Créer un site internet

Articles de valentin-lebrat

11 mois déjà...

Par Le 28/09/2017

Non, il ne s'agit pas d'une nouvelle directe à la Dibona...

Il y a que les 1 an de ma rencontre avec les Andes approchent à grands pas, et il y a des anniversaires qui se fêtent comme il se doit. (Que l'Alpe me le pardonne, j'ai bien vite oublié mon amour de jeunesse en connaissant sa grande sœur... Mais maintenant que je suis rentré vers elle, je vois bien que son charme ne souffre pas de la comparaison !)

Alors, pour l'occasion, je publie un billet que j'ai commencé à rédiger sous les tropiques, en Décembre dernier, dans un recoin obscur de la gare centrale de Cochabamba.

Pourquoi voyager ?

Il y a d'abord ceux qui esquivent, en faisant subtilement comprendre à leur interrogateur qu'il ne poserait pas la question s'il était en mesure de comprendre la réponse.

Ainsi, Georges Mallory qui s'attaque au mont Everest "parce qu'il est là". S'il n’était pas là, je ne pourrais le grimper, aurait dit La Palisse s'il avait connu l'Himalaya.

Cet absurde que Mallory se contente de suggérer à l’interlocuteur, Lionel Terray le revendiquera, en s'autoproclamant "conquérant de l'inutile". Pourquoi monter, s'il faut redescendre ; pourquoi partir s'il me faut rentrer un jour ? Pourquoi prendre la route en vélo quand je peux la faire en moto ? Face aux questionnements qu'on lui adresse, le voyageur est tenté de se prendre au jeu de Mallory.

Certains pourtant ont le courage de répondre, ou tout au moins de tenter une réponse. Ça faisait quelques temps que je voulais traduire le poème de Kipling, "L'Explorateur", alors voici quelques extraits choisis :

"Il n'y a pas de sens à aller plus loin - c'est le rebord de la civilisation"

Ainsi ils parlaient, et je les ai crus - travaillant ma terre et semant ma culture

Construisant ma ferme et montant mes clôtures dans ce petit village frontière

Installé au pied des collines, là où les chemins rétrécissent et disparaissent.

 

Jusqu’à ce qu'une voix, aussi profonde que la Conscience, raisonna interminablement

D'un seul Soupir sans fin répétant jour et nuit :

"Quelque chose est caché. Va et trouve le. Va et regarde derrière les montagnes

Quelque chose est perdu derrière les montagnes. Perdu, et qui n'attend que toi. Va !"

 

Alors, à cours de patience, je suis parti, sans dire un mot a mes plus proches voisins

M´échappant avec bagages et affaires - les laissant boire dans la ville

Et la foi qui déplace les montagnes ne semblait pas aider mes labeurs

Alors que j´affrontais l´abrupte chaîne de montagne - tantôt courant vers le haut, tantôt mettant le cap en bas

 

Pas après pas, j´y ai frayé mon chemin, tournant mes hanches et mes épaules

Me dépêchant dans l´espoir de rencontrer l´eau, rebroussant chemin par manque d´herbe

Jusqu´à ce que je campe au dessus de la limite des arbres - neige glissante et crêtes nues

Senti l´air froid sous le vent - je savais que j´aurais peiné vers ce col

 

Pour l'avoir trouvé, j´ai pensé à nommer le col, mais cette nuit ce fut le vent du Nord qui me trouva

Gelant et tuant tout sur son passage - alors j´appelai le camp "Désespoir"

A ce moment, mon soupir s´éveilla pour me harceler :

"Quelque chose de perdu derrière les montagnes. Plus loin encore ! Vas-y !"

 

Alors j'ai su au moment ou je doutais - j'ai su que Sa Main était certaine au-dessus de moi

A ce moment encore - des dizaines d´hommes plus forts que moi ont échoué -

J´aurais pu retourner au village sain et sauf...

Mais je ne l´ai pas fait... Je ne l´ai pas fait. Je suis descendu de l´autre côté.

Jusque là où la neige disparaît dans les fleurs, et les fleurs se changent en Aloès

Puis je me retrouvai de nouveau dans un désert - une terre foudroyée et un ciel foudroyant.

 

Je me souviens avoir allumé des feux; je me souviens m'être assis autour d'eux

Je me souviens d'être devenu fou - et je le savais

"Ce désert est vraiment plein de rêves", mais mes deux jambes me l'ont fait traverser

 

Quelle gloire en ai-je retiré ? Ai-je nommé une seule rivière, ai-je prétendu à un seul mètre carré ?

Ai-je emporté un seul trésor ?

Non, je ne l'ai pas fait. Mais, par Celui qui m'a fait, j'ai reçu un salaire dix fois plus grand.

Saül est venu chercher des ânes, et par Dieu il trouva un royaume.

Oui, votre "Pays impossible", d'accord, votre "rebord de la civilisation"

Et "pas de sens à aller plus loin" - jusqu'à ce que je traverse la chaîne de montagnes pour aller voir de l'autre côté.
 
La conclusion, c'est Gaston Rebuffat qui la donne, dans un langage plus explicite que Kipling, mais pas moins poétique :
"Dans un monde où tout est de plus en plus programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un luxe exceptionnel".

À leur façon, les Andes m'ont offert ce luxe, et je l'ai apprécié dans toute sa valeur. Comme disait Ronald, "Aller au lac par le chemin de la Rinconada, c'est la dernière folie de notre ami Valentin", et je lisais dans son sourire qu'il était bien heureux de rencontrer encore ce genre de "fou", et que, s'il le pouvait, il m'aurait accompagné, lui qui a traversé le plus grand glacier du Pérou "pour se promener".

Merveilles au bout du monde

Par Le 16/04/2017

Et si, arrivé au bout du monde, l'aventure ne faisait que commencer?

Sur le quai Tres Puentes de Punta Arenas, j'embarque à bord du Yaghan. Il est 5 heures du soir, très loin sur l'horizon émerge un groupe de montagnes de glace qui paraissent des icebergs flottant dans les eaux du détroit. Nous dépassons de nuit le cap Froward avant de quitter le détroit pour le canal Magdalena. A minuit, éclairé par un puissant clair de lune, nous passons au pied du mont Sarmiento, sentinelle isolée et inaccessible de ces eaux Magellaniques. Une forte houle me réveille à 6h du matin, je sors sur le pont pour regarder le spectacle. Vers l'Ouest, l'horizon s'ouvre sur le grand large ; nous voilà au bord de l'océan pacifique. Je pense à Magellan et ses marins, s'avançant dans cet océan encore inconnu. Le ciel est plus étoilé que jamais avec la lune qui s'est couchée, le lever de soleil va être beau.

P1120858

A bord du Yaghan, en passant le Paso Aguire

P1120884

Isla London

P1120888

Isla London

P1120904

Monte Sarmiento versant Ouest

P1120936

Canal Ballenero

P1120948Canal Ballenero, Isla Stewart

P1120963

Isla Londonderry

P1120979

Pingouins dans le canal O'Brien

P1120985

Monte Darwin (2429m)

P1120990

Cerro Italia (2057m) et Monte Frances (2204m)

P1130006

Baleine au Paso Darwin

P1130028

Monte Darwin

P1130037

Isla Gordon

P1130051

Cerro Italia

P1130059

Glacier Romanche

P1130068Pico Jano et Cerro Stoppani au dessus du Glacier Alemania

P1130071

Pico Jano face Sud

P1130075

Isla Gordon

P1130088

Monte Frances et Glacier Italia

P1130096Glacier Italia, qui se jette dans le Pacifique

P1130100

Glacier Italia et Cerro Italia

P1130133

Forêt Magellanique, Isla Navarino

P1130138

Lago Robalo, Isla Navarino

P1130146

Lago del Salto et Dientes de Navarino

P1130153

Lago del Salto

P1130160

Dientes de Navarino

P1130164

Lago del Paso

P1130184

Lacs sans nom, Isla Navarino

P1130188

Cerro Bettinelli

P1130198

Lago de los Dientes et Dientes de Navarino

P1130204

Lenga

P1130231Diente  de dientes de Navarino 

P1130252

Lac sans nom, Vallée Guerrico, Isla Navarino

P1130255

Vallée Guerrico et Montes Lindenmayer

P1130263

Dientes de Navarino

P1130288

Canal Beagle

P1130293

Vallée Ukika

P1130300

Canal Beagle, vue sur la Terre de Feu et Ushuaia 

P1130310

Cerro Bandera

P1130319

Canal Beagle et vue sur l'île Gable et la Terre de Feu

P1130337

Terre de Feu

P1130342

Terre de Feu vue depuis Puerto Williams

P1130350

Côte Nord de l'île Navarino

P1130364

Bahia Virginia, Isla Navarino

P1130367

Isla Navarino

P1130384

Canal Murrey entre les îles Hoste et Navarino

P1130391

Baie Yendegaia et montagnes de la Terre de Feu

P1130402

Cordillère Darwin, secteur Monte Bove

P1130423

Fjord Parry, Cerro Selkn'am et Monte Shipton à l'arrière plan

P1130429

Pointe Morro et Fjord Parry

P1130433

Cordillère Darwin, secteur Monte Shipton et Darwin

Patagonie épisode 7 : l'oeil n'est jamais rassasié de voir

Par Le 06/04/2017

"À voir de belles choses, on ne finit pas par se lasser en fin de compte? "

La question remonte à San Pedro de Atacama. Je voyageais alors depuis 2 mois et demi, et je répondais que jusqu'ici, pour moi, l'émerveillement durait. Aujourd'hui, avec plus de 5 mois d'itinérance en Amérique du Sud au compteur, je constate que le regard n'est jamais repu de paysages et de vie sauvage. Même si l'excitation du début se transforme en routine. Une routine de vie sauvage, une routine de spectaculaire qui ne ternit pas le plaisir, bien au contraire.Il faudrait plutôt s'inquiéter d'addiction, que de parler de lassitude...

Départ d'El Calafate. Je retrouve rapidement la "Ruta Cuarenta" que j'avais empruntée pour venir. Probablement la plus célèbre des routes d'Amérique Latine, elle traverse sur la longueur l'Argentine le long de la cordillère. 4500km du détroit de Magellan à la frontière bolivienne.

Le vide

Avec un bon vent dans le dos, la route emprunte une longue côte à flanc de pente qui débouche sur un plateau de steppe rase. C'est la "meseta de las viscachas" que je traverserai sur près de 80km. Depuis le rebord de ce plateau, j'ai une vue magnifique sur la plaine du Rio Santa Cruz, le principal fleuve de cette province à qui il donne son nom. Au loin se profile une dernière fois le massif du Fitz Roy. L'ambiance sur le plateau est surréaliste, un paysage plat et nu dans toutes les directions. Seules quelques petites montagnes au loin annoncent la cordillère. Au milieu du plateau, je quitte la route asphaltée pour une longue section sur piste. Il s'agit en fait de l'ancien tracé de la Route 40, qui est plus direct pour ma route et m'évite un long détour. Finalement, apparaît au loin le beau massif des Torres Del Paine, une sorte de forteresse isolée qui émerge de la plaine. Il me faudra encore 3 jours de vélo pour arriver au pied de ces montagnes.

P1120419

La plaine du Rio Santa Cruz depuis le bord de la Meseta de las viscachas

P1120428

L'ambiance sur le plateau

P1120436

Platitude absolue

P1120458

Une autre photo de l'Autruche car la dernière était assez horrible. Avec des flamants roses  en prime.

P1120460

Le coucher de soleil dans la steppe...

P1120462

Le groupe du Paine qui surgit à l'horizon

P1120463

El Gaucho. A lui les espaces sans fin, et la solitude qui va avec.

Le massif du Paine

Après être descendu du plateau, encore 2 jours de vélo pour arriver au pied de ce massif que j'ai en ligne de mire. Je retraverse la frontière chilienne pour rentrer dans la deuxième et dernière région de ce pays, la région de "Magellan et de l'Antarctique Chilien". Rien que ça. Il me faut faire un petit détour et remonter vers le Nord pour aller vers le massif du Paine. Seulement, il n'y a pas de village dans le coin et je roule en autonomie depuis 3 jours déjà. Tant pis, je pars  quand même pour aller voir ces montagnes quitte à me rationner de nourriture. Ca en vaut sûrement la chandelle et en plus, j'ai bientôt fini mon voyage à vélo. Quelques groupes de touristes manifestement impressionnés m'offrent leurs sandwichs ou leurs bières, moyennant quelques séances de photo.

J'arrive finalement au pied des montagnes, qui sont protégées par un parc national plutôt du genre prohibitif. Pas possible de dormir dans le parc si je n'ai pas réservé les campings. Je les avais bien réservés, mais je suis arrivé ici 8 jours avant la date prévue. Et puis zut, je viens ici sans polluer, je ne  vais pas faire demi tour ici, les gardes n'auront qu'à bien me traquer le soir venu. Premier jour, montée à la célèbre laguna Torre, au pied d'un trio de pilliers granitiques des plus spectaculaires. On dirait les trois doigts d'une main démesurée, dont la paume serait enfoncée dans le lac. C'est décidé, je bivouaquerai ici. Les alentours du lac sont un champ de grands blocs de granit, certains sont parfaitement plats et assez grands pour y dormir, d'autres sont posés en équilibre formant un grand couvercle en cas de pluie. Je commence ma nuit sur une belle table à ciel ouvert. Mais rapidement les sommets s'enveloppent d'un voile qui ne me dit rien de bon. Je me réfugie vite sous un de ces couvercles, un grand bloc sous lequel je peux  me glisser et trouver un terrain plat.

Bien m'en a pris, il se met rapidement à pleuvoir. Inutile de préciser que les premières minutes sous mon abri font ressortir un tas de questions insensées...

-Tu crois que le bloc peut se fendre en deux ? Parce que là il doit bien faire 10 tonnes. Divisé par 2, disons 3 s'il ne casse pas en son milieu et que c'est le petit côté qui me tombe dessus, ça ferait 3 tonnes qui m'écraseraient. Dis donc c'est pas mal 3 tonnes non ?

-t'as déjà vu un si gros bloc se fendre ? Et puis c'est du granit, t'inquiète.

-Ouais t'as raison, c'est du granit quand même. Bon aller je m'endors et demain je me réveille sans soucis.

(...)

...euh... tu penses que le bloc peut basculer ? J'ai vérifié, il est seulement sur deux appuis. Là ça serait les 10 tonnes d'un coup !

Ah non ici il y a un petit rocher, il pourrait servir de butée. Si le bloc bascule et vient buter sur ce rocher, je ne serai peut- être pas écrasé!

...Ah mais par contre je n'aurai plus assez d'espace pour sortir. T'imagines? 

Ca ferait comme dans le film du mec qui reste j'sais pas combien d'heures le bras coincé dans un rocher en faisant du canyonning. Il ne pouvait prévenir personne ! Ah mais d'ailleurs moi j'ai ma balise SPOT, je pourrai peut être passer mon bras pour prévenir les secours. Mais comment ils s'y prendraient tu penses les secours ? Ils pourraient ...

-Non mais tu vas dormir oui ou non !!!

-ok, ok, je n'y pense plus. Et si...

 

Je me réveille le lendemain sans encombre, dans le brouillard qui accueille la foule venue assister au lever de soleil depuis le camping un peu plus bas. Moi je redescends et reprends mon vélo pour aller voir les Cornes du Paine, l'un des paysages les plus réputés du massif. Je fais une nouvelle nuit de bivouac dans le parc, cette fois à l'air libre sous un ciel étoilé et sans lune, d'une beauté fascinante. Au milieu de la voie lactée, à l'endroit où elle est le plus intense -c'est à dire au niveau de la base de la croix du Sud- se trouve un immense "trou" sans étoile et sans lumière. Le contraste avec la lumière diffusée de la voie lactée qui l'entoure est saisissant, il semblerait que l'on découvre une nouvelle définition de la couleur noire en plein milieu d'un ciel nocturne.

Le lever de soleil dans le décor où je suis est splendide, entre l'étendue du lac Pehoe, les sommets glaciaires à l'ouest, et les rochers des cornes du Paine juste devant moi. Encore un peu de vélo dans le parc et je continue ma route (exigeante) vers Puerto Natales, la prochaine ville au bord de l'océan. Cette portion de route-qui est une piste depuis mon entrée dans le parc- est très tranquille,  Avec des paysages variés. D'abord un long parcours en balcon au dessus du magnifique lac Toro, puis à travers de petites forêts dans un relief de moyenne montagne, et enfin je retrouve la steppe pour arriver à Puerto Natales. Un peu avant d'arriver, je passe devant une grotte où furent retrouvés les restes d'un mammifère de l'âge de glace, le Milodon, un cousin du paresseux mais en 6 fois plus grand. Il aurait cohabité avec les premiers hommes dans la région avant de s'éteindre.

P1120500

Un campement au bord du lac Sarmiento avant d'arriver dans le parc national du Paine

P1120505

Juste avant d'arriver dans le parc. A gauche, le mont Almirante Nieto, à droite les Torres.

P1120517

En arrivant au lac Torres. Le décor est Ouf.

P1120548

Changement de temps mais ambiance toujours saisissante en soirée.

P1120529

Les blocs autour du lac abritent les plus gros cristaux de quartz que je n'ai jamais vus dans la nature.

P1120562

Le mont Almirante Nieto

P1120570

Trouvez le Guanaco boudeur!

P1120600

Le lac Sarmiento, qui est un bassin endoréique -sans déversoir. Il est par conséquent salé, ce qui permet le développement d'un certain type de micro organismes dont les squelettes se déposent sur les fonds et les rives du lac : de là vient la bande de pierres blanches que l'on observe sur les rives. Une sorte de calcaire en formation en somme.

P1120610

Bivouac en face du lac Pehoe.

P1120655

Et le lever de soleil le lendemain.

P1120660

Monte Paine Grande, point culminant du massif, et probablement le 3000 le plus au Sud de la cordillère des Andes.

P1120677

Le lac Pehoe et la vue vers le champ de glace Sud (encore... mais cette fois c'est vraiment la fin)

P1120680Aller Tim, tu me nommes tous les sommets visibles sur la photo ?

P1120711

P1120714

Le salto Chico sur le rio Paine (Paine veut dire bleu en langage Tehuelche, et en voyant la couleur des rivières, on comprend pourquoi)

P1120724

Le Cerro Balmaceda au Sud-Ouest, visible de très loin avec sa stature isolée.

P1120753

Un dernier campement avant Puerto Natalesen balcon du lac Toro, le plus grand de toute la région. Un couple de petits aigles partageront les lieux avec moi. Et ils savent bien repérer un morceau de pain laissé sans surveillance au petit déjeuner. Mais il ne me reste que ça à manger, alors je ne me laisse pas faire.

P1120769

P1120776

Sur la route vers Puerto Natales

P1120787

Cid, c'est toi ?? Qu'est ce qui t'est arrivé?

On remarquera la nouvelle collection d'automne Crocs, chaussettes, caleçon long, thermolactyl et bonnet péruvien.

Puerto Natales

L'arrivée sur la petite ville de Puerto Natales se fait dans un cadre insolite. Au milieu de la steppe se découvre un bras de l'océan, qui ressemble plutôt à un lac  car des collines arrêtent la vue quand on regarde vers le large. Et derrière ces collines surgissent quelques sommets glaciaires. Puerto Natales se trouve dans ce cadre, au bord du fjord, avec ses maisons de style européen. Geographiquement, on peut dire que c'est un endroit remarquable : jusque là, il fallait traverser la cordillère pour atteindre l'océan pacifique. Désormais, l'océan borde directement la steppe et la cordillère se poursuit plus à l'ouest, sur les îles et les presqu' îles. Une sorte de bateau en train de naufrager, dont les parois s'enfoncent directement dans la mer. Mes 3 jours de repos dans la ville se feront sous un ciel des plus sereins, qui s'accorde bien avec les vues larges et dégagées des alentours. L'automne comme on en rêve.

Au nord, les monts Balmaceda et Paine Grande  toujours visibles viennent étoffer l'horizon.

P1120798

Le tranquille petit port de Puerto Natales au bord du fjord d'Ultima Esperanza. Vue en direction du large (si si je vous le dis)

P1120801

Une ancienne jetée, et le mont Balmaceda dans le prolongement.

P1120815

"Los volantes". A gauche sur l'horizon le mont Balmaceda, à droite le Paine Grande.

Derniers tours de roue

"La fin de cette aventure, et le début des suivantes" disait Aslan à ses amis de Narnia. Les suivantes sont toutes à écrire, et pour l'heure je m'affaire à terminer cette idée qui naquit un jour à force de regarder les atlas. Traverser les Andes, je ne l'ai pas fait. Il m'aurait fallu partir de Caracas, au bord de la mer des Caraïbes, pour connaître tout en long la plus longue des chaînes de montagnes de notre terre. Mais pour une première aventure à vélo, j'aurai mené à bien un joli défi : rallier la capitale des Incas, Cusco, au principal port du détroit de Magellan, Punta Arenas. Bien sûr, la route se terminant, toutes sortes d'idées folles germent dans la tête. Et si ma route accomplie n'était que la première étape d'un parcours autour du monde ? Je traverserais l'Atlantique Sud jusqu' en Afrique australe, pour remonter en Asie,...et pourquoi pas un jour débarquer à Cusco par le Nord ?

Pour l'heure, mieux vaut en rester aux "idées sages", parce qu'il y a un temps pour tout après tout.

240km de plaine m'attendent entre Puerto Natales et Punta Arenas. A moitié la steppe, à moitié une forêt clairsemée d'arbres battus et déformés par le vent -qui ne souffle pas trop en cette saison. Un mix de météo pour profiter de toutes les ambiances possibles, et me voilà déjà au bord du détroit. Au loin se dessine la petite métropole de Punta Arenas, qui vit passer tant de bateaux navigant par les océans.

Pour ma part, un peu plus d'un mois et me voilà de retour en France. Heureux qui comme Ulysse ?

Valentin, pour TintinEnamerique, bonsoir. J'espère que chacun a profité du voyage !

Et un grand merci à l'équipe de correction!

P1120819

Matinée de brouillard dans une région avec beaucoup d'élevage.

P1120820

Ca sent la fin du monde, la fin du voyage.

P1120821Morro Chico, un plateau rocheux planté en plein milieu de la plaine et visible depuis très loin.

P1120829

Une dernière steppe.

Patagonie, épisode 6 : À mon bon souvenir, et à mes futurs voyages

Par Le 23/03/2017

La steppe. Un mot aux connotations asiatiques, qui nous fait penser à une ribambelle de pays qu'on ne saurait placer sur une carte. Mongolie, Kazakhstan, et tout autre pays-en-stan dont on se demande s'il existe vraiment.

Une cinquantaine de kilomètres autour du village de Crucero, au Pérou, furent une révélation pour moi. Quel pied de rouler dans ces étendues libres de toute perturbation oculaire...

La forêt amazonienne fut une étape mémorable, tout comme le désert de Bolivie. Le lac Titicaca et les fjords de Patagonie m'offrirent des paysages absolument superbes. Mais la steppe restait dans ma tête une partie à part, une nostalgie d'une journée de vélo qui fut trop courte à mon goût. Qu'à cela ne tienne, à peine le village d'El Chalten laissé derrière moi, me voici en plein milieu de la Patagonie sèche. C'est parti pour 220 km jusqu'à la prochaine agglomération; cette fois ci j'aurai le temps de profiter. Direction El Calafate donc, en longeant premièrement le lac Viedma sur sa longueur, puis le rio Leona qui se jette enfin dans le lac Argentino au bord duquel se trouve El Calafate  (du nom d'un arbuste similaire à l'airelle).

Pourquoi ces paysages me fascinent-t-ils à ce point ? Sont-ce ces inlassables successions de sèches steppes sans fin ? Ou la vacuité quasi-sidérale d'un décor sans nulle sophistication?

Comme disait un sage mongol : "mi-han dumol sikot, mart him Khan dol". Ca ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c'est dans le ton.

Je rajoute à ce petit compte - rendu ma dernière rando dans le secteur du Fitz-Roy, ainsi qu'une journée fantastique en face des seracs du glacier Perito Moreno.

P1120197

Couleurs d'automne dans les forêts de Nothofagus, entre cordillère et steppe. Au fond, les lagunes Hija et Madre.

P1120234

Lagune de los Tres.

P1120237

Et, le jour de la photo, on n'avait pas encore passé l'équinoxe d'automne! Tant mieux pour mes yeux.

P1120247

Laguna Capri

P1120252

Les méandres du Rio de las Vueltas

P1120285

Paysages oniriques, pour moi du moins. On m'avait demandé, alors à El Chalten, si je ne trouverais pas ces paysages ennuyeux. "Ca peut paraître répétitif, mais je trouve qu'il y a un je ne sais quoi de vraiment fantastique à rouler des heures dans ces étendues".

P1120272

P1120305

P1120282

Autruches, renards, Guanacos. La faune de la steppe.

P1120295

Au bout du lac Viedma, les sommets de la cordillère sont encore très nets, à plus de 80km à vol d'oiseau.

P1120317

Le rio la Leona, à côté du café-hôtel La Leona, où se cacha Butch Cassidy -un célèbre bandit américain des années 1900- après qu'il eût cambriolé une banque à Rio Gallegos.

P1120329

P1120335

Le ciel pour plafond, la steppe pour matelas.

Retour temporaire vers la cordillère, pour une journée de tourisme Au glacier Perito Moreno (du nom d'un des plus célèbres explorateurs de Patagonie, au même titre que le père Alberto De Agostini). Ce glacier est toujours rattaché au champ de glace Sud, et s'écoule dans le lac Argentino, dont il vient presque entraver le cours. De la rive opposée, on a une vue de premier choix sur cette longue muraille de Séracs, haute de 70m en son point culminant. Le velage du glacier, c'est à dire le détachement de blocs de glace qui viennent tomber dans le lac pour former des icebergs, est un spectacle spectaculaire - comme aurait dit Lapalisse s'il était encore en vie.

P1120342

P1120365

P1120400

P1120403

"El beso de hielo"

P1120405

Demain, retour dans ma steppe pour un nouveau voyage de plusieurs jours. Les étendues de Patagonie suffiront-elles à me rassasier d'immensité? Sinon, il me faudra un jour ou l'autre trouver un terrain de jeu de plus grande ampleur...

Amitiés du Sud !

Patagonie, épisode 5 : L'irréel

Par Le 17/03/2017

El Chalten... Un nom qui résonne comme un El Dorado de la montagne, un petit coin aussi perdu que réputé à l'autre  bout du monde. Il me fallait voir de mes yeux ce recoin des Andes, et ça tombe bien car il se situe exactement sur ma route vers le bout du monde. Après la traversée rocambolesque de la frontière Argentine et la navigation sur le lago del desierto, une matinée de vélo sous la pluie me mène au village. Les montagnes resteront ennuagées les deux jours suivants, histoire de préparer les excursions à venir en rêvant à quoi peuvent bien ressembler ces paysages. Samedi matin, en sortant la tête de la tente, je découvre un ciel complètement dégagé. Ni une ni deux me voilà bâtons en main et chaussures aux pieds, tant pis pour  mes vivres qui sont séquestrés dans la cuisine du camping jusqu'à 8h.

P1110897

Le village d'El Chalten dans une petite vallée avant la steppe

Première excursion : la classique
Direction la laguna torre, au pied du verticalissime Cerro Torre. De loin, la montagne paraît assez petite, comme un appendice qui vient terminer une longue muraille glacière. Plus on se rapproche, plus elle s'individualise et révèle sa silhouette insolente. Un immense surplomb plaqué de neige sur la face Sud isole la partie terminale de la paroi, qui paraît suspendue en porte à faux dans le vide environnant. Pour ajouter au décor, un Condor se permet un petit tour dans le ciel. En revenant, je fais un crochet par deux petits lacs pour me retrouver au pied du Fitz Roy, le géant du coin. Dominant de 3000m la vallée vers l'Est, il s'avance dans le paysage comme un bastion qui donnerait accès à une autre planète. Sous cet angle là; sa forme en "pain de sucre" est particulièrement spectaculaire. Les autres sommets qui orbitent autour de lui, et qui paraissent habituellement sur les photos comme des épaules du Fitz, ne sont pas moins impressionnantes, entre autres l'aiguille Poincenot et sa fine paroi de bien 1000m de hauteur. Retour à El Chalten dans une ambiance de plus en plus steppique complètement déboussolante après ce monde de glaciers et d'aiguilles rocheuses. Tout cela semble être le décor d'une autre planète.

P1110715

Départ du village, le Fitz Roy dans son habit matinal

P1110725

Le Cerro Solo qui domine le village

P1110740

Et le Cerro Torre

P1110746

Les Cerro Nato et Adela qui accolent le Torre

P1110767

Silhouette mythique...

P1110794

Le décor près de la laguna torre dans son ensemble

P1110839

Laguna Hija

P1110847

Le Roi du massif et ses valets, surplombant la laguna madre

P1110869

Le troisième et dernier 3000 du massif, l'aiguille Poincenot

P1110871

P1110887

En redescendant au village, au dessus de la vallée de las vueltas. Sècheresse de fin d'été ou coup d'envoi de l'automne? 

Seconde excursion : au pied du géant
Lundi, début d'une période de beau temps qui tombe à pic pour moi. Direction le Nord du massif, et le refuge de la Piedra del Fraile, point de départ des grimpeurs pour le Fitz. Les sentiers sont bien moins fréquentés par ici, je serai presque seul sur la journée. Un gros raidillon me propulse dans un vallon de haute montagne que domine la paroi Nord du Fitz et de l'aiguille Mermoz. Vers l'Ouest se dessine le Paso Marconi, à la frontière chilienne, qui donne accès au champ de glace Sud. J'accède  à un col d'altitude qui me rappelle quelques belles randonnées dans les Ecrins. De là, j'ai accès au paysage spectaculaire du cirque glaciaire au Nord Ouest du Fitz.A La base de la paroi sommitale, de larges dalles de granite glacées, se situent quelques centaines de mètres sous mes pieds. Au fond du cirque trône la face Nord du Torre, point de départ d'une longue série de flèches rocheuses invisibles depuis les points de vue habituels. Au centre notamment, la très esthétique aiguille Pollone, et puis un peu plus loin, la dent du Gran Gendarme qui vient couronner une face glaciaire démesurée.

P1110910

Départ au matin vers le Paso Del Cuadrado. L'avantage avec la fin de l'été, c'est que le soleil se lève enfin à une heure raisonnable !

P1110918

Face Nord Ouest du Fitz, très effilée, en mode pain de sucre

P1110930

La face Nord du Fitz, à gauche l'aiguille Mermoz et son bec d'aigle

P1110965

Un petit lac en montant au col.

P1110979

Le glacier Fitz Roy Norte, la face Nord du Torre et le groupe Pier-Giorgio\Pollone

P1120005

L'aiguille Pollone

P1120024

Le rio de las vueltas

Troisième excursion : introduction à l'Antarctique
C'est parti pour une rando de deux jours, pas comme les autres.
Elle commence dans les brumes d'une nuit blanche, à 3h du matin, en compagnie d'un argentin et un italien motivés pour atteindre un sommet à 1500m d'altitude pour le lever du soleil qui s'annonce grandiose. Nous sommes au rendez-vous pour le grand spectacle. Au programme : le duo magique Torre-Fitz Roy au Nord, le chaînon glaciaire Mariano Moreno en plein milieu du champ de glace à l'Ouest, l'immensité du lac Viedma et de la steppe à l'est, d'où apparaît finalement le soleil après une bonne demi -heure de congélation au sommet.
Je prends congé de mes coéquipiers au sommet et continue vers le Sud Ouest, vers la laguna Toro et le Paso Del Viento. Une longue marche, dans l'environnement glaciaire de la face Sud du Cerro Grande me mène finalement à ce col, d'où s'ouvre une vue sur un autre univers. Je n'ai jamais vu de spectacle semblable, il se dégage quelque chose d'éternel et d'incroyablement reposant, pour les yeux et pour l'âme. C'est un petit bout de ce champ de glace Sud, qui étire sa couverture blanche et bleutée jusqu'à l'horizon, où quelques sommets viennent ajouter un peu de relief. Le "paradis blanc", qui me fait rêver de poursuivre mon voyage jusqu'à ce continent Antarctique...

P1120038

Au petit matin sur notre sommet

P1120050

P1120071

Le Cerro Grande, un des sommets glaciaires les plus esthétiques du massif

P1120072

Perché dans notre congelo, les premiers rayons ne sont pas très ardents

P1120081

Le massif vu du Sud, en bas la laguna Torre

P1120100

Pas de doute, c'est bien l'automne! 

P1120103

Cerro Solo face Sud

P1120133

P1120134

 

P1120149

Au delà des mots, encore une fois. J'ai longtemps hésité à bivouaquer au col...

P1120168

Au bord du glacier Tunel Inferior sur le chemin du col

P1120182

Et une autre immensité horizontale, celle du lac Viedma et de la steppe Patagone, qui m'attend bientôt! Demain, une dernière rando ici, et c'est reparti pour pédaler dans la Patagonie plate, qui m'attire irrésistiblement.

Patagonie, épisode 4 : Tortel, O'Higgins et la frontière

Par Le 09/03/2017

"Car ils ont reconnu qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur cette terre"

En terre de Patagonie, je continue ma vie nomade sur cette planète où je suis voyageur.

Tortel, de brumes et de bois

De Cochrane, je continue à descendre la vallée du Rio Baker, jusqu'à son embouchure sur l'océan Pacifique. Le soleil m'a quitté, je découvre la Patagonie des pluies.

Je rentre finalement dans une forêt impressionnante d'humidité, comme l'Amazonie mais avec 25 degrés de moins. Au bout de la Route, sur l'océan, se trouve le petit village de Tortel. Ce village est accessible par voie terrestre depuis 10 ans. Adossé à un fjord, toutes les rues du village sont des passerelles ou des escaliers en bois, le Cyprès des Guaitecas. Il y pleut presque chaque jour. C'est la porte d'entrée de la Patagonie de l'envers, celle des milliers d'îles exposées de plein fouet aux tempêtes du Pacifique. Un monde fascinant et inconnu.

P1110419

Un lac sauvage en quittant Cochrane

P1110432

L'arrivée sur Tortel le long du Rio Baker. Des puissantes cascades tombent de tous les côtés sur les flancs des montagnes, le paysage reste sombre même en plein midiP1110455

La Costanera, la rue principale de Tortel

P1110466

Le village de Tortel

P1110490

Tortel vu depuis le haut du village

P1110499

P1110508

Les îles dans le fjord

P1110511

Le fjord de Tortel vu depuis un petit sommet

O'Higgins

Les derniers jours de vélo ayant été plus difficiles que ce que j'avais imaginé, je prends de Tortel un bus jusqu'à Villa O'Higgins; ça me fait économiser 90 km, du temps et de l'énergie pour les choses à venir. Ma pédale droite fera toutefois le voyage en roulant, mais sur le vélo de Julien, un autre cyclovoyageur qui avait cassé la sienne.

Villa O'Higgins est au terminal de la Carretera Austral, que j'emprunte depuis plus de 1000km. De là, il faut prendre un bateau pour traverser le grand lac O'Higgins, et puis franchir un col pour passer en Argentine. En attendant le bateau, je profite d'une journée sur place pour monter sur un sommet qui domine le village: le cerro Altavista. J'espère y observer les montagnes au Nord-Est du champ de glace Sud si le temps est dégagé.

P1110538

Lago Cisnes et Lago Negro autour de Villa O'Higgins

P1110548

En montant au Cerro Altavista, au dessus de la ligne des arbres.

P1110559

Vue du sommet vers le Nord

P1110561

Le sommet, je m'arrêterai quelques mètres avant la cime à cause du vent et de la neige.

P1110573

Une fenêtre de quelques secondes pour observer les montagnes à l'Ouest

P1110581

Le glacier Mosco vers l'Est

P1110585

Duo de lacs, au fond le grand lac O'Higgins, le plus profond des Amériques.

P1110596

Lac O'Higgins, son bras qui mène à Villa O'Higgins

P1110609

ça commence à bien blanchir par là. Le Cerro Huemul Blanco.

La frontière

Après 6 semaines au Chili, il était temps de changer. Je ne peux plus rouler plus au Sud en restant dans ce pays : me voilà prêt à passer la frontière Argentine. Et quelle frontière! Vous avez sûrement compris que j'aime changer de pays dans des lieux spectaculaires. Après avoir quitté le Pérou en surplombant le Titicaca; être sorti de Bolivie entre les volcans du Sud Lipez, je laisse le Chili en ayant traversé le magnifique Lac O'Higgins, et le col Portezuelo de la Divisoria. Ce col frontalier n'est accessible qu'à pied ou à vélo, et je vais bientôt comprendre pourquoi.

Le bateau me dépose avec une quinzaine d'autres voyageurs sur la rive Sud du lac. De là, 15km de montée nous amène à la frontière où stationnent une poignée de Carabineros de deux pays. 10 mètres après la frontière, la piste laisse place à une trace de cheval, remplie de boue, de troncs d'arbres et de passages à gué. Cela dure 5 km, qui me demanderont 2 heures à parcourir. Il faut ensuite à nouveau prendre une barque pour traverser le Lago del Desierto, pour enfin retrouver une bonne piste qui descend au village d'El Chalten.

P1110614L'embarcadère sur le Lac O'Higgins, 7 km après le village, est le terminal officiel de la carretera Austral.

P1110638

P1110659

Deux vues du lac O'Higgins. Sur la deuxième, on voit les sommets du champ de glace Sud, dont les glaciers se jettent directement dans le lac.

P1110663

Adios Chile...

P1110671

Holà Argentina...

P1110672

...avec le "chemin" qui va avec.

P1110675

Le lago del desierto, et la montagne qui est encore dans les nuages. Pas pour longtemps...

P1110688

Patagonie, episode 3 : Chateau de Pierre, Chateau de Glace, et chapelle de Marbre

Par Le 27/02/2017

Salutations d'un petit cycliste français, de l'autre côté du monde.

Suite des aventures en terre Patagone. Et cette fois-ci, il y a du changement !

Je suis resté finalement 4 jours à Coyhaique, où il pleuvait comme lama qui pisse (expression locale), dormant dans une sorte de camping en intèrieur qui a investi les salles de classe d'une université. C'était la salle d'Anglais pour moi ! Et puis, quand le soleil s'est annoncé de nouveau, je suis reparti sur les chemins, seul et sans escorte - le ventre rempli de Completo (de bien fameux sandwichs chiliens).

Château de pierre (ou les Dolomites de Patagonie)

Première étape, Villa Cerro Castillo, au pied de la montagne éponyme. Ma route flirte avec la steppe Argentine dans une ambiance de grandes prairies et de relief vallonné, puis je remonte vers la cordillère en franchissant un col de haute montagne - accessoirement ma plus haute route de tout mon itinéraire en Patagonie. Altitude 1100m.

Je me pose à Villa Cerro Castillo pour aller randonner dans le massif rocheux voisin, encore dans les nuages en soirée. Pendant la nuit, le temps se dégage, et c'est parti pour une journée de rando ! Le sommet principal, le Cerro Castillo, domine de façon imposante la vallée plus de 2000m plus bas, et les neiges récentes ont bien enneigé ses faces. C'est une formidable paroi faite d'aiguilles fines qui s'élancent vers la cime plus large et surmontée d'une petite corniche. La face rocheuse doit faire bien 400m de haut, au pied de laquelle s'étend un petit glacier qui vient se suspendre au dessus d'une nouvelle barre rocheuse striée de cascades qui viennent se jeter dans le lac glaciaire tout en bas de la face Sud. La composition est parfaite, surtout éclairée par la lumière du matin. La rando m'emmène au pied de ce décor, avec une vue très élargie de l'autre côté sur la vallée principale et les hautes collines semi-arides au Sud. Je monte à un petit col à 1600m, à deux pas du glacier, ce qui me permet de traverser ses moraines et de découvrir l'incroyable richesse géologique du secteur. Une petite descente par une autre vallée, pour observer le Cerro Palo plus à l'Ouest, et des dizaines de traces d'Huemul, le cervidé de Patagonie qui abonde par ici.

P1100737 1

Sous la pluie de Coyhaique, en attendant le retour du soleil...

P1100759 1

...qui ne tardera pas à arriver. Ici en approchant la steppe pendant mon premier jour de vélo.

P1100761 1

Route de montagne pour changer.

P1100815 1

Départ à pied pour les hauteurs !

P1100833

La face Sud du Cerro Castillo se découvre

P1100845

Un autre sommet du massif, la laguna Castillo au premier plan.

P1100853

Et de la laguna jusqu'au sommet, en passant par les cascades et le glacier.

P1100863

Une des aiguilles de l'arête Sud Est.

P1100878

"Le regard pétrifié"

P1100896

Changement de temps en changeant de vallée. A droite, le cerro Palo.

Chapelle de marbre (avec un carrelage de turquoise s'il vous plaît)

Des aiguilles rocheuses plein les yeux, je reprends le vélo, toujours sur la Route Australe, qui n'est plus asphaltée à partir d'ici jusqu'à son terminus. 450km de piste, c'est parti ! La journée qui s'annonce est l'une des plus sauvages de mon voyage : 100km sans le moindre village, sans rien pour se ravitailler. Je remonte d'abord la très sauvage vallée du Rio Ibañez et retrouve temporairement des zones un peu plus humides, puis une longue traversée en moyenne altitude, au bord notamment du magnifique lac Cofre, me fait rejoindre la tout aussi sauvage vallée du Rio Murta, qui débouche dans le lac Général Carrera (ou Buenos Aires en Argentine), le numéro 2 d'Amérique du Sud après... le Titicaca; ça fait tout de même plus de 3 fois le Léman.

La route le longe sur environ 70 km, tantôt par la rive , tantôt par les hauteurs. La dilution des eaux glaciaires donne une teinte turquoise au lac hallucinante, qui se décline suivant l'éclairage et la proximité avec la côte : c'est ici le paradis du bleu. A proximité de l'unique village du coin, Puerto Rio Tranquilo, se trouve une falaise de marbre qui vient se jeter dans le lac. L'érosion des vagues a attaqué ses fondations, créant un réseau de "chapelles" à l'endroit où les rochers rencontrent le lac.  Géométrie et couleur sont au rendez-vous.

P1100928

La partie amont de la vallée du Rio Ibanez.

P1100980

Première rencontre avec le lac Général Carrera par son bras Nord.

P1100999

Une chapelle pour les âmes tourmentées...

P1110038

...et une pour les âmes grimpeuses qui rêvent d'une belle poignée sur rocher naturel. Il y en a des semblables en continu sur des centaines de mètres.

P1110043

Carrelage de turquoise (*sans Photoshop ajouté*)

P1110047

Qui a parlé de la baie d'Halong ? C'est sûrement moins spectaculaire ici, mais les fondations sont beaucoup plus baroques.

P1110080

Viens, on part en vacances avec mon pick-up ?

P1110093

Ce lac, c'est un bonheur pour qui aime le bleu...

P1110129

En prenant un peu de hauteur. Lequel du Titicaca ou du Général Carrera est le plus beau ? La question est ardue.

P1110171

Vers la plaine du Rio Leones. Ce sera un bon endroit pour bivouaquer en bord de lac, espérant peut être un lever de soleil sur de nouvelles montagnes...

Château de glace (ou la rencontre avec la montagne tutélaire)

Vers la pointe Sud du lac, une petite plaine annonce l'embouchure d'une grande rivière. C'est le rio Leones, qui provient des glaciers du Champ de Glace Nord de Patagonie, la seconde plus grande masse glaciaire en dehors des pôles. Les sommets qui bordent cette calotte sont bien visibles depuis les rives du lac, avec parmi eux, rien de moins que le point culminant de Patagonie, qui n'est autre que... le Monte San Valentin. Estimé autour de 4060m d'altitude par les rares expéditions qui ont atteint son sommet, il fait partie des montagnes les plus inaccessibles de la planète. Je ne rate pas ce rendez-vous avec "ma" montagne, et je fais un crochet de 25km, d'abord à vélo,puis à pied, pour atteindre le Lago Leones au pied des glaciers. Ambiance sauvage à 200%, aucun touriste par là et seulement un petit sentier tracé dans la vallée. Le décor est immense, imposant et enivrant.

Mais d'autres choses m'attendent ailleurs, alors je finis par repartir au Sud. Je longe le lac Bertrand, qui est une annexe du grand Lac Général Carrera, et trouve enfin un micro village pour refaire mon stock de provisions. Il était temps, à 16h, je commençais à avoir un peu faim. Encore un bivouac, et j'atteins Cochrane, un gros village perdu dans les montagnes, après avoir longé la spectaculaire vallée du Rio Baker (le plus long et le plus puissant du Chili), dans un décor de plus en plus sec. Et soudain, dans ce décor de steppe et de cañons qui me rappelle le Pérou, je débusque le Guanaco, un cousin du Lama ; ça me renvoie quelques semaines en arrière, sur l'altiplano. Mais je suis bien au Sud du monde, m'apprêtant à traverser une des zones les plus reculées et spectaculaires de mon voyage; ça, c'est pour les prochains épisodes, si Dieu le veut.

Bises à tous !!

P1110179

Amanecer, acte premier

P1110194

Amanecer, acte second

P1110213

Amanecer, acte troisième 

P1110229

Amanecer, acte dernier

P1110232

LA rencontre. Selfie ? Le sommet du San Valentin est au centre droite (ce qui ne présume en rien de ma tendance politique...)

P1110247

C'est un peu sauvage par ici...

P1110292

C'est un peu beau par là...

P1110298

Le glacier d'écoulement du champ de glace Nord

P1110314

Lago Leones, à couper le souffle. On est autour de 400m d'altitude.

P1110357

Le lac Bertrand, une annexe du lac Général Carrera.

P1110361

Et une photo de la "carretera" au bord du Rio Baker

P1110371

Confluence des rios Nef et Baker, dans une végétation déjà plus aride, avec toutefois encore les sommets du champ de glace qui se profilent au loin.

P1110399

Pérou ? ?

P1110403 1

En descendant sur Cochrane, d'où je vous écris !

...

Finalement, puisque certains ont insisté.. voilà celui qui se cache derrière les photos

(-d'ailleurs il est en train de parler de lui à la troisième personne, il se la pète un peu.

-Qui ça "il" ?

-Ben lui

-Ah, lui !)

P1100858

Patagonie, épisode 2 : Des montagnes sans nombre

Par Le 18/02/2017

Hola'la ! Catchai Po ? (En Chilien dans le texte)
Les mauvaises langues diront que le deuxième épisode est une copie du premier, et ils n'auront pas tout à fait tort.
Les éléments qui ont fait le succès du premier volet sont toujours là : les volcans enneigés, les parois de granite, les fjords et la forêt luxuriante. Mais regardez bien, il y a quelques nouveautés...


De Chaiten à Villa Santa Lucia
La carretera Australe  fut construite il y a une cinquantaine d'années par le régime militaire de Pinochet, pour désenclaver les régions du Sud. Un chemin de terre à la base, jusqu'il y a 6 ans, et qui va être entièrement asphalté d'ici 2025. J'alterne donc les portions de route, de pistes et de travaux, en particulier sur cette section.
Depuis Chaiten, je quitte l'océan pour m'engager dans une vallée parallèle. Devant moi, les falaises et la langue glaciaire du glacier Yelcho, derrière moi l'interminable calotte du volcan Michinmahuida. Après être passé sans m'arrêter devant une petite dizaine de sources thermales, je décide de profiter au moins une fois des eaux chaudes façon patagone, dans un petit vallon au coeur de la forêt. Disfrutando.
J'arrive bientôt au bord du Lac Yelcho, une autre merveille logée dans les montagnes. Une petite nuit dans la forêt sombre, envahie de limaces, et je repars plein Sud pour Villa Santa Lucia, que j'atteindrai rapidement après avoir passé un petit col vers 500m d'altitude. Je traverse ici des régions qui furent explorées et colonisées très récemment, entre les années 1910 et 1940, principalement par des allemands aventureux et des habitants de la proche île de Chiloe qui se joignirent à eux.
Villa Santa Lucia est un petit croisement, car d'ici part une route vers l'intérieur des terres qui donne accès à deux villages frontaliers. Je décide de tenter l'aventure vers l'un d'entre eux, pour découvrir à quoi ressemble la cordillère par là- bas. Je laisse donc mon vélo à Villa Santa Lucia, et décroche mes bâtons de marche et ma tente de mon porte- bagage.

P1100233

Une muraille de Granite qui me protège de la mer, et derrière laquelle se cache le volcan Corcovado

P1100234

L'interminable glacier du volcan Michinmahuida

P1100248

Le glacier Yelcho

P1100263

Et le lac Yelcho


Dans les yeux du condor
Dans le petit bus qui me dirige vers Palena, je sors petit à petit de la forêt sempervirente et des montagnes abruptes, pour trouver des prés, des forêts plus "européennes", des vallées plus larges et des sommets plus modestes. La géologie change un peu vers la frontière, c'en est fini du "tout" granite, et je retrouve des roches un peu moins nobles, ce qui ne manque pas de changer la physionomie des montagnes.
A Palena, je respire déjà à l'Argentine. L'accent de la langue, à couper au couteau, les vaches et les taureaux dans les prés, les hommes avec leur pantalon rentré dans leurs longues bottes de gauchos, un pull et un béret posé de travers à la façon maquisarde pour compléter le costume. Ils se déplacent souvent à cheval, même les ados. La classe.
Je m' embarque sur une route de "trekking", qui s'avèrera être surtout adaptée pour la parcourir à cheval. C'est une partie de l'itinéraire qui relie deux communes de cette région- là des Andes, celles de Palena et de Lago Verde, en passant par le très reculé Lac Palena, que je compte atteindre avant de faire demi- tour. J'apprendrai en revenant, par un ancien du village, que c'était une route de transhumance dans les décennies passées, qui a été abandonnée et investie par une réserve forestière. Seulement, les gardes forestiers n'ont pas entretenu les sentiers d'antan, et je m'en rendrai compte bientôt.
Après une remontée de la vallée du Rio Azul sur 20 km, le sentier carrossable s'arrête et je dois trouver et suivre l'ancienne trace de transhumance. Les aléas de parcours me la font perdre bien vite, et je dois me résoudre à changer mes plans, reconnaissant que je n'aurai pas assez de ressources physiques et alimentaires pour atteindre le lac Palena. Je continuerai comme je peux sur les pentes au Sud de la vallée, en cherchant à prendre de la hauteur quand les conditions s'y prêteront , empruntant les sentiers de vaches. Fidèle à ma devise : "si la vache passe, Val passe" j'arrive difficilement à me frayer un chemin dans forêts et broussailles et me loger sur un promontoire à quelques encablures d'un petit sommet que je n'atteindrai malheureusement pas avant mon heure fixée de demi tour. Je ne pourrai pas par conséquent observer le lac par les hauteurs,  ainsi que le paysage plus au Sud, mais je profite d'une vue fantastique sur le fond sauvage de la vallée du Rio Azul, entourée d'un large chaînon de hautes montagnes enneigées. Mais ce jour là, j'avais rendez-vous avec plus qu'un simple paysage. L'heure avance, et le soleil commence à chauffer ces pentes Ouest sur lesquelles je me trouve, créant les courants ascendants nécessaires au vol des condors. Un premier couple vient me saluer, en tournoyant pas bien loin de moi, puis s'en va. Je commence ma redescente, et passe par hasard sur une large vire entre deux hautes falaises. Mais la falaise supérieure, je le comprendrai bien vite, est aussi le nid du couple que j'ai observé tout à l'heure. Rapidement, l'un des deux condors revient, tournant chaque fois un peu plus proche au dessus de ma tête. En continuant de marcher pour ne pas le déranger plus longtemps, je profite d'un ballet des plus spectaculaire. Sur ce promontoire au dessus de la vallée, dans un décor continu de hautes cimes rocheuses, tourne et retourne le Condor, de ses ailes interminables qu'il ne bat presque jamais. Tantôt en bas, tantôt en haut de moi, tantôt à l'aplomb - ce qui projette à quelques mètres de mes pieds son immense ombre - je peux observer son cou incliné vers le bas et sa tête tournée vers moi pour me surveiller. Il se dégage quelque chose de très puissant de ce spectacle, le genre de choses qui habite la mémoire pendant longtemps.

P1100304

Assez grande la marguerite. Et puis elle a une couleur bizarre.

P1100322

P1100330

Dans la vallée du rio El Azul

P1100381

P1100393

P1100404

Une cime de l'Oisans, ou du moins sa petite soeur jumelle, s'est glissée sur cette photo. Saurez-vous la reconnaître ?

P1100417

La partie finale de la vallée, entièrement sauvage.

P1100454

El condor pasa... Son cou vers le bas, sa tête en arrière. "Les yeux dans les yeux"

P1100456

...Y pasa de nuevo, y de nuevo...

P1100473

Confluence des rios El Tigre et El Azul


Les glaciers toujours plus près
Retour à ma "Patagonie de la jungle" où je récupère mon vélo pour une longue route vers la capitale de la Patagonie Chilienne, Le petit bourg de Coyhaique.
Un long suivi des cours du Rio Frio, puis Palena me fait observer un défilé de cimes enneigées toutes plus belles les unes que les autres, avant d'arriver sur une plaine un peu plus large au niveau de La Junta, dominée au loin par le volcan Melimoyu surenneigé. (Exercice de prononciation : dites le nom du volcan à l'endroit, puis à l'envers, puis à l'endroit, puis...).
Je continue toujours plus au Sud pour arriver de nouveau au Pacifique, dans le fjord de Puyuhuapi aux belles eaux bleues. Colonisation allemande oblige, on y produit une bière locale qui vaut le détour. Dans une vallée qui débouche sur le fjord, se révèle soudainement les glaciers du chaînon Queulat. La grande calotte glaciaire qui occupe les hauteurs de ce massif granitique s'écoule par une langue glaciaire qui débouche sur cette vallée. Le glacier s'arrête net au dessus d'un immense cirque rocheux vertical, que franchit le torrent de fontes par un saut magistral de près de 300m de haut. L'ambiance est au rendez vous. A peine deux kilomètres après ce site, je retrouve la rive de l'océan duquel je ne m'étais pas vraiment éloigné, au bord du très tranquille fjord Queulat. La route est très fréquentée par les cyclistes et les "mochiladores", des chiliens entre 18 et 35 ans qui avancent en stop le long de cette route symbolique pour le pays. L'occasion pour moi de faire quelques kilomètres accompagné, exerçant selon la situation mon anglais, mon espagnol ou mon belge. Je grimpe un col bien raide au Sud du massif dont je parlais tout à l'heure, pour profiter d'une vue privilégiée en face des cimes glaciaires, à la façon "Lautaret", mais dans la jungle. A partir de là, je quitte l'océan pour avancer petit à petit dans les terres, et retrouver un peu les Andes plus sèches telles que je les avais rencontrées à Palena. Ca tombe bien, le temps se prépare à changer, le bel anticyclone qui me protégeait s'étant fait botter par le courant antarctique à la façon de S.Zaza tirant son penalty.
Encore une poignée de montagnes sorties de quelques imaginaires farfelus, une traversée d'un plateau façon Haute- Loire sur les hauteurs du Rio de l'empereur Guillaume, et me voilà débarqué à Coyhaique, pour quelques jours de repos et de meilleure bouffe.

P1100495

Retour sur le vélo, en route tout droit et plein Sud. Je quitte la région 10 des Lacs, pour rejoindre la région 11 de la "Patagonie Aysen".

P1100505

Un coin de rêve, la confluence des rios Frio et Palena, qui formeront désormais un petit fleuve

P1100523

Le cerro Barros Arana qui domine La Junta

P1100535

La petite plaine de la Junta. En direction de l'Océan, le volcan Melimoyu, dont la face Nord-Est a l'air parfaitement skiable en ce mois de février

P1100558

"C'est toujours la même eau qui coule" -Quand le vieux Magellan découvrit le détroit, il y avait des enfants qui s'y baignaient déjà

P1100563

Puyuhuapi au fond de son fjord

P1100582

A l'Ouest rien de nouveau...

P1100602

...à l'Est un glacier suspendu

P1100607

Parc National de Queulat

P1100615

Les fameuses tempêtes Patagones, les 40e rugissants, les 50e hurlants...

P1100624

C'est pas ici Tahiti, mais c'est toujours mieux que rien

P1100637

Le Sud du massif de Queulat, vu depuis la vallée...

P1100646

...et vu depuis mon premier col "officiel" en Patagonie, le Portezuelo Queulat.

P1100654

Quand tu te réveilles avec les courbatures de la veille, que tu fais 500m en vélo, et que tu vois le cerro Picacho.

P1100668

Le lac las Torres

P1100672

Et les "Torres" du lac

P1100683

La tête à l'envers, exactement. Je change le S par un N, et je pourrai être à Malissard, à Pelvoux...

P1100693

Far over, the misty mountain rise, leave us standing upon the heights

P1100704

Le temps change

P1100718

Quelques fleurs qui envahissent les champs dans cette région

P1100722

Péché par gourmandise

Le principal intéressé témoigne :

"La premier fois que j'ai essayé, c'était en Bolivie. Sans faire attention, j'avais acheté une petite boîte. Là bas, ça ne s'appelait pas comme ça en plus. Ils en vendaient incognito sous le nom de "Dulce de Leche" (tu te rappelles Tim ce lait concentré qui avait une couleur bizarre? ).

Et puis en arrivant au Chili, on a commencé à m'en proposer de partout. Au début, je me suis dit qu'un peu de temps en temps ne ferait pas de mal. Une tartine par ci, un Churros par là, ça ne fera pas de mal. Et puis j'ai commencé à glisser. Les tartines s'enchaînaient, ça ne me suffisait plus. Alors j'ai commencé avec tout ce qui me tombait sous la dent : avec un Cookie, un carreau de chocolat... Tout était un prétexte. C'est alors qu'on m'en a parlé.

Oui, je parle bien de la cuillère. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'y habituer, je ressentais toujours plus le manque. C'est quand mon vélo m'a dit "c'est ou moi, ou le Manjar" que j'ai pris conscience qu'il y avait un problème. Depuis, j'ai essayé de trouver des alternatives, j'ai essayé le miel, le beurre de cacahuète, mais je sais que je ne suis pas à l'abri d'une rechute."

#LeManjarParlonsEn

P1100608

Ajoutez un Completo tomates-frites-avocat-mayo, le bonheur est complet.

Patagonie, episode 1 : Bleu, Blanc, Vert... et beaucoup d'autres couleurs

Par Le 07/02/2017

Patagonie, ou la banalisation du merveilleux...

La Patagonie est un territoire rêvé, fantasme, imaginé. Le moment est arrivé pour moi de passer de l'imagination à la réalité.

Prélude

La limite nord de la Patagonie, côté chilien, n'est pas clairement définie. Le village de Chaiten d'où je vous écris est souvent annoncé dans les guides touristiques comme la porte d'entrée de la Patagonie. Pourtant, les habitants le défendent : Chaiten, ce n'est pas la porte d'entrée, c'est La Patagonie. Je retiendrai la définition la plus logique, c'est à dire l'endroit où la cordillère rencontre l'océan Pacifique, et la plaine centrale du Chili disparaît en conséquence.

Ainsi, mes deux premiers jours de vélo seront comme un prologue à la Patagonie, en roulant encore dans la plaine. Débarqué en bus à Puerto Varas, une petite ville luxueuse au bord du lac, avec d'immenses chalets et hôtels. En traversant les prés verts et les forêts, je me crois rentré à la maison, quelque part dans un recoin vert des Alpes. A un hémisphère près tout de même, ici c'est le coeur de l'été, les pissenlits envahissent les champs et les vacanciers envahissent les campings et les plages. Puerto Varas est encore dans la plaine, au bord d'un grand lac aux eaux bleues profondes, le Llanquihue (vous allez vous faire plaisir avec les noms patagoniens !). De l'autre côté du lac, annonçant la cordillère, se tient la silhouette parfaite du volcan Osorno, qui domine la plaine de plus de 2500m, enveloppé par ses glaciers. Avec le ciel limpide, c'est un paradis bleu, blanc et vert, auquel il faut rajouter les fleurs qui surchargent les maisons, les forêts et les bords de route.

Je longe le lac sur toute sa longueur jusqu'au pied du volcan Osorno, où je rencontre un petit fleuve qui descend des montagnes de cascades en cascades, se frayant un passage dans un labyrinthe de basalte, à l'endroit où les roches volcaniques viennent buter contre les parois de granit de la cordillère. Je fais un petit détour le long de ce rio pour aller voir le lac Todos Los Santos, déjà au coeur des montagnes, dans un décor grandiose. Montagnes et volcans se mélangent à la perfection par ici.

Le lendemain, après une nuit à la belle étoile sur la plage du lac et une petite rando sur les pentes du volcan Osorno, je reprends le vélo pour une petite traversée dans la forêt et les montagnes qui me fait rejoindre l'extrémité du fjord de Reloncavi. Ici commence la Patagonie.

P1090266

Puerto Varas, encore un choc après le désert et la ville suranimée de Valparaiso.

P1090282

Mythique, le volcan Osorno qui domine le lac Llanquihue, depuis Puerto Varas. On est fin Janvier et les montagnes sont pleines de neige et glaciers dès 2000m, ou même plus bas. Le ton est donné, sachant que je ne suis encore qu'au 41e parallèle Sud, et que je devrais finir en dessous du 50e...

P1090287

Retour en Europe ? Qui veut venir déraciner les pissenlits ?

P1090319

Pas un mauvais endroit pour manger des mûres bien noires...

P1090328

Plein été

P1090339

En montant vers le lac Todos Los Santos, une apparition fantasmagorique. Le volcan Puntiagudo

P1090386

Le rio Petrohue

P1090403

Arrivée au lac Todos Los Santos, qui s'ouvre vers la cordillère.

P1090421

P1090443

Vues du lac

P1090446

La plage du bivouac, et le Cerro La Picada.

P1090490

En prenant de la hauteur

P1090515

L'envers du volcan Osorno

P1090525

Qui vote pour un Koh Lanta version Chili ?

P1090552

Sur la route vers le fjord de Reloncavi, au pied du volcan Calbuco. Ce que la photo ne montre pas, ce sont les mouches, véritable bataille de chaque instant en vélo.

Au pays du Granit

Imaginez une forêt vierge, composée de bambous, de fougères et de quelques arbres caractéristiques, tel l'Alerce, emblématique de cette région impénétrable - j'en ai fait l'expérience. Les feuillus ne perdent pas leurs feuilles même en hiver tant l'humidité est surabondante : c'est la forêt Valdivienne, qui occupe ces régions côtières du Nord de la Patagonie. Dans ce contexte, il est presque impossible d'atteindre le sommet des montagnes pourtant innombrables dans cette région. Toutefois, une vallée fait exception à la règle : peu après le village de Cochamo, au bord du fjord de Reloncavi où je suis arrivé la veille, je m'embarque, sac sur le dos, pour une marche de 4h dans la forêt dense, dans un labyrinthe de boue. Heureusement que le temps est sec depuis plusieurs jours... Après une nuit dans un pré inespéré, je pars sur l'un des sentiers indiqué sur ma petite carte schématique.

Rapidement, l'itinéraire se transforme en escalade sur racines, avec des pentes à plus de 40 degrés en pleine forêt. Puis je passe au pied de grandes dalles de granit, m'apercevant par la même occasion que je suis sur le rebord d'une falaise qui plonge vers la vallée. Quelques mètres plus loin, je découvre que l'itinéraire coupe tout droit dans les dalles de granit, une petite corde facilitant l'ascension : bienvenue sur les sentiers Chiliens ! Je sors enfin au sommet des falaises et débouche sur la crête, pour découvrir un paysage fantastique : une vallée glaciaire bordée d'immenses murs de granit formant les sommets environnants. A l'Ouest, apparaît le fjord, et à l'Est les glaciers du Cerro Tronador, à la frontière Argentine.

Ayant porté la tente, je passerai la nuit au sommet, histoire de profiter au maximum des hauteurs, et des condors qui tournent à quelques dizaines de mètres seulement au-dessus des randonneurs.

P1090574

Patagonie, kilomètre 0 ! Je suis à l'extrémité du fjord de Reloncavi, au niveau de l'embouchure du Rio Petrohue.

P1090577

P1090590

Les rios Patagoniens, et la clarté de leurs eaux.

P1090606

Le village de Cochamo au bord du fjord.

P1090610

P1090619

Le chemin dans la vallée de Cochamo.

P1090633

Parfois, une fenêtre s'ouvre sur la vallée, pour découvrir l'ampleur des falaises qui l'entourent. Ca sent le bon coup cette histoire.

P1090638

Le chemin dans un labyrinthe naturel, probablement creusé par l'érosion due à la boue.

P1090639

Le camping de La Junta, et les falaises qui l'entourent.

P1090642

P1090645

Half Dome Patagonien, le cerro La Junta.

P1090648

Une randonnée comme une autre...

P1090649

P1090674

Et me voici enfin sorti de la forêt, au premier mirador. Ici devant le Cerro Anfiteatro.

P1090685

Dalles sculptées. Cochamo, nouveau paradis de la grimpe.

P1090686

Le Cerro Torrecillas, point culminant de la vallée.

P1090705

Tel l'aventurier solitaire...

P1090741

Un lac sans nom vu depuis le sommet de mon bivouac, le Cerro Arco Iris, probablement nommé ainsi pour son rocher aux couleurs nuancées.

P1090749

Lac ou océan? Montagnes ou volcans ? Ne choisissez plus, voici la Patagonie du Nord !

P1090755

P1090776

Partie amont de la vallée.

P1090789

P1090802

P1090844

Les 3500m du Cerro Tronador

P1090864

Et encore le volcan Osorno

P1090897

Retour à l'océan, coup d'oeil en arrière sur la vallée de Cochamo depuis l'embouchure du Rio Cochamo.

Au bord de l'océan

Je reprends le vélo le long du fjord qui est désormais dominé par les neiges du volcan Yates, composant un merveilleux décor Bleu, Blanc, Vert. Je débarque au village de Puelo qui se trouve au débouché d'une autre vallée similaire à celle de Cochamo, mais je dois me reposer un peu et partir vers d'autres horizons, il reste tant de route à parcourir avant d'atteindre le bout du monde.

En fin de compte, j'aurai longé le fjord sur une centaine de kilomètres. Comme disent les habitants, par ici, c'est "ben tranquillo, no se pasa nada".

La partie aval du fjord est très sauvage, et la route se faufile entre la forêt et l'océan. Enfin, après une courte traversée dans les terres, je rejoins un nouveau fjord, celui d'Hornopiren.

P1090901

Le volcan Yates, qui domine Puelo. Son ascension doit mériter le détour.

P1090909

P1090913

Retour de soirée, c'est par ici...

 

P1090922

En arrivant à Puelo.

P1090926

Le rio Puelo vers son embouchure, et une vallée toute à explorer.

P1090928

Mon chalet en Patagonie

P1090955

La partie finale du fjord, dans une ambiance très sauvage.

P1090961

Au bout du fjord, je rejoins la route que je suivrai pendant les prochains 1200 km. Point d'arrivée, le lac O'Higgins, d'où je devrai passer en Argentine.

Hornopiren, la frustration d'un explorateur

Hornopiren, un petit village au bout de son fjord. Au nord se trouve l'autre versant du volcan Yates, et à l'est un immense massif, toujours granitique si j'en crois les pierres observées dans les torrents. Une forêt de pics, d'aiguilles, de murailles et de glaciers. Les eaux des torrents, d'un bleu laiteux, trahissent les puissants glaciers qui les alimentent. Seulement voilà, aucun sentier ne pénètre à l'intérieur de ces montagnes, et la forêt très dense interdit toute aventure. Me voilà, montagnard désœuvré, réduit à me promener dans le petit port du village. L'aventure attendra... Je profite du temps enfin gris pour une promenade en forêt, l'occasion de me documenter sur la faune et la flore locale.

P1090970

Une montagne dans le ciel. Qu'y a-t-il au-delà ? 

P1090973

Le rio Blanco, seul témoin de ce qui se trame là bas, derrière la première barrière de montagnes.

P1090544

P1090557

P1090985

P1090996

P1100010

Votez pour la plus belle. Perso, mon choix est déjà fait, même si la finale a été serrée. La dernière est colorée d'un dégradé qui va du rose saumon au rose pétant, et qui aurait coupé court à d'interminables débats sur la couleur d'un certain noeud papillon...

Mam', sauras-tu les identifier ?  Tu choisis lesquelles pour ta prochaine compo ?

P1090980

P1090989

P1100018

Le fjord Hornopiren et ses eaux claires dues à l'écoulement des torrents glaciaires.

P1100041

En bateau sur le Pacifique

A Hornopiren, la route s'arrête, ne pouvant se frayer un chemin à travers les pentes abruptes et les nombreuses ramifications des fjords. Nous voilà, mon vélo et moi, embarqués pour 5h de navigation sur les eaux du Pacifique. Je découvre, impuissant, l'amplitude du massif glaciaire que je laisse derrière moi. Chaque vallée découvre de nouvelles aiguilles, de nouveaux glaciers. Le bateau me débarque à l'extrémité du fjord de Comau, d'où je reprends le vélo pour 10 km, au bout desquels il me faut de nouveau embarquer pour traverser le fjord Renihue.

Après cela, une traversée de 60 km m'attend, à travers les forêts et les falaises du parc Pumalin, une réserve naturelle fondée par le créateur de la marque "The North Face".

J'arrive le lendemain à Chaiten, un village au bord du golfe du Corcovado, où nagent des baleines bleues en cette saison. En 2008, le petit volcan Chaiten recouvrit entièrement la ville de cendres, détruisant les forêts aux alentours. La population fut évacuée à temps, et aujourd'hui le village est entièrement reconstruit. Au sud de la baie se dresse le volcan Corcovado, silhouette mythique qui domine une immense zone sauvage.

L'année prochaine, selon des informations exclusives, un sentier de 60 km sera créé dans ce parc national de Corcovado, cheminant sur les hauteurs qui le bordent.

P1100064

Regarder les montagnes et rester en bas... c'est dur de s'y habituer !

P1100086

Le volcan Michinmahuida, au bout du fjord Comau.

P1100113

P1100120

Naviguant dans les fjords du Pacifique Sud.

P1100133

P1100141

Format portrait obligé par ici. La route qui relie les deux fjords.

P1100149

Embarquement dans le fjord Renihue.

P1100156

Le fjord, et au centre une montagne que je tentais de gravir, par l'arrière, ayant repéré un semblant d'éclaircissement dans la végétation. Sans succès : Forêt 1, Valentin 0.

P1100172Caleta Gonzalo

P1100186

8 ans après l'éruption, la forêt tente de reprendre vie sur les pentes du volcan Chaiten.

P1100192Playa Santa Barbara, sur le golfe du Corcovado.

P1100209

Le Corcovado depuis Chaiten

P1100215

C'est sous ce coucher de soleil à Chaiten que je vous dis "à bientôt". Cap au Sud, toujours plus de Sud !

Retour sur 3 mois dans les Andes centrales

Par Le 02/02/2017

 

Je profite d'une pause sur une petite place de Valparaiso, ville portuaire du Pacifique, pour revenir sur ces deux mois et demi passés dans les Andes centrales, là-haut sur l'altiplano, au milieu des populations locales.

Ce sont les Quechuas, qui peuplent aujourd'hui l'Équateur, le Pérou et la Bolivie, avec la minorité Aymara, ils habitent les régions depuis le lac Titicaca au Nord, jusqu'à Oruro au Sud. Ces deux peuples sont certainement les ethnies autochtones des Amériques qui ont le mieux subsisté après l'arrivée des colonisateurs européens ; la plupart de ces "indiens" ayant été décimés par les guerres et les épidémies importées par les colons.

Vivre au milieu de ces gens, c'est avoir à certains égards l'image d'une Amérique comme elle a pu être avant sa découverte par l'occident. Pour que cette image soit la plus vraie, il est nécessaire de s'éloigner des grands centres urbains, ainsi que des zones aujourd'hui surfréquentées par le tourisme ; mon mode de voyage, à vélo et en autonomie, m'a offert ce luxe.

En atterrissant à Cusco d'abord, de même que pour Tim à La Paz, la surprise est de découvrir toutes ces personnes qui vivent naturellement dans leurs costumes traditionnels, portant leurs charges accrochées à l'épaule - en particulier les femmes. On se demande au début si c'est un décor monté spécialement pour les touristes, et puis on finit par se rendre compte que c'est partout pareil.

Pour ce qui est des costumes, les plus beaux que j'ai observés sont ceux des régions de Cusco et Arequipa. A Cusco, les chapeaux des femmes sont les plus spectaculaires, à large disque brodé sur les bords duquel retombe une frange de tissu, le tout étant haut en couleur. Il y a un air de noblesse dans cette région qui fut autrefois la "Rome" de l'empire Inca.

J'ai d'abord remonté les vallées aux pieds de la cordillère de Vilcanota, cette route au bord de laquelle les indiens défilaient à pied pour se rendre à une fête, probablement religieuse, puis ce fut le tour des villages d'éleveurs d'alpagas autour de la silhouette majestueuse de l'Ausangate, un des paysages les plus merveilleux des Andes.

Ensuite, sur mon chemin de la jungle - dont je ne parlerai pas ici, car il s'agit d'une autre culture - je traverse deux villages accrochés aux pentes sévères de la cordillère.

Moments privilégiés que de pouvoir s'arrêter pour la nuit dans ces villages reculés, entouré des montagnes immenses de ce côté obscur et largement inconnu des Andes. Suspendu en pleine pente, on est en pleine zone de transition entre deux mondes que beaucoup de choses opposent, celui d'en haut et celui de la forêt, dans laquelle les Incas n'osèrent jamais s'aventurer. Ces villages resteront une mémoire des plus marquantes de mon voyage.

Un peu plus tard, je remonte vers l'Altiplano et m'arrête à Macusani une ville entourée d'une steppe immense qui s'étend entre deux cordillères englacées. En comparaison avec les vallons de haute montagne, Macusani a des airs de métropole, un point de rencontre citadin des habitants de toute la province. A 4500m, c'est sans doute l'endroit de l'altiplano le plus authentique et représentatif que j'ai connu. L'élevage des alpagas y est omniprésent, puisqu'aucune culture ou presque ne pousse à cette altitude. Ai-je fait des rencontres plus bouleversantes que ces bergers et bergères dans les vallons de l'Allin Qhapaq, qui paraissent bien plus âgés qu'ils ne le sont sans doute ? Ils parlent encore moins l'Espagnol que moi, et passent leurs journées seuls avec leur troupeau. Un jour que je venais de passer une crête après une heure de montée depuis le fond du vallon, j'aperçois une femme au loin qui vient à ma rencontre. Elle fera 10 minutes à pied pour me rejoindre, pensant que j'étais le voisin venant lui rendre visite. Ainsi va la vie par là- haut.

Ma route continue vers des contrées plus communes car plus basses, mais tout aussi charmantes. J'arrive en terre Aymara au bord du lac, par une route sans touriste. Les paysages sont magnifiques et la terre est cultivée de tous côtés, cependant la population est un peu vieillissante dans les villages. Les gens sont particulièrement accueillants, toujours curieux de partager avec un étranger, et on ressent une certaine douceur de vivre par là, le climat tempéré du lac aidant. La Bolivie sera un peu différente pour moi, car je resterai essentiellement près des grandes villes ou des centres touristiques. J'aurai toutefois un rappel agréable de ce que j'avais connu au Pérou en quittant Uyuni, avant de rentrer dans le désert inhabité.

Qu'y a-t'il à dire de ces peuples ? En premier lieu, ils ont une certaine fierté de leur culture : à Cuzco comme à La Paz, ils ne cachent pas leurs costumes aux yeux des étrangers ou des "occidentalisés". Vis-à-vis des étrangers, généralement les femmes sont plus réservées quand les hommes se montrent toujours curieux. Pour ce qui est des vêtements, on en a beaucoup parlé : les costumes des femmes sont si caractéristiques et incomparables en couleurs. Leur nourriture est à base de céréales, d'une variété insoupçonnée de patates aux goûts différents, de soupes, de viandes d'alpaga ou de lama, et de boissons particulières : le jus de Maca, délicieux, et la Chicha, une bière de Maïs assez rude.

Les hommes en particulier apprennent la danse dès leur plus jeune âge, et sont souvent en train de faire quelques pas dès qu'ils le peuvent. Ils possèdent leur langue qui se perpétue aujourd' hui aux côtés de l'espagnol. Seuls quelques anciens dans les villages reculés ne parlent que le Quechua - ou l'Aymara. Ils sont très croyants, et j'ai rencontré des lycéens ou des avocats me soutenir mordicus que le Machu Picchu fut construit par une civilisation extraterrestre. On pourrait aussi parler des sirènes, des idoles...

Qu'en sera-t-il de ces régions dans les années à venir ? Les particularités culturelles vont-elles se maintenir ? La population résistera-t-elle aux sirènes de l'exode rural ?

J'ai vu des enfants enthousiasmés à l'idée de me montrer leurs danses traditionnelles et  une petite fille qui rêvait d'être chanteuse. Quand je lui ai demandé si elle préférait chanter de la musique américaine ou péruvienne, elle me répondit sans hésiter : "moi ce que j'aime, c'est la musique de Cuzco". Mais j'ai discuté avec Romario, un lycéen qui ne rêve que de ses prochaines études à Puno, grande ville au bord du lac, avant de partir pour Lima. Il rêve de France ou d'Europe. Epifanias aussi, qui a appris le Quechua à ses aînés, mais qui a laissé filer pour sa petite dernière. D'un autre côté, j'ai vu tant de jeunes couples, à l'Ausangate ou à Macusani, qui continuent de vivre à la façon de leurs parents, et élèvent leurs enfants de même. J'ai aussi croisé Ronald, qui fut maire à Macusani et qui espère être réélu en 2018 ; il cherche à faire connaître l'histoire de sa province à travers un musée qu'il a lui-même composé, et qui voudrait se battre politiquement pour développer l'élevage de l'alpaga. On lui pardonnera son obsession à vouloir planter des arbres dans la steppe.

A travers toutes ces rencontres, j'ai l'intuition que c'en est pas encore terminé de cet îlot culturel des Andes centrales. Les langues vernaculaires diminueront, c'est certain, mais l'université de la langue Quechua à Cuzco veillera certainement à ce qu'elles ne s'éteignent pas. Une certaine partie des jeunes partira, c'est certain également, mais j'ai l'impression que plusieurs resteront attachés à leurs origines.

Lors de mon dernier soir en Bolivie, je bavardais avec Epifanias (c'était de bon ton en ce début janvier...), qui me racontait le temps où petit, il traversait ce désert Bolivien avec une caravane de lamas, pour se rendre à San Pedro y faire du troc. Aujourd'hui, le semi-nomadisme n'existe plus sur l'altiplano, signe qu'une pratique de longue date peut se perdre en quelques années seulement.

Alors, carpe diem ?

Du Chili en vrac

Par Le 27/01/2017

Depuis mon arrivée au Chili, je me suis lancé dans une montée en latitude effrénée, traversant plus de 1000km à vol d'oiseau en bus, depuis San Pedro de Atacama.

San Pedro et l'Atacama

Après les efforts éreintants des 10 derniers jours, je cherchais un endroit pour me poser et me reposer. J'hésite à m'arrêter dans ce gros village qu'est San Pedro : l'ambiance western d'une petite oasis dans le désert est charmant... tant qu'on ferme les yeux sur les masses de touristes qui y affluent, et puis les prix sont assez élevés, surtout quand on arrive de Bolivie. Je pourrais rester au moins 5 jours ici pour visiter les nombreux sites aux alentours, mais après réflexion je me dis que question désert, je viens d'être bien servi, et qu'il y a d'autres lieux bien différents qui m'attendent au Chili.

Je passe tout de même deux nuits à San Pedro, le temps de laver les affaires et d'organiser la suite. J'y rencontre une chinoise qui voyage autour du monde, et qui a fait quelques années auparavant, en vélo, la montée à Lhassa par le Sud-est du plateau Tibétain... Malheureusement, elle confirme mes craintes : toujours impossible d'y aller sans passeport chinois. Je me satisferai (largement) des Andes en attendant.

Avant de partir, je profite quand même d'un petit circuit touristique aux geysers d'El Tatio qui se situent de l'autre côté des volcans que j'ai vus les jours précédents en vélo. Une sorte d'adieu à l'altiplano et à la haute altitude pour moi, je n'y retournerai probablement pas avant mon retour.

P1090080

Le Licancabur depuis les rues de San Pedro.

P1090088

Un des geysers d'El Tatio

P1090103

Une petite église de l'Atacama

P1090113Adieu, altiplano... que de souvenirs dans tes plaines, ton grand lac et tes cordillères !

Les vignes dans le désert

Depuis San Pedro, direction La Serena, située à une nuit de bus plus au Sud. J'y fais une pause dans mon trajet vers Valparaiso afin de profiter d'une nuit d'observation du ciel nocturne, cette région étant "La Mecque" de l'astronomie. Le temps est favorable (j'ai quitté la saison des pluies du haut plateau) et je suis désormais en plein milieu de l'été austral, l'équivalent d'une fin Juillet en France.

La Serena est une petite ville coloniale agréable, à deux kilomètres de l'Océan, avec un marché artisanal très animé sur la place centrale. De là, je prends un bus qui me conduit rapidement vers la cordillère, pour atteindre une vallée d'altitude remplie de vignobles. Le contraste entre l'aridité des montagnes et la verdure de la vallée forme un paysage remarquable, une certaine douceur de vivre.

Je profite de la nuit dans un petit observatoire, et c'est l'occasion de me repérer dans ces nouveaux cieux, qui vont devenir de moins en moins connus au fur et à mesure de ma montée en latitude. Là-bas, la croix du Sud, qui est encore assez allongée à l'horizon : nous ne sommes qu'à 30 degrés de latitude Sud. A côté de la voie lactée se distinguent les deux nuages de Magellan, magnifiques points de repère de ce ciel Austral. Il s'agit de deux petites galaxies qui orbitent autour de la nôtre, à quelques centaines de milliers d'années lumière (seulement !). Voilà des corps célestes qui figurent parmi les plus éloignés restant clairement visibles à l'oeil nu.

Ensuite, retour à La Serena pour reprendre un bus de nuit vers le centre du pays et Valparaiso. En attendant, je profite de l'après midi au bord de l'océan Pacifique, mon nouveau compagnon de voyage.

P1090154

Le centre ville de La Serena

P1090150

Un sculpteur sur sable qui travaille cet été dans les rues de La Serena...

P1090151...et son travail incroyable.

P1090122

Vignobles et désert

P1090139

La vallée de l'Elqui

P1090159

Le phare qui surveille...

P1090165...l'océan Pacifique.

Valpo, pour les intimes

Suite et fin du Chili en mode express. Je débarque à Valparaiso, port emblématique du Chili, au point que ses habitants sont nommés les Porteños. Principale escale dans le Pacifique Sud du temps où le canal interocéanique n'était pas encore percé (les bateaux n'avaient pas d'autre choix que de passer par le lointain canal de Magellan), il en a résulté une ville prospère, dont le centre est aujourd'hui classé par l'UNESCO. Si la ville parfaite n'existe pas, Valparaiso contient beaucoup d'éléments qu'il faudrait retenir pour la créer. Alors après Cusco et La Paz, voici le troisième reportage urbain de mon voyage.

P1090253

P1090247

P1090209

P1090185

P1090191

J'ai rêvé de collines et de maisons si colorées qu'on en découvrirait de nouvelles teintes...

P1090240

P1090200

...j'ai rêvé de trouver l'arc-en-ciel en montant un escalier, avec une pincée de poésie...

P1090255

...j'ai rêvé d'une maison orange en face du Pacifique...

P1090198...j'ai rêvé d'une rue où les fleurs remplacent le bitume...

P1090178

...et j'ai rêvé d'une ville où le Tag est de l'art.

P1090167

"La abuela"

P1090216

L'un des cerros de la ville, avec le siège de la marine chilienne en avant-plan, depuis la place Sotomayor.

P1090230

- Tu peux jouer un octave plus haut ? - Attends, j'suis crevé, je fais une pause.

P1090238

Jouer dans les rouleaux de l'océan Pacifique, à Viña del Mar.

Mercredi, j'essaie de m'aventurer vers le sommet de La Campana, qui se trouve au bout de la ligne de métro de la ville. Du haut de ses 1800 mètres, il domine d'un côté l'océan, et de l'autre la vallée centrale du Chili, au dessus de laquelle s'élève la Cordillère des Andes. Avec un peu de chance, j'espère y voir l'Aconcagua, point culminant des Amériques à près de 7000m. Malheureusement, les parcs nationaux d'une très grosse moitié centrale du Chili sont fermés ces derniers jours à cause des risques d'incendie, alors je suis contraint de renoncer à ce projet, ainsi qu'à celui de randonner dans la région de La Araucania plus au Sud. Alors direction "La Patagonie" dès demain !

P1090263

La Campana, que gravit Darwin en d'autres temps. Dommage, le jour était clair.

Deserts Boliviens - Partie 3 : L'apothéose

Par Le 26/01/2017

Du grec "apo" (depuis ou comme), et "theos" (Dieu). Pour avoir recherché cette égalité, d'aucuns furent chassés de l'Eden. Ailleurs, un autre prétend que "(nous sommes) des dieux", rendant absurde ce concept d'apothéose. Quoiqu'il en soit, on se sent souvent immensément petit devant les dimensions qui nous entourent, et quand certains moments transcendent nos points de vue habituels, on peut se sentir en apothéose. A ma décharge, je ne l'ai pas cherchée, cela m'est simplement tombé dessus alors que je traversais incognito un quelconque désert de notre planète.

Un peu (trop) haut

Après un bon dîner et une nuit au refuge, qui m'auront formidablement requinqué, je repars le lendemain pour en finir avec ce désert aussi éprouvant que merveilleux. Le Chili n'est plus qu'à deux jours de vélo, je suis au Sud du Sud de la Bolivie.

Les tout premiers kilomètres sont les plus durs de cette étape, car cette fois-ci l'épaisseur de sable ne me permet plus de rouler, alors j'avance à pied. Heureusement au moment d'attaquer une montée, je retrouve une piste incroyablement lisse pour la région. Il doit y avoir un truc, c'est pas possible... Ah oui, je roule sur des dalles de pierres bien polies, qui affleurent à peine. La côte me mène toujours plus haut : 4600, 4700, 4800m. C'est le moment opportun pour croiser deux amis Vaudois qui voyagent en 4x4. L'orage éclate un peu tôt ce jour, et je suis bientôt sous la neige, observant les points d'impact des éclairs à une poignée de km autour de moi. Dans cette caillante, je passe devant les fumerolles d'un petit champ de geysers. Finalement, dans une ambiance extraterrestre, je franchis une passe à plus de 4900m. Là, je suis peut être monté un peu trop haut pour faire du vélo. Promis je redescends.

P1080883

La montée vers le col, laissant derrière moi la Laguna Colorada.

P1080886

Un des geysers de Sol de Mañana

P1080888

Me voilà sur Mars ? Je suis peut-être monté un peu trop haut pour le coup.

Ca tombe bien, en passant le col, le vent vient subitement me pousser, que dis-je pousser, propulser, éjecter, et en plus la piste est très bonne.

C'est parti pour une descente à tombeau ouvert vers les lagunes et le salar de Chalviri qui reflètent des couleurs irréelles. Arrivé en bas, il y a quelques baraquements autour d'une piscine thermale ; je camperai ici malgré le grand vent et le sable du terrain. (Plant your Quechua tent : level Bolivie unlocked !).

P1080894

Descente vers le salar de Chalviri dans une lumière iréelle

Les bains sont les meilleurs que j'ai testés jusque-là : eaux non douteuses, de l'espace pour faire quelques brasses, température idéale, et du sable noir pour les pieds. Parfait pour regarder les éclairs au loin. Quelle chance d'être là le soir : les touristes sont partis et les habitants descendent à la piscine pour en profiter à leur tour. En regardant ces personnes, je prends conscience que je passe mes derniers instants au milieu de ces deux peuples merveilleux que sont les Quechuas et les Aymaras. Au Chili, c'en sera fini de ces hommes aux sombreros, toujours prêts à faire un pas de danse, et des "cholitas" (les "bavardeuses", nom donné aux femmes ici), et des vêtements encore plus colorés que le volcan Thunupa.

Définitivement trop haut

Je repars le lendemain pour ce qui sera ma dernière journée intégralement bolivienne, après plus de 40 jours dans ce pays. Je traverse lors des premiers kilomètres une pampa connue sous le nom de "désert de Dali". Ce sont des blocs rocheux, aux formes plus ou moins étranges, plantés dans une plaine de sable.

P1080916

Le désert de Dali au loin...

P1080936

Vision surréaliste d'un troupeau de vigognes... dans le désert.

Un petit col me porte à nouveau en altitude, avant de descendre dans la vallée de la fameuse "Laguna verde". Le volcan qui la domine, le célèbre Licancabur, ne tarde pas à dévoiler sa silhouette mythique.

P1080943

Première vue du Licancabur, et un piaf qui s'apprête à le percuter !

J'arrive finalement au bord de la Laguna verde, avec l'impression d'être parvenu à la ligne d'arrivée de ma longue traversée du désert. En effet, même s'il reste 60 km à parcourir pour atteindre San Pedro de Atacama, la frontière n'est plus qu'à 10 km, puis je retrouverai l'asphalte et une très longue descente (2200 m de dénivelé).

La lagune ne vole pas son nom, elle est d'une magnifique couleur turquoise laiteuse, et s'étend au pied du volcan.

P1080958

Il y a quelques années de cela, je rêvais de gravir le Licancabur, mais la raideur de ses pentes me décourage d'y aller tout seul, d'autant plus que je ne connais pas l'itinéraire. Arrivé au refuge, j'ai la bonne surprise d'y rencontrer un Ukraino-Polonais (qui passe son temps libre dans un certain parc national des Tatras...). Il s'apprête à monter le lendemain au volcan, avec un guide. A court de monnaie (et sans distributeur à proximité !), je ne peux pas partager la moitié des frais, mais on finit par trouver un accord gagnant-gagnant. Alors le lendemain matin à 3h, c'est parti pour l'ascension. L'orage de la veille ne s'est pas évacué, et on fait les premiers mètres sous la pluie, qui sera vite remplacée par de la neige et du brouillard. Puis, vers 5800 m, une sorte de bande jaune apparaît à l'horizon, et on croit distinguer les lacs plus de 1500 mètres plus bas. Fausse espérance, puisque le brouillard se referme aussitôt. On continue vers le sommet qui est désormais  à un jet de pierre. La suite, c'est l'histoire d'une apothéose.

P1080980

La montée au volcan. Quand un Ukrainien a froid, c'est que c'est sérieux...

P1080986

A quelques encablures de la cime, on distingue un paysage à travers les nuages...

P1090005

Et le magnifique lac de cratère du volcan, qui n'est pas gelé malgré son altitude. Notre Nicolas Hulot national y a plongé, pour y découvrir les formes de vie sous-marine probablement les plus hautes du monde. Comment ont-elles pu éclore si haut et entourées d'une si haute muraille ?

P1090010

Bolivie ou Kamtchatka ?

P1090019

P1090023

P1090029

P1090035

Le superbe sommet du volcan Juriques

P1090057

Après cette aventure dans un autre "pays d'en haut", je reprends mon vélo, pour franchir la frontière quelques minutes plus tard. Un tampon de sortie, et me voilà au Chili. L'émotion est au rendez-vous, car je sais qu'en quittant la Bolivie, c'est tout un autre monde que je quitte, et qu'avec le Chili, c'est la culture occidentale que je retrouve, en me dirigeant vers la deuxième moitié de mon voyage, qui sera radicalement différente de la première : la Patagonie.

P1090068

Bye bye Bolivia...

P1090064

Hola Chile !

Encore 5 km de montée m'emmène une dernière fois à 4600 m, puis j'entame une descente déboussolante vers le désert d'Atacama. C'est une expérience thermique, qui commence dans le brumisateur froid et humide du haut plateau, pour progressivement entrer dans le sèche-cheveux tiède de l'Atacama. Au fur et à mesure de la descente, les plantes se raréfient puis disparaissent, et je rentre enfin dans une immense plaine caillouteuse dans laquelle se trouve la petite oasis de San Pedro de Atacama. Le choc du changement de température, de paysage et de culture est violent. Maintenant, place au bus pour traverser la zone centrale de cet immense pays !

P1090070

L'interminable descente, toute en ligne droite, vers la vallée de San Pedro

Au bas, il faudra changer les patins !

Et moi je vous dis à bientôt, pour de prochains reportages sur le Chili !

Un peu d'humour - L'histoire du taxi bolivien

Par Le 25/01/2017

Voici la prime promise après l'histoire des lamas... C'est une petite histoire tirée d'une aventure qui s'est passée à La Paz.

Un jour, je devais me rendre dans un quartier de la ville un peu éloigné du centre, et comme j'étais fraîchement arrivé, j'ai décidé d'arrêter un taxi pour m'y rendre.

Au bout de quelques minutes, je me rends compte qu'il passe un feu rouge à toute vitesse. Étant un peu fatigué, je fait mine de laisser passer. Deux croisements plus tard, rebelote. Agacé, je lui fait gentillement comprendre que je ne suis pas pressé, et que je préfèrerais largement qu'il respecte les feux. Il me répond : "Tranquille, amigos, je suis un professionnel !".

Je le guette lors du prochain feu, qui ne tarde pas à arriver. Et une fois encore, il passe tout droit, pied au plancher. Cette fois, je m'énerve sérieusement, lui signalant qu'on venait encore de passer au rouge. Il me répond le plus calmement du monde "Tranquille amigos, je suis un professionnel !". Au prochain croisement un peu plus loin, le feu est vert, et intérieurement je me dit "Ouf ! Un coup de stress en moins !". Mais à ma surprise, le chauffeur pile net devant le feu. Je perds mes nerfs, en lui demandant ce qui ne va pas avec lui : "tu viens de passer trois feux au rouge, et quand c'est enfin vert, tu t'arrêtes ??"

Ce à quoi le chauffeur me répond : "Tranquille amigos, je suis un professionnel. Là le feu est vert, ce qui veut dire qu'il est rouge à gauche et à droire. Il y a donc d'autres professionnels qui risquent d'arriver en pleine vitesse sur le carrefour !"

 

Bon, ce n'est pas une histoire vraie, mais une blague que font les arabes à propos des conducteurs égyptiens :p

Toutefois, prendre un taxi en Bolivie est souvent une aventure, et parfois on est pas loin de voir des voitures qui doivent ralentir au vert pour laisser passer les autres !

Aller, un petit jeu en prime : trouve les 1 différence entre les deux photos ci-dessous. Indice : regarde en bas a droite de l'image.

P1080976

P1080975

Deserts Boliviens - Partie 2 : Le desert

Par Le 25/01/2017

Je voulais profiter de la journée pour faire de la rando dans l'arrière pays de Valparaiso, mais toutes les réserves forestières du pays sont fermées jusqu'en Patagonie... à cause des risques d'incendie. Quand la France gèle, le Chili brûle. Alors aujourd'hui, ce sera plage et écriture !

Flamands, graviers et tôle ondulée

En quittant la route principale, j'ai rapidement un aperçu de ce qui m'attend : quand ce n'est pas un chaos de pierres (ce qui serait génial en VTT - du genre le début de la descente d'Ailefroide pour les connaisseurs), c'est un petit tapis d'un sol à la frontière entre le gravier et le sable. Au fait, savez-vous quel9 est le diamètre qui sépare le sable du gravier en granulométrie ? 10 points à celui qui trouve sans Google. Ca reste roulable au demeurant, à condition d'adapter le braquet, et ça offre le plaisir de rouler presque où je veux, étant donné qu'il y a des dizaines de traces parallèles différentes.

Jusque-là, ça va. Car à cause du passage des véhicules, le chemin se transforme parfois en un terrain de cross, connu sous le nom de "tô

++.0-+le ondulée" : une alternance de bosses et de creux qui font la largeur de la route, parfois 15cm de profondeur, avec si peu d'espacement qu'il est impossible d'amortir une bosse avec la roue avant sans se prendre de plein fouet une précédente avec la roue arrière. Ca casse la vitesse, et ça demande une concentration incroyable pour supporter tous les chocs que je me prends. Un peu de relâchement, et je me prends une méchante secousse inattendue, et voilà la crise de nerf qui s'installe doucement. A 9h du matin, ça va. A midi, passe encore. Mais à 15h... Désolé pour les flamands roses qui ont reçu toutes sortes de noms d'oiseaux... Rouler en Bolivie, c'est apprendre la maîtrise de soi ; sans quoi le vélo finira tôt ou tard par atterrir dans le fossé.

On peut se demander pourquoi quelques fous s'obstinent à faire du vélo ici... Mais une fois le contingent de 4x4 touristiques passé, nous, les cyclistes, avons le désert pour nous tout seuls - à partager avec les viscaches et les vigognes bien entendu - et cela n'a pas de prix.

Je commence à traverser une petite vallée longiligne dominée par de hauts volcans et parsemée de lagunes, qui sont remplies de flamands roses.

P1080784

Laguna Cañapa, et sa surpopulation de flamands

Un petit bivouac par ici sera idéal, me voilà enfin au coeur du désert.

P1080792

P1080798

La laguna Hedionda, au soir puis au matin

Désert du Siloli

Je repars le lendemain pour gagner encore un peu d'altitude, et ainsi me hisser sur un vaste plateau autour de 4600m, connu comme la "Pampa de Siloli". La montée, que je redoutais, se passera sans problème grâce au vent dans le dos, et dans le magnifique décor d'un mini cañon orange.

P1080813

Le spectacle, c'est ici que ça se passe, pas au Dakar !

Je roule au fond du cañon, à l'endroit où coula sûrement une rivière un jour, ce qui donne une ambiance assez spéciale et très agréable. Subitement, je sors de ce mini vallon pour déboucher au milieu du ciel, posé sur un plateau de sable-gravier orangé. Par ci et par là, quelques chaînes de volcans enneigés dépassent, le décor est immense et merveilleux.

P1080819

L'arrivée à "Silala". Prochaine étape, Solfafa. Avec un peu de chance, j'atteindrai Rédodo pour la nuit.

P1080821

P1080823

Pays merveilleux, à deux pas du ciel.

Une courte descente me fait tomber du plateau pour rentrer dans ce qui ressemble à une large vallée à fond plat, bordée par quelques montagnes. Je roulerai dans ce décor pendant plus de 30km. Par ci par là, des troupeaux de vigognes gambadent dans le sable, scène étonnante que de voir ces animaux (très gracieux) qui semblent s'amuser dans ce désert, alors qu'il n'y a ni ruisseau, ni plantes sur des dizaines de kilomètres...

Un petit bivouac au pied d'un massif de rochers, pour profiter en plein du désert... et des viscaches, pas farouches par ici.

P1080836

La pampa de Siloli

P1080838

Bivouac au désert

Après avoir roulé encore toute la matinée dans ces paysages, j'arrive en un lieu surprenant, où les volcans ont laissé des rochers en plein milieu de la plaine, et où le vent s'est chargé de les sculpter.

P1080861

Qui aime l'adhérence?

P1080862

"El arbol de piedra". J'ai vérifié, on ne respecte pas du tout les coefficients de sécurité imposés par les normes...

P1080860

La fin du désert de Siloli. A partir de là, j'entame une longue descente vers la laguna Colorada, qu'il faudrait penser renommer "la flaque décolorée" vu le peu d'eau qui reste en ce jour. En arrivant sur la rive, on m'indique qu'il y a un refuge à 7km d'ici.

Après 14 km (deux fois la distance indiquée !), par vent de face et sur tôle ondulée, j'aperçois enfin ce fameux refuge. Pas fâché ! Cela fait déjà 3 jours et 3 nuits que je voyage en autonomie complète.

En plus, un touriste attentionné m'offre le pinard, le bonheur est complet !

P1080877

Deserts Boliviens - Partie 1 : Au pays des lignes droites

Par Le 24/01/2017

Hola a todos !

Back on the roads!

Depuis le terminal terrestre d'Uyuni, Tim est reparti vers le Nord, quand moi je prenais le vélo pour le Sud. C'est un peu brutal de se re-trouver seul en plein milieu de l'Amérique après tant d'aventures ensemble, et ça fait bizarre de   trouver à nouveau la tente vide...

Mais c'était ma règle du jeu, et en fin de compte, quoiqu'on dise, je me rends compte qu'il ne faut pas tant de temps pour s'habituer aux changements.

Un peu de Camargue

Je règle mon azimut à 180, mon cap pour tout le reste du voyage. Le passage du rallye précipite un peu mon départ : à cause des prix qui flambent dans cette ville d'Uyuni, je préfère ne pas attendre ces soit disant "champions", qui n'hésitent pas à emprunter les rares routes asphaltées du pays plutôt que de rouler en terrain boueux.

Mon objectif, l'Atacama, pour définitivement passer la frontière Chilienne.

Ma route : la région semi-désertique de haute altitude du Lipez, qui constitue l'extrême Sud du pays.

P1080731

Une future championne ?
On me prévient en partant que la campagne est inondée. Une fois n'est pas coutume, je n'écoute pas les conseils des boliviens, qui me disent que je ne pourrai pas bivouaquer sur une centaine de km, et qu'il me faut partir demain pour atteindre un village ; après 20 km je pose ma tente dans une plaine asséchée.
Les 2 prochains jours, je roulerai dans la grande plaine au Sud du salar, par des routes sans virages et (presque) sans villages. La distance entre 2 pueblos est de 30 ou 50 km, je fais jusqu'à 15 km sans le moindre changement de direction. Ca peut paraître ennuyeux, mais j'aime vraiment ce genre de routes.
La terre est très colorée, souvent d'une belle couleur rouge qui donne quelques airs d'Outback Australien. Une après midi, je croise sous mes roues la plus grosse araignée que j'ai jamais observée. Ok, je n'irai jamais rouler en Afrique ou en Australie.
Le second soir, je m'installe quelques kilomètres après un village de mineurs qui extraient le lithium, sur une petite plaine de sable. Un violent orage éclate, et je me retrouve en quelques minutes piégé dans ma tente qui flotte sur 3cm d'eau, écoutant impuissant la grêle et les rafales de vent qui jouent avec mon abri précaire. A chaque seconde, je me demande combien de temps je vais rester au sec dans cette tente. En fin de compte, je n'ai qu'un mot à dire : merci decathlon pour la qualité du produit !
Le lendemain, la plaine est inondée, et la piste apparaît comme une digue qui trace sa route au milieu d'un lac. Je rencontre les difficultés plus tôt que prévu, avec la boue qui colle à mes roues, et m'arrête net lorsque je baisse ma vigilance.
P1080741
Australie ?
P1080744
La boue, la peur de l'artillerie, la galère des vélos
P1080746Roulant à travers la plaine innondée, avec toujours quelques chaînons montagneux en vue.
P1080747
Je croise un petit courant d'eau claire qui se jette dans la plaine transformée en lac. Qui pourra distinguer le ciel de la terre ? "C'est au bout du regard, là où les bateaux quittent la mer..."
Dernier village
En arrivant au charmant petit village de San Juan de Rosario, je sais qu'il s'agit pour moi de la dernière communauté humaine dans mon itinéraire, si l'on excepte les refuges touristiques et les fermes isolées. Il est temps pour moi de remplir mes réserves d'eau au maximum pour pouvoir affronter le désert en autonomie complète. Merci à Victoria qui accepte gracieusement de me servir de l'eau de sa réserve personnelle. Me voici avec 13 litres, qui me permettront 4 jours d'autonomie selon ce que j'espère.
Je passerai une 3ème nuit dans cette grande plaine, un peu plus tranquille cette fois, avant d'attaquer les choses sérieuses.
Au fur et à mesure que je me rapproche de la frontière, que je longerai sur 250km, le paysage se couvre progressivement de volcans enneigés. Pour gagner une dizaine de km,  je coupe en mode "hors piste" dans une plaine de sable, au bout de laquelle se termine ma route au plat. Il me faut quitter cette grande plaine que je fréquente depuis Uyuni, pour monter sur des hauts plateaux plus désertiques.
Au bout de la première montée, je croise un couple de lyonnais qui traversent en 4x4 les Amériques, qui me proposent de prendre un café bien apprécié à ce moment de la journée. Quelques kilomètres plus loin, après une portion de piste (enfin) roulante et de toute beauté, je quitte l'axe principal, pour désormais me faufiler par les traces de 4x4, seuls véhicules à s'aventurer par là, à travers les déserts d'altitude de l'extrème Sud bolivien. Mais ça, c'est une autre partie de l'histoire !
P1080748
San Juan de Rosario, dernier village. Une centaine de personnes, vivant de l'élevage de lamas et de quelques cultures, sous l'oeil bienveillant du volcan Ollague, déjà au Chili.
P1080752
A mi-chemin de la plus longue ligne droite
P1080755
Condensé de Sud Bolivien : une piste en terre dans la plaine, sous un volcan, un troupeau de lamas ou de vigognes en embuscade.
P1080757
En prenant de la hauteur, après 2 jours et demi tout droit et tout plat. Au loin, le Chili.
P1080766Derniers kilomètres sur quelque chose qui ressemble à une route, dans un monde de roches colorées et de volcans.
 

Salar, here we are

Par Le 21/01/2017

Après les canyons arides du Pérou, c'est tout naturellement que nous mettons le cap vers le sud de la Bolivie. Départ donc le 31 décembre de La Paz pour une arrivée le 01 janvier 2017 à Uyuni. On ne sait pas exactement l'endroit où on était pour ce changement d'année mais ce que nous savons c'est que l'on dort mal dans un bus de nuit bolivien. Apparemment, les routes sont plus adaptées au Paris-Dakar qu'à une sieste. Bref, c'est pas comme si on venait de louper un grand événement. L'ambiance dans le bus était au rendez-vous : trente personnes essayant de dormir malgré les dos d'ânes boliviens.

P1160103

On part finalement pour le cimetière de trains (de locomotives pour être plus précis) en passant par le biais d'une agence. Ensuite direction le désert de sel d'Uyuni (le salar). Après avoir forcé un barrage de police, on y arrive enfin. L'entrée de ce salar est marquée par cette statue :

P1160112

On a bien pensé à toi, notre cher grand-oncle. Cette statue est entièrement faite de sel. Le salar d'Uyuni est le plus grand désert de sel du monde. Sa superficie est égale à celle de l'Île de France avec parfois une profondeur atteignant 120 mètres de sel. A lui seul, ce salar détient le tiers des réserves de lithium de la planète. Mais les boliviens n'ont pas les capacités de trier le lithium du sel. Les boliviens sont payés une misère pour extraire le sel et l'envoyer au Chili, qui se frotte les mains de faire des bénéfices aussi importants en revendant cette matière rare.

On fait une pause devant un hôtel de sel pour pouvoir contempler le paysage.

P1160115

La chaleur au niveau du sol est telle que les 4x4 on l'air de flotter.

P1160139

En Bolivie, les bières sont un peu plus grosses qu'en France. Ne commandez pas une pinte !

P1160117

Ce croc aussi est d'une taille démesurée.

Puis on approche une flaque d'eau :

P1160174

P1160169

Réflexion totale.

P1160269

P1160263

P1160333

Un petit coucher du soleil comme on en a l'habitude en France.

On dort à Coqueza, un petit village en bord de mer évaporée.

Le lendemain on part pour le volcan Tunupa qui domine le salar.

P1160408

Sa forme spectaculaire et ses couleurs font tout le charme de ce volcan.

P1160421

Le rouge est prédominant mais le jaune et le violet sont aussi présents sur ses pentes.

Le guide nous dit que l'on est actuellement sur le terrain de chasse du puma.

Heureusement on voit des viscaches donc la probabilité de ne pas finir dans les griffes de ce "super-over-giga-méga-prédateur of the dead" n'est pas nulle.

P1160427P1160434

Du haut de ce volcan (5200m), on domine le salar. Imaginez-vous en haut d'une montagne de 1600m placée juste au bord de la mer (de sel).

Après cette magnifique aventure, nous partons pour l'île Incahuasi. Beaucoup de 4x4 circulent devant, mais lorqu'on passe derrière un cap, plus personne si ce n'est l'infini de sel.

P1160469

Après avoir "planté" la tente on va sur notre table et on mange...

Première nuit sur du gros sel : ça fait bizarre (mais surtout mal au dos)

On part à la recherche de l'eau sur ce salar (pour voir des reflets : lors de la saison des pluies, le salar est recouvert d'eau et il se transforme en gigantesque miroir). Après avoir marché une dizaine de kilomètres dans une direction, on croise un 4x4 qui nous dit que l'eau s'est évaporée. Ca doit faire 10km pour le retour. Marcher - à plat - sur un plateau de sel à perte de vue est très déroutant et plaisant (et oui un montagnard qui dit ça, la honte).

P1160599

On pourrait partir et marcher sans s'arrêter vers le coucher du soleil...

P1160510

Petite prime à qui saura reconnaître de quel album de Tintin cette image est tirée.

P1160459

P1160505

Quelques photos de l'île.

P1160508

Alors lui, il est trop fort pour ne pas se faire embrocher.

P1160610

Curieuses formations volcaniques : une couche de lave entoure chaque pierre de cette île.

C'est l'heure de quitter mon frère... Et maintenant, que vais-je faire ?

P1160621 4

Au revoir Val, merci pour tous ces si beaux moments qu'on a pu partager ensemble.

Continue à te faire plaisir dans toutes les activités que tu vas entreprendre. Prends plaisir aussi dans toutes les rencontres que tu feras et souris, c'est le plus important même si t'es seul.

Au plaisir de te revoir dans 4 mois mais de te lire plus rapidement.

"Jeune homme, réjouis-toi au cours de tes jeunes années, et que ton cœur se fasse du bien pendant ta jeunesse ; marche sur les chemins où tu voudras aller et va vers ce que tu désires". Ecclésiaste 11:9 (la Bible)

 

Les sentiers du vertige

Par Le 17/01/2017

Après les canyons de jungle du Machu Picchu, nous nous dirigeons de l'autre côté de l'altiplano, vers les canyons désertiques de la région d'Arequipa.
Petite pause dans la ville d'Arequipa, et sa magnifique plaza de Armas, chef d'oeuvre de l'architecture coloniale.
F0000251 1
Dégustation du cocktail national, le Pisco sour. Otra vez, por favor ! Comme le dit très bien le cap'taine Haddock : " Ah ! Ce Pisco. Ce Pisco, c'est le plus beau jour de ma vie" fin de citation
F0000235 1
A 01:00 du matin, nous montons dans le petit bus qui nous porte à Cabanaconde, un village sur le bord du canyon de Colca.
Réputé comme l'un des plus profonds des Andes, il est dominé par des sommets à plus de 5000m, ce qui donne des pentes de 3000m de dénivelé.
F0000300 1
Nous commençons une descente vertigineuse jusqu'au fond du canyon, où règne une ambiance tropicale, idéale pour piquer une tête dans les eaux orange du rio Colca.
Nous espérons explorer un canyon annexe, celui du rio Huaruro, pour y découvrir quelques cascades.
S'en suit une remontée plus éprouvante sous le soleil de midi, après quoi nous bifurquons dans la vallée de Huaruro.
Fidèles à un proverbe inca qui dit "where is a vire, there is a way" (qui fut repris et légèrement modifié par les anglo saxons), les habitants de la vallée ont construit leurs sentiers là où les chamois d'Europe n'oseraient pas poser leurs sabots.
F0000335 1
Nous marchons des heures durant suspendus entre les hautes cimes et la profonde vallée. Nous scrutons la moindre zone d'ombre pour prendre un peu de repos. Au bout de quelques temps, nous rencontrons un villageois qui nous dit que les pueblos du fond de la vallée, où nous espérons passer la nuit sont inhabités. Nous ne l'écoutons pas, j'ai l'intime conviction que quelqu'un nous attend là- bas. Au fur et à mesure des minutes, nos réserves d'eau s'amenuisent, et le village n'est toujours pas en vue.
F0000338 1
Et puis soudainement, au détour du sentier, nous trouvons coup sur coup l'eau et le village.
F0000339 1
Photo à méditer : on a beau construire sur le roc, mais  il faut savoir choisir ses matériaux et les entretenir...
Fure (à prononcer fouré pour les français), une trentaine de maisons accrochées à la pente, entourées de cascades et de petites terrasses agricoles. Les maisons sont fermées, mais quelques champs semblent entretenus. Nous poursuivons nos recherches, et nous finissons par rencontrer Diodor, seul habitant à ce jour au village. Il nous propose de passer la nuit dans une cahute du village, ce que nous acceptons avec joie.
F0000396 1
Nous nous partagerons un petit lit, c'est à dire une couverture posée sur quelques branches.
Après une nuit plutôt inconfortable, nous sommes partis pour le fond de la vallée de Huaruro.
P1160010 1
Le brouillard commençait à se lever, et laissait place à un décor spectaculaire.
Et puis tout d'un coup, la cascade se révèle :
P1160058 1
La cascade sort par un verrou rocheux d'un vallon suspendu, de toute beauté.
F0000389 1
Et même l'arc en ciel s'invite à la fête.
P1160004 1
P1160066 1
P1160078 1
En commençant à repartir, un couple de condors vint sublimer ces magnifiques paysages, on est là-bas comme dans un rêve.
P1160101 1
Difficile de quitter ces paysages grandioses. Pendant le retour, sur l'autre rive, une oasis se présente à nous, Parfait pour nous poser à l'ombre et observer quelques fleurs au milieu du désert. Un plouf dans le rio Huaruo, qui est un peu plus limpide que le rio Colca et c'est reparti pour une remontée de 1100m de dénivelé. Heureusement on a pu profiter d'un brumisateur naturel qui était le bienvenu: la pluie (la bruine).
F0000255 1
En arrivant à Cabanaconde, les gens travaillaient encore.
F0000277 1
Une pause pour profiter de tous ces costumes colorés et volvemos à La Paz pour une nouvelle aventure...
 

Les photos arrivent...

Par Le 14/01/2017

Télécharger des photos sur des ordinateurs "Windows" en libre service, c'est bien plus risqué que de prendre la grippe en hiver en France ! Pour guérir et s'immuniser - ouf - il y a Linux et Photorec ! Et puis de retour en France je (Timothée) retrouve un clavier AZERTY et des accents pour vous partager (certes avec un peu de retard) des photos et récits. Veuillez nous excuser du retard..

P1150800

Certaines personnes diraient que c'est par malchance que le brouillard s'est invité lors de notre excursion mais nous dirons que c'est Dieu qui a envoyé ce voile pour rendre l'ambiance encore plus saisissante, mystique, mythique, fantastique...

P1150948

Impossible de résister à la tentation de faire la photo "classique".

F0000252

F0000293

Pas la peine de préciser que les Incas savaient très bien s'adapter à tout type de terrain.

P1150959

P1150816

Voici deux vues depuis le site...

F0000254

Nous prenons donc un peu de hauteur pour contempler le site.

P1150891

Oups on est monté un peu trop haut peut-être. Sur cette photo on peut l'apercevoir 600m plus bas. Si, si je vous l'assure.

P1150873

Peu importe,l'ambiance n'en reste pas moins dépaysante et impressionnante.

P1150941

Quand on vous dit que les Incas avaient les pieds sûrs c'est que c'est vrai. Dites-vous que la pente raide continue jusqu'au fond de la vallée, 400m plus bas.

P1150990

Il faut dire que le site est construit à gauche de l'image et que la montagne que l'on voit n'est autre que le Huayna Picchu (jeune montagne), la montagne emblématique du site.

Précisons que ce site archéologique n'a officiellement pas de nom. Il s'est perdu au fil des siècles car la culture inca est surtout orale. Le nom Machu Picchu (vieille montagne) provient de la montagne située derrière le site (à l'opposé du Huayna).

Ne manquez surtout pas les deux prochains articles qui sortiront bientôt ^^

Noël Inca

Par Le 08/01/2017

De la part de Valentin et Timothée, joyeuse nouvelle année à chacun ! Peu importe qu'elle ait commencé dans les froidures de l'hiver européen ou dans les chaleurs des tropiques Sud Américains.

Si vous n'êtes pas satisfaits de votre réveillon, sachez que certains l'ont passé dans un bus de nuit bolivien...

Le Temple du Soleil

Le troisième opus de notre série de Tintin se déroulera en plein milieu des festivités de la nativité. Le refrain "Navidad, navidad, hoy es navidad" nous court dans la tête alors que nous commençons à descendre dans la vallée sacrée des Incas. Lors de ma première visite à Cusco, je m'étais arrêté au temple d'Ollantaytambo, mais cette fois nous sommes bien décidés à continuer un peu plus bas, en nous enfonçant dans cette gorge profonde. Qu'y a-t-il par là bas ?

Pour le savoir, il nous faut remonter plusieurs siècles en arrière.

Au début du 16eme siècle, un colon espagnol installé au Panama entend parler d'un empire regorgeant d'or, qui habiterait le Pérou. Sur le modèle de la récente conquête de l'empire aztèque par Hernan Cortès, il engage une poignée de conquistadors pour lancer l'exploration de cette contrée. Par un subtil jeu politique, se présentant face à l'armée de 80000 incas avec 200 espagnols, il parvient à capturer l'empereur. Avec lui, c'est l'empire entier qui se soumet. Seulement, quelques nobles Incas n'acceptent pas la soumission, et se réfugient dans des forteresses inaccessibles perchées dans la cordillère de Vilcabamba. En 1572, le dernier Inca rebelle est finalement capturé, marquant la fin de la conquête du Pérou par les espagnols. Mais la cité de Vilcabamba demeurera inaccessible, et donnera naissance au mythe de la cité perdue des Incas.

Au 19eme siècle, un savant français en visite au Pérou fera quelques investigations qui le mèneront en vue des ruines de Choquequirao, dans le profond canyon du rio Apurimac. Le site était en réalité la forteresse qui contrôlait l'accès à la ville de Vilcabamba, qu'il n'atteindra pas. Cependant, il fait référence dans son carnet, de deux sites dont il a entendu parler lorsqu'il séjournait à Ollantaytambo, le "Machu Picchu", la vieille montagne, et le Huayna Picchu, la jeune montagne. Il ne s'y rendra pas, poursuivant son voyage plus au sud.

L'histoire continue en 1912, lorsque l'explorateur américain Hiram Bingham arrive dans la région, toujours motivé par la recherche de la fameuse cité perdue de Vilcabamba. S'inspirant probablement des notes de son prédécesseur, il parvient à trouver un indien local pour le guider vers les ruines. C'est ainsi que fut découvert le site du Machu Picchu par les Européens, presque 400 ans après la prise de Cusco. Si Bingham déclare avoir trouvé la cité perdue, les recherches montreront que la cité a été en réalité abandonnée avant la chute de Vilcabamba. Le site a été toutefois une place religieuse et politique de première importance, et la majesté du lieu sur lequel il a été construit en a fait le symbole touristique de tout le Pérou.

Pourquoi a-t-il été construit si haut ? Simplement pour être au plus près des divinités que les Incas vénéraient. Ainsi trouvait on plusieurs magnifiques temples là- haut, dont (on y arrive) le temple du Soleil. Le reste de la cité est constitué de logements pour la noblesse, d'écoles et de terrasses agricoles

Pour donner la chair de poule

En découvrant de telles cités, les archéologues suspectent que de grandes quantités d'or ont été cachées par les Incas en quittant les lieux. La chasse aux trésors Incas est ainsi une activité florissante au Pérou. Dans cette veine, un ami de notre guide a eu vent de plusieurs idoles en or enterrées au sommet d'une montagne. Aiguillé par les paysans du coin, il s'y rendit équipé de son détecteur de métaux. Se rapprochant du lieu, il y découvrit que les idoles bougeaient dans le sol, s'éloignant de la zone de fouille. Il sut alors, connaissant les coutumes quechuas, qu'il devait sacrifier 3 personnes, ou 5 bébés, pour récupérer ces idoles. Avis aux Indiana Jones qui parcourent ce blog. Demandez le Senor Eliott à Aguas Calientes.

Pour nous, on préfèrera profiter de la piscine thermale du village pour digérer cette journée dans ce site hors du commun.

Les photos viendront d'ici une dizaine de jours, quand Tim aura retrouvé des contrées informatiquement plus favorables !

×