, sur des parois presque verticales .
Une queue d'écureuil, une tête et des terriers de marmottes, et des oreilles de lapin, les joyeux habitants des rochers andins.
Encore de la steppe. Alpacas et vaches se melangent ici.
La route monte encore, je traverse un mini cañon et me retrouve sur quelque chose qui ressemble plutôt à un plateau de haute altitude. Le temps passe rapidement au brouillard, l'ambiance change radicalement. Apparemment, mon itinéraire est quelque peu spécial ; on m'indique toute sorte de direction quand je demande ma route. Certains veulent me renvoyer dans la forêt. Finalement, j'arrive à me faire comprendre : "Putina ? Desde aqui, pura bajada !" (D'ici, que de la descente). Voilà qui me regonfle le moral, dans cette météo de plus en plus hostile. 2 heures plus tard, la pluie se transforme en neige, et la route monte encore. Ne jamais croire un Péruvien qui vous dit "Pura bajada". Je traverse une immense mine, d'or probablement, un champ de boue dans la neige et le brouillard. L'ambiance est on ne peut plus glauque, je sais que les gens me regardent comme un extra-terrestre. Que vient faire un touriste ici ? Je décide de rendre la pareille, et de regarder mes quelques spectateurs comme des extraterrestres également. Après tout, il vaut mieux passer 2 heures ici que toutes ses journées. L'idée que des familles, des enfants vivent ici me fait frémir un peu.
Je suis à une quinzaine de km de La Rinconada, une ville nouvelle de 50000 habitants qui vivent à plus de 5000m d'altitude, pour chercher de l'or. Une zone de non-droit à ce qu'on me dit, ce que je suspectais. Même au Tibet, il n'y a que quelques nomades à cette altitude.
ça me fait penser au passage biblique de l'appel de la Sagesse. "Recherchez moi, plutôt que de rechercher l'or ou l'argent". Je n'irai pas leur prêcher aujourd'hui, je me dégonfle, je n'ai pas vraiment envie de dormir par ici. Je ne pense qu'à ce moment où la route descendra enfin, pour me mettre au chaud et m'éloigner du mauvais temps.
La fin de 3 heures de galère. Je ne pensais pas faire plus de 50km, il y en a 65, je ne pensais pas monter à plus de 4500, je suis à 4700... Ce sera un souvenir, mais pas le plus plaisant !
Je redescends enfin, et en quelques km je m'éloigne de la pluie et du brouillard comme je l'esperais. Je me retrouve dans une charmante vallée, à une altitude plus vivable, avec le soleil qui perce. Demain, je suis au Titicaca.
Mon bivouac plus au chaud. La couleur bleu-noir de la rivière présume-t-elle de la couleur du Lac ? J'aurai la réponse le lendemain !
Le 28/11/2016
Voilà voilà, je suis de retour à la civilisation, et de plus je peux enfin télécharger des photos, qui sont une partie intégrante du récit n'est-ce pas ?
Au programme :
-Aujourd'hui, complément en photo et anecdotes de mes journées à Macusani, dans le billet précédent.
-Demain, "La route vers le lac"
-Dimanche, à ne pas manquer :-), le lac et l'arrivée en Bolivie !
Valentin, en direct de La Paz
Cañons, Condors, Cordilleres et Cuisine en Carabaya
Le 20/11/2016
Un coucou pour un petit article... Pas de photos pour le moment (sur demande de Jules...), elles viendront plus tard...
Merci pour vos commentaires qui me font super plaisir à lire quand j'arrive dans un "Locutorio" pour Internet. Certains me font bien rire, les auteurs se reconnaîtront.
Cañons et Condors
Après Ollachea, où je suis malheureusement passé à côté d'une piscine thermale dans un cadre grandiose (le GPS peinait à capter les satellites, c'est dire la dimension des montagnes...), je suis rentré dans un Cañon assez spectaculaire, et ce sont des paysages variés qui se sont déroulés sous mes yeux tout au long de ma montée, assez fatigante, vers Macusani sur l'Altiplano. C'est d'autant plus spectaculaire que ce sont des paysages que je découvre absolument. Quelques Condors tournent assez haut dans le ciel pour compléter le décor ; c'est la seconde fois que j'en aperçois (après mon trek à l'Ausangate). Un petit bivouac quelques kilomètres avant de sortir du cañon, dans un monde de blocs rocheux aux formes très variées ; ça a l'air super pour l'escalade, mais le rocher n'est pas de bonne qualité.
Le lendemain, j'espère faire un détour à Corani, un village réputé pour sa "Forêt de pierre", un champ de blocs rocheux planté dans la prairie. Je me ravise rapidement en voyant la descente au fond d'un cañon et la remontée qui m'attend ensuite. Ce sera pour la prochaine fois. Ce n'est pas plus mal finalement, on m'a dit par la suite qu'il y a des pumas par là-bas...
Un chemin comme un autre au Pérou ! Celui-ci conduit à la piscine thermale d'Ollachea, mais malheureusement il était fermé, sinon vous auriez eu des photos de plus près...
Le cañon en montant à Macusani. Il y a quelques heures, j'étais au bord du torrent.
Les vaches aussi savent brouter aux endroits intéressants. En plus, elles ressemblent aux françaises (je veux dire les vaches françaises, pas les "Françaises"... enfin bref)
Jeu de soleil et nuages en arrivant sur l'altiplano
Petite séance de bloc au bivouac. Le plus dur a été d'arriver au sommet pendant les 10 secondes du retardateur !
En se rapprochant de Macusani, les falaises perdent de la hauteur, la vallée devient à fond plat, annonçant la proximité des glaciers. Mais les paysages n'en restent pas moins sublimes. Il y a une cinquantaine de kilomètres, c'était la jungle. Déboussolant.
Cordillères
Petite pause peu avant Macusani, pour aller explorer un massif plutôt méconnu des occidentaux, la secrète cordillère de Carabaya, dans la province du même nom. Le sommet emblématique du coin est l'Allin Qhapaq (Prononcez Aille Ine Kaparr, si vous voulez faire Quechua). Ce sommet est une sorte d'immense rectangle noir et blanc posé en plein milieu de la prairie. Une barre rocheuse verticale d'environ 1 km de large, surmontée d'une énorme corniche. Vu de loin, il est très esthétique, dominant les plaines ; vu de près, il a une forme assez lourde et peu élancée, on préfère regarder de l'autre côté, où le paysage s'ouvre sur une large plaine, avec au loin les derniers glaciers de la Cordillère de Vilcanota ; ça c'est pour son versant Sud-Ouest.
Le versant Sud-Est, que j'irai explorer, est bien différent : absolument secret, on ne le voit pas du lointain. Vous ne trouverez sûrement pas ou très peu de photos sur Internet. Et pourtant, c'est lui qui offre le paysage le plus spectaculaire. Une mise en bouche avant le Granit de Patagonie. Je visiterai les deux versants, marchant sur les sentes de bergers et d'alpagas, et passant par un col au plus près des montagnes, sûrement au-dessus de 5100m. L'occasion de monter sur un petit sommet, mon premier "véritable" 5000.
Les gardiens des troupeaux d'alpagas, souvent des femmes âgées d'ailleurs, passent la journée dans la solitude immense de ces vallons d'altitude, avec leur chien et leurs bêtes pour toute compagnie.
La lagune de mon deuxième bivouac après la jungle, "à l'atardecer". Camp de base pour l'exploration de la cordillère de Carabaya.
Départ vers les sommets, dans la grande sauvagerie du Pérou méconnu.
Et soudain, arrivant au sommet d'une butte... Le versant Nord-Est du groupe de l'Allin Qhapaq. Le sommet principal est tout à gauche, sa corniche se distingue dans la perspective. Avis aux ouvreurs de voie. Il y a une lagune idéale pour bivouaquer au pied des parois,à bon entendeur...
Comment la Pizza arriva à Macusani
Ensuite, je prends le week-end de repos dans la petite ville de Macusani, chef lieu de la province de Carabaya. C'est une ville plantée dans la steppe, à 4400 m d'altitude. Ici, je suis complètement à l'écart des circuits touristiques, et certains visages ressemblent à ceux d'Asie centrale. D'ailleurs, les gens d'ici le reconnaissent : "Tu trouves pas qu'on se croirait en Chine ?". En Mongolie ou en Sibérie plutôt, mais oui c'est assez surprenant. Après le film un "Indien dans la ville", je suis en train de vivre "Un Français dans la steppe".
Macusani, ville dans la steppe
L'Allin Qhapaq, au-dessus des toits de Macusani
Comme dirait Otis dans "Asterix chez Cléopâtre", "c'est assez curieux de se dire que le hasard des rencontres forge une destinée", ou du moins un voyage. Il y a des personnes très accueillantes ici, et de "hasard en hasard", je vais passer le week-end avec Ronald et Karin.
A Macusani, il n'y a pas de pizzeria, mais cela n'empêche pas les gens d'en raffoler, au désespoir des cuisinières qui aimeraient bien percer le secret de sa recette.
Mais comment la pizza arriva à Macusani ?
"Quelle nourriture est traditionnelle en France ?"
"Euh... le fromage, on aime bien en manger chaque jour"
"Le Fromage ?? Vous mangez des pizzas ?"
"Ouais, disons qu'on aime bien..."
Quelque temps plus tard au retour d'une promenade pour aller récupérer mes bâtons oubliés la veille au bivouac :
"Valentin (Prononcez Baleine Tine), on mange une pizza à midi ?"
"Super, je rêvais d'en manger une!"
"On fait la liste de course ?"
"Euh, tu veux dire que..."
"Oui, tu vas m'apprendre !"
"Tu permets, je vais aller voir un truc sur Internet"
Et c'est ainsi que ma première Pizza fut également la première de Macusani.
La fameuse ! Pas de jambon ? On prendra des saucisses ! La pâte fut roulée avec une bouteille de bière "Cusqueña" faute de rouleau pâtissier. Le tout, sous un orage de grêle et de neige mêlées. Trois Péruviennes ont complété l'équipe au fur et à mesure que la rumeur se répandait. En fin de compte, elle n'est pas si ratée !
Un dimanche à la campagne, chez la maman de Karin. Attelage du lama, bain de la vigogne, apprentissage (laborieux) de la danse guerrière Quechua d'ici et cuisine de Macusani, qui m'aura réconcilié un peu avec la viande d'alpaca. Le Pérou à 110% !
Les trois quart des camelidés d'Amérique du Sud. De gauche à droite, Señorita l'Alpaca, Chachi le lama, Andrea la vigogne, Karin, Sanio mon ami et moi. Il ne manque que le Guanaco à l'appel, que je devrai rencontrer plus au Sud, comme certains l'ont deviné !
Le bain de la vigogne, qui aime plutôt ça. La vigogne, c'est un animal sauvage, celle-ci a été capturée à la naissance. Mais elle reste sauvage, et ça fait un peu mal au coeur de la voir tirer sur sa corde, à la façon d'une certaine chèvre provençale. Les lamas, je ne sais pas encore, mais les vigognes crachent, et savent plutôt bien viser la tête, croyez moi...
Finalement, je n'arrive pas à me décider à quitter mes amis péruviens, et je prends un jour de repos en plus à Macusani. L'occasion d'un petit tour dans la campagne au Nord.
Au Nord de Macusani, en allant vers la cordillère de Vilcanota, la steppe se couvre petit à petit de petites falaises et de forêts de blocs rocheux.
En 4x4 dans la steppe, le ChiChi Quapaq en arrière plan.
Les photos arrivent bientôt (dans ce Locutorio ce n'est pas possible). Rendez-vous au lac Titicaca, moi je mets le cap vers la Bolivie!