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Patagonie, épisode 2 : Des montagnes sans nombre

Le 18/02/2017

Hola'la ! Catchai Po ? (En Chilien dans le texte)
Les mauvaises langues diront que le deuxième épisode est une copie du premier, et ils n'auront pas tout à fait tort.
Les éléments qui ont fait le succès du premier volet sont toujours là : les volcans enneigés, les parois de granite, les fjords et la forêt luxuriante. Mais regardez bien, il y a quelques nouveautés...


De Chaiten à Villa Santa Lucia
La carretera Australe  fut construite il y a une cinquantaine d'années par le régime militaire de Pinochet, pour désenclaver les régions du Sud. Un chemin de terre à la base, jusqu'il y a 6 ans, et qui va être entièrement asphalté d'ici 2025. J'alterne donc les portions de route, de pistes et de travaux, en particulier sur cette section.
Depuis Chaiten, je quitte l'océan pour m'engager dans une vallée parallèle. Devant moi, les falaises et la langue glaciaire du glacier Yelcho, derrière moi l'interminable calotte du volcan Michinmahuida. Après être passé sans m'arrêter devant une petite dizaine de sources thermales, je décide de profiter au moins une fois des eaux chaudes façon patagone, dans un petit vallon au coeur de la forêt. Disfrutando.
J'arrive bientôt au bord du Lac Yelcho, une autre merveille logée dans les montagnes. Une petite nuit dans la forêt sombre, envahie de limaces, et je repars plein Sud pour Villa Santa Lucia, que j'atteindrai rapidement après avoir passé un petit col vers 500m d'altitude. Je traverse ici des régions qui furent explorées et colonisées très récemment, entre les années 1910 et 1940, principalement par des allemands aventureux et des habitants de la proche île de Chiloe qui se joignirent à eux.
Villa Santa Lucia est un petit croisement, car d'ici part une route vers l'intérieur des terres qui donne accès à deux villages frontaliers. Je décide de tenter l'aventure vers l'un d'entre eux, pour découvrir à quoi ressemble la cordillère par là- bas. Je laisse donc mon vélo à Villa Santa Lucia, et décroche mes bâtons de marche et ma tente de mon porte- bagage.

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Une muraille de Granite qui me protège de la mer, et derrière laquelle se cache le volcan Corcovado

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L'interminable glacier du volcan Michinmahuida

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Le glacier Yelcho

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Et le lac Yelcho


Dans les yeux du condor
Dans le petit bus qui me dirige vers Palena, je sors petit à petit de la forêt sempervirente et des montagnes abruptes, pour trouver des prés, des forêts plus "européennes", des vallées plus larges et des sommets plus modestes. La géologie change un peu vers la frontière, c'en est fini du "tout" granite, et je retrouve des roches un peu moins nobles, ce qui ne manque pas de changer la physionomie des montagnes.
A Palena, je respire déjà à l'Argentine. L'accent de la langue, à couper au couteau, les vaches et les taureaux dans les prés, les hommes avec leur pantalon rentré dans leurs longues bottes de gauchos, un pull et un béret posé de travers à la façon maquisarde pour compléter le costume. Ils se déplacent souvent à cheval, même les ados. La classe.
Je m' embarque sur une route de "trekking", qui s'avèrera être surtout adaptée pour la parcourir à cheval. C'est une partie de l'itinéraire qui relie deux communes de cette région- là des Andes, celles de Palena et de Lago Verde, en passant par le très reculé Lac Palena, que je compte atteindre avant de faire demi- tour. J'apprendrai en revenant, par un ancien du village, que c'était une route de transhumance dans les décennies passées, qui a été abandonnée et investie par une réserve forestière. Seulement, les gardes forestiers n'ont pas entretenu les sentiers d'antan, et je m'en rendrai compte bientôt.
Après une remontée de la vallée du Rio Azul sur 20 km, le sentier carrossable s'arrête et je dois trouver et suivre l'ancienne trace de transhumance. Les aléas de parcours me la font perdre bien vite, et je dois me résoudre à changer mes plans, reconnaissant que je n'aurai pas assez de ressources physiques et alimentaires pour atteindre le lac Palena. Je continuerai comme je peux sur les pentes au Sud de la vallée, en cherchant à prendre de la hauteur quand les conditions s'y prêteront , empruntant les sentiers de vaches. Fidèle à ma devise : "si la vache passe, Val passe" j'arrive difficilement à me frayer un chemin dans forêts et broussailles et me loger sur un promontoire à quelques encablures d'un petit sommet que je n'atteindrai malheureusement pas avant mon heure fixée de demi tour. Je ne pourrai pas par conséquent observer le lac par les hauteurs,  ainsi que le paysage plus au Sud, mais je profite d'une vue fantastique sur le fond sauvage de la vallée du Rio Azul, entourée d'un large chaînon de hautes montagnes enneigées. Mais ce jour là, j'avais rendez-vous avec plus qu'un simple paysage. L'heure avance, et le soleil commence à chauffer ces pentes Ouest sur lesquelles je me trouve, créant les courants ascendants nécessaires au vol des condors. Un premier couple vient me saluer, en tournoyant pas bien loin de moi, puis s'en va. Je commence ma redescente, et passe par hasard sur une large vire entre deux hautes falaises. Mais la falaise supérieure, je le comprendrai bien vite, est aussi le nid du couple que j'ai observé tout à l'heure. Rapidement, l'un des deux condors revient, tournant chaque fois un peu plus proche au dessus de ma tête. En continuant de marcher pour ne pas le déranger plus longtemps, je profite d'un ballet des plus spectaculaire. Sur ce promontoire au dessus de la vallée, dans un décor continu de hautes cimes rocheuses, tourne et retourne le Condor, de ses ailes interminables qu'il ne bat presque jamais. Tantôt en bas, tantôt en haut de moi, tantôt à l'aplomb - ce qui projette à quelques mètres de mes pieds son immense ombre - je peux observer son cou incliné vers le bas et sa tête tournée vers moi pour me surveiller. Il se dégage quelque chose de très puissant de ce spectacle, le genre de choses qui habite la mémoire pendant longtemps.

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Assez grande la marguerite. Et puis elle a une couleur bizarre.

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Dans la vallée du rio El Azul

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Une cime de l'Oisans, ou du moins sa petite soeur jumelle, s'est glissée sur cette photo. Saurez-vous la reconnaître ?

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La partie finale de la vallée, entièrement sauvage.

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El condor pasa... Son cou vers le bas, sa tête en arrière. "Les yeux dans les yeux"

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...Y pasa de nuevo, y de nuevo...

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Confluence des rios El Tigre et El Azul


Les glaciers toujours plus près
Retour à ma "Patagonie de la jungle" où je récupère mon vélo pour une longue route vers la capitale de la Patagonie Chilienne, Le petit bourg de Coyhaique.
Un long suivi des cours du Rio Frio, puis Palena me fait observer un défilé de cimes enneigées toutes plus belles les unes que les autres, avant d'arriver sur une plaine un peu plus large au niveau de La Junta, dominée au loin par le volcan Melimoyu surenneigé. (Exercice de prononciation : dites le nom du volcan à l'endroit, puis à l'envers, puis à l'endroit, puis...).
Je continue toujours plus au Sud pour arriver de nouveau au Pacifique, dans le fjord de Puyuhuapi aux belles eaux bleues. Colonisation allemande oblige, on y produit une bière locale qui vaut le détour. Dans une vallée qui débouche sur le fjord, se révèle soudainement les glaciers du chaînon Queulat. La grande calotte glaciaire qui occupe les hauteurs de ce massif granitique s'écoule par une langue glaciaire qui débouche sur cette vallée. Le glacier s'arrête net au dessus d'un immense cirque rocheux vertical, que franchit le torrent de fontes par un saut magistral de près de 300m de haut. L'ambiance est au rendez vous. A peine deux kilomètres après ce site, je retrouve la rive de l'océan duquel je ne m'étais pas vraiment éloigné, au bord du très tranquille fjord Queulat. La route est très fréquentée par les cyclistes et les "mochiladores", des chiliens entre 18 et 35 ans qui avancent en stop le long de cette route symbolique pour le pays. L'occasion pour moi de faire quelques kilomètres accompagné, exerçant selon la situation mon anglais, mon espagnol ou mon belge. Je grimpe un col bien raide au Sud du massif dont je parlais tout à l'heure, pour profiter d'une vue privilégiée en face des cimes glaciaires, à la façon "Lautaret", mais dans la jungle. A partir de là, je quitte l'océan pour avancer petit à petit dans les terres, et retrouver un peu les Andes plus sèches telles que je les avais rencontrées à Palena. Ca tombe bien, le temps se prépare à changer, le bel anticyclone qui me protégeait s'étant fait botter par le courant antarctique à la façon de S.Zaza tirant son penalty.
Encore une poignée de montagnes sorties de quelques imaginaires farfelus, une traversée d'un plateau façon Haute- Loire sur les hauteurs du Rio de l'empereur Guillaume, et me voilà débarqué à Coyhaique, pour quelques jours de repos et de meilleure bouffe.

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Retour sur le vélo, en route tout droit et plein Sud. Je quitte la région 10 des Lacs, pour rejoindre la région 11 de la "Patagonie Aysen".

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Un coin de rêve, la confluence des rios Frio et Palena, qui formeront désormais un petit fleuve

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Le cerro Barros Arana qui domine La Junta

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La petite plaine de la Junta. En direction de l'Océan, le volcan Melimoyu, dont la face Nord-Est a l'air parfaitement skiable en ce mois de février

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"C'est toujours la même eau qui coule" -Quand le vieux Magellan découvrit le détroit, il y avait des enfants qui s'y baignaient déjà

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Puyuhuapi au fond de son fjord

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A l'Ouest rien de nouveau...

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...à l'Est un glacier suspendu

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Parc National de Queulat

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Les fameuses tempêtes Patagones, les 40e rugissants, les 50e hurlants...

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C'est pas ici Tahiti, mais c'est toujours mieux que rien

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Le Sud du massif de Queulat, vu depuis la vallée...

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...et vu depuis mon premier col "officiel" en Patagonie, le Portezuelo Queulat.

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Quand tu te réveilles avec les courbatures de la veille, que tu fais 500m en vélo, et que tu vois le cerro Picacho.

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Le lac las Torres

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Et les "Torres" du lac

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La tête à l'envers, exactement. Je change le S par un N, et je pourrai être à Malissard, à Pelvoux...

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Far over, the misty mountain rise, leave us standing upon the heights

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Le temps change

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Quelques fleurs qui envahissent les champs dans cette région

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Péché par gourmandise

Le principal intéressé témoigne :

"La premier fois que j'ai essayé, c'était en Bolivie. Sans faire attention, j'avais acheté une petite boîte. Là bas, ça ne s'appelait pas comme ça en plus. Ils en vendaient incognito sous le nom de "Dulce de Leche" (tu te rappelles Tim ce lait concentré qui avait une couleur bizarre? ).

Et puis en arrivant au Chili, on a commencé à m'en proposer de partout. Au début, je me suis dit qu'un peu de temps en temps ne ferait pas de mal. Une tartine par ci, un Churros par là, ça ne fera pas de mal. Et puis j'ai commencé à glisser. Les tartines s'enchaînaient, ça ne me suffisait plus. Alors j'ai commencé avec tout ce qui me tombait sous la dent : avec un Cookie, un carreau de chocolat... Tout était un prétexte. C'est alors qu'on m'en a parlé.

Oui, je parle bien de la cuillère. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'y habituer, je ressentais toujours plus le manque. C'est quand mon vélo m'a dit "c'est ou moi, ou le Manjar" que j'ai pris conscience qu'il y avait un problème. Depuis, j'ai essayé de trouver des alternatives, j'ai essayé le miel, le beurre de cacahuète, mais je sais que je ne suis pas à l'abri d'une rechute."

#LeManjarParlonsEn

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Ajoutez un Completo tomates-frites-avocat-mayo, le bonheur est complet.

Patagonie, episode 1 : Bleu, Blanc, Vert... et beaucoup d'autres couleurs

Le 07/02/2017

Patagonie, ou la banalisation du merveilleux...

La Patagonie est un territoire rêvé, fantasme, imaginé. Le moment est arrivé pour moi de passer de l'imagination à la réalité.

Prélude

La limite nord de la Patagonie, côté chilien, n'est pas clairement définie. Le village de Chaiten d'où je vous écris est souvent annoncé dans les guides touristiques comme la porte d'entrée de la Patagonie. Pourtant, les habitants le défendent : Chaiten, ce n'est pas la porte d'entrée, c'est La Patagonie. Je retiendrai la définition la plus logique, c'est à dire l'endroit où la cordillère rencontre l'océan Pacifique, et la plaine centrale du Chili disparaît en conséquence.

Ainsi, mes deux premiers jours de vélo seront comme un prologue à la Patagonie, en roulant encore dans la plaine. Débarqué en bus à Puerto Varas, une petite ville luxueuse au bord du lac, avec d'immenses chalets et hôtels. En traversant les prés verts et les forêts, je me crois rentré à la maison, quelque part dans un recoin vert des Alpes. A un hémisphère près tout de même, ici c'est le coeur de l'été, les pissenlits envahissent les champs et les vacanciers envahissent les campings et les plages. Puerto Varas est encore dans la plaine, au bord d'un grand lac aux eaux bleues profondes, le Llanquihue (vous allez vous faire plaisir avec les noms patagoniens !). De l'autre côté du lac, annonçant la cordillère, se tient la silhouette parfaite du volcan Osorno, qui domine la plaine de plus de 2500m, enveloppé par ses glaciers. Avec le ciel limpide, c'est un paradis bleu, blanc et vert, auquel il faut rajouter les fleurs qui surchargent les maisons, les forêts et les bords de route.

Je longe le lac sur toute sa longueur jusqu'au pied du volcan Osorno, où je rencontre un petit fleuve qui descend des montagnes de cascades en cascades, se frayant un passage dans un labyrinthe de basalte, à l'endroit où les roches volcaniques viennent buter contre les parois de granit de la cordillère. Je fais un petit détour le long de ce rio pour aller voir le lac Todos Los Santos, déjà au coeur des montagnes, dans un décor grandiose. Montagnes et volcans se mélangent à la perfection par ici.

Le lendemain, après une nuit à la belle étoile sur la plage du lac et une petite rando sur les pentes du volcan Osorno, je reprends le vélo pour une petite traversée dans la forêt et les montagnes qui me fait rejoindre l'extrémité du fjord de Reloncavi. Ici commence la Patagonie.

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Puerto Varas, encore un choc après le désert et la ville suranimée de Valparaiso.

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Mythique, le volcan Osorno qui domine le lac Llanquihue, depuis Puerto Varas. On est fin Janvier et les montagnes sont pleines de neige et glaciers dès 2000m, ou même plus bas. Le ton est donné, sachant que je ne suis encore qu'au 41e parallèle Sud, et que je devrais finir en dessous du 50e...

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Retour en Europe ? Qui veut venir déraciner les pissenlits ?

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Pas un mauvais endroit pour manger des mûres bien noires...

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Plein été

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En montant vers le lac Todos Los Santos, une apparition fantasmagorique. Le volcan Puntiagudo

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Le rio Petrohue

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Arrivée au lac Todos Los Santos, qui s'ouvre vers la cordillère.

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Vues du lac

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La plage du bivouac, et le Cerro La Picada.

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En prenant de la hauteur

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L'envers du volcan Osorno

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Qui vote pour un Koh Lanta version Chili ?

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Sur la route vers le fjord de Reloncavi, au pied du volcan Calbuco. Ce que la photo ne montre pas, ce sont les mouches, véritable bataille de chaque instant en vélo.

Au pays du Granit

Imaginez une forêt vierge, composée de bambous, de fougères et de quelques arbres caractéristiques, tel l'Alerce, emblématique de cette région impénétrable - j'en ai fait l'expérience. Les feuillus ne perdent pas leurs feuilles même en hiver tant l'humidité est surabondante : c'est la forêt Valdivienne, qui occupe ces régions côtières du Nord de la Patagonie. Dans ce contexte, il est presque impossible d'atteindre le sommet des montagnes pourtant innombrables dans cette région. Toutefois, une vallée fait exception à la règle : peu après le village de Cochamo, au bord du fjord de Reloncavi où je suis arrivé la veille, je m'embarque, sac sur le dos, pour une marche de 4h dans la forêt dense, dans un labyrinthe de boue. Heureusement que le temps est sec depuis plusieurs jours... Après une nuit dans un pré inespéré, je pars sur l'un des sentiers indiqué sur ma petite carte schématique.

Rapidement, l'itinéraire se transforme en escalade sur racines, avec des pentes à plus de 40 degrés en pleine forêt. Puis je passe au pied de grandes dalles de granit, m'apercevant par la même occasion que je suis sur le rebord d'une falaise qui plonge vers la vallée. Quelques mètres plus loin, je découvre que l'itinéraire coupe tout droit dans les dalles de granit, une petite corde facilitant l'ascension : bienvenue sur les sentiers Chiliens ! Je sors enfin au sommet des falaises et débouche sur la crête, pour découvrir un paysage fantastique : une vallée glaciaire bordée d'immenses murs de granit formant les sommets environnants. A l'Ouest, apparaît le fjord, et à l'Est les glaciers du Cerro Tronador, à la frontière Argentine.

Ayant porté la tente, je passerai la nuit au sommet, histoire de profiter au maximum des hauteurs, et des condors qui tournent à quelques dizaines de mètres seulement au-dessus des randonneurs.

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Patagonie, kilomètre 0 ! Je suis à l'extrémité du fjord de Reloncavi, au niveau de l'embouchure du Rio Petrohue.

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Les rios Patagoniens, et la clarté de leurs eaux.

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Le village de Cochamo au bord du fjord.

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Le chemin dans la vallée de Cochamo.

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Parfois, une fenêtre s'ouvre sur la vallée, pour découvrir l'ampleur des falaises qui l'entourent. Ca sent le bon coup cette histoire.

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Le chemin dans un labyrinthe naturel, probablement creusé par l'érosion due à la boue.

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Le camping de La Junta, et les falaises qui l'entourent.

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Half Dome Patagonien, le cerro La Junta.

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Une randonnée comme une autre...

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Et me voici enfin sorti de la forêt, au premier mirador. Ici devant le Cerro Anfiteatro.

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Dalles sculptées. Cochamo, nouveau paradis de la grimpe.

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Le Cerro Torrecillas, point culminant de la vallée.

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Tel l'aventurier solitaire...

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Un lac sans nom vu depuis le sommet de mon bivouac, le Cerro Arco Iris, probablement nommé ainsi pour son rocher aux couleurs nuancées.

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Lac ou océan? Montagnes ou volcans ? Ne choisissez plus, voici la Patagonie du Nord !

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Partie amont de la vallée.

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Les 3500m du Cerro Tronador

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Et encore le volcan Osorno

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Retour à l'océan, coup d'oeil en arrière sur la vallée de Cochamo depuis l'embouchure du Rio Cochamo.

Au bord de l'océan

Je reprends le vélo le long du fjord qui est désormais dominé par les neiges du volcan Yates, composant un merveilleux décor Bleu, Blanc, Vert. Je débarque au village de Puelo qui se trouve au débouché d'une autre vallée similaire à celle de Cochamo, mais je dois me reposer un peu et partir vers d'autres horizons, il reste tant de route à parcourir avant d'atteindre le bout du monde.

En fin de compte, j'aurai longé le fjord sur une centaine de kilomètres. Comme disent les habitants, par ici, c'est "ben tranquillo, no se pasa nada".

La partie aval du fjord est très sauvage, et la route se faufile entre la forêt et l'océan. Enfin, après une courte traversée dans les terres, je rejoins un nouveau fjord, celui d'Hornopiren.

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Le volcan Yates, qui domine Puelo. Son ascension doit mériter le détour.

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Retour de soirée, c'est par ici...

 

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En arrivant à Puelo.

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Le rio Puelo vers son embouchure, et une vallée toute à explorer.

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Mon chalet en Patagonie

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La partie finale du fjord, dans une ambiance très sauvage.

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Au bout du fjord, je rejoins la route que je suivrai pendant les prochains 1200 km. Point d'arrivée, le lac O'Higgins, d'où je devrai passer en Argentine.

Hornopiren, la frustration d'un explorateur

Hornopiren, un petit village au bout de son fjord. Au nord se trouve l'autre versant du volcan Yates, et à l'est un immense massif, toujours granitique si j'en crois les pierres observées dans les torrents. Une forêt de pics, d'aiguilles, de murailles et de glaciers. Les eaux des torrents, d'un bleu laiteux, trahissent les puissants glaciers qui les alimentent. Seulement voilà, aucun sentier ne pénètre à l'intérieur de ces montagnes, et la forêt très dense interdit toute aventure. Me voilà, montagnard désœuvré, réduit à me promener dans le petit port du village. L'aventure attendra... Je profite du temps enfin gris pour une promenade en forêt, l'occasion de me documenter sur la faune et la flore locale.

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Une montagne dans le ciel. Qu'y a-t-il au-delà ? 

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Le rio Blanco, seul témoin de ce qui se trame là bas, derrière la première barrière de montagnes.

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Votez pour la plus belle. Perso, mon choix est déjà fait, même si la finale a été serrée. La dernière est colorée d'un dégradé qui va du rose saumon au rose pétant, et qui aurait coupé court à d'interminables débats sur la couleur d'un certain noeud papillon...

Mam', sauras-tu les identifier ?  Tu choisis lesquelles pour ta prochaine compo ?

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Le fjord Hornopiren et ses eaux claires dues à l'écoulement des torrents glaciaires.

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En bateau sur le Pacifique

A Hornopiren, la route s'arrête, ne pouvant se frayer un chemin à travers les pentes abruptes et les nombreuses ramifications des fjords. Nous voilà, mon vélo et moi, embarqués pour 5h de navigation sur les eaux du Pacifique. Je découvre, impuissant, l'amplitude du massif glaciaire que je laisse derrière moi. Chaque vallée découvre de nouvelles aiguilles, de nouveaux glaciers. Le bateau me débarque à l'extrémité du fjord de Comau, d'où je reprends le vélo pour 10 km, au bout desquels il me faut de nouveau embarquer pour traverser le fjord Renihue.

Après cela, une traversée de 60 km m'attend, à travers les forêts et les falaises du parc Pumalin, une réserve naturelle fondée par le créateur de la marque "The North Face".

J'arrive le lendemain à Chaiten, un village au bord du golfe du Corcovado, où nagent des baleines bleues en cette saison. En 2008, le petit volcan Chaiten recouvrit entièrement la ville de cendres, détruisant les forêts aux alentours. La population fut évacuée à temps, et aujourd'hui le village est entièrement reconstruit. Au sud de la baie se dresse le volcan Corcovado, silhouette mythique qui domine une immense zone sauvage.

L'année prochaine, selon des informations exclusives, un sentier de 60 km sera créé dans ce parc national de Corcovado, cheminant sur les hauteurs qui le bordent.

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Regarder les montagnes et rester en bas... c'est dur de s'y habituer !

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Le volcan Michinmahuida, au bout du fjord Comau.

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Naviguant dans les fjords du Pacifique Sud.

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Format portrait obligé par ici. La route qui relie les deux fjords.

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Embarquement dans le fjord Renihue.

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Le fjord, et au centre une montagne que je tentais de gravir, par l'arrière, ayant repéré un semblant d'éclaircissement dans la végétation. Sans succès : Forêt 1, Valentin 0.

P1100172Caleta Gonzalo

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8 ans après l'éruption, la forêt tente de reprendre vie sur les pentes du volcan Chaiten.

P1100192Playa Santa Barbara, sur le golfe du Corcovado.

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Le Corcovado depuis Chaiten

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C'est sous ce coucher de soleil à Chaiten que je vous dis "à bientôt". Cap au Sud, toujours plus de Sud !

Retour sur 3 mois dans les Andes centrales

Le 02/02/2017

 

Je profite d'une pause sur une petite place de Valparaiso, ville portuaire du Pacifique, pour revenir sur ces deux mois et demi passés dans les Andes centrales, là-haut sur l'altiplano, au milieu des populations locales.

Ce sont les Quechuas, qui peuplent aujourd'hui l'Équateur, le Pérou et la Bolivie, avec la minorité Aymara, ils habitent les régions depuis le lac Titicaca au Nord, jusqu'à Oruro au Sud. Ces deux peuples sont certainement les ethnies autochtones des Amériques qui ont le mieux subsisté après l'arrivée des colonisateurs européens ; la plupart de ces "indiens" ayant été décimés par les guerres et les épidémies importées par les colons.

Vivre au milieu de ces gens, c'est avoir à certains égards l'image d'une Amérique comme elle a pu être avant sa découverte par l'occident. Pour que cette image soit la plus vraie, il est nécessaire de s'éloigner des grands centres urbains, ainsi que des zones aujourd'hui surfréquentées par le tourisme ; mon mode de voyage, à vélo et en autonomie, m'a offert ce luxe.

En atterrissant à Cusco d'abord, de même que pour Tim à La Paz, la surprise est de découvrir toutes ces personnes qui vivent naturellement dans leurs costumes traditionnels, portant leurs charges accrochées à l'épaule - en particulier les femmes. On se demande au début si c'est un décor monté spécialement pour les touristes, et puis on finit par se rendre compte que c'est partout pareil.

Pour ce qui est des costumes, les plus beaux que j'ai observés sont ceux des régions de Cusco et Arequipa. A Cusco, les chapeaux des femmes sont les plus spectaculaires, à large disque brodé sur les bords duquel retombe une frange de tissu, le tout étant haut en couleur. Il y a un air de noblesse dans cette région qui fut autrefois la "Rome" de l'empire Inca.

J'ai d'abord remonté les vallées aux pieds de la cordillère de Vilcanota, cette route au bord de laquelle les indiens défilaient à pied pour se rendre à une fête, probablement religieuse, puis ce fut le tour des villages d'éleveurs d'alpagas autour de la silhouette majestueuse de l'Ausangate, un des paysages les plus merveilleux des Andes.

Ensuite, sur mon chemin de la jungle - dont je ne parlerai pas ici, car il s'agit d'une autre culture - je traverse deux villages accrochés aux pentes sévères de la cordillère.

Moments privilégiés que de pouvoir s'arrêter pour la nuit dans ces villages reculés, entouré des montagnes immenses de ce côté obscur et largement inconnu des Andes. Suspendu en pleine pente, on est en pleine zone de transition entre deux mondes que beaucoup de choses opposent, celui d'en haut et celui de la forêt, dans laquelle les Incas n'osèrent jamais s'aventurer. Ces villages resteront une mémoire des plus marquantes de mon voyage.

Un peu plus tard, je remonte vers l'Altiplano et m'arrête à Macusani une ville entourée d'une steppe immense qui s'étend entre deux cordillères englacées. En comparaison avec les vallons de haute montagne, Macusani a des airs de métropole, un point de rencontre citadin des habitants de toute la province. A 4500m, c'est sans doute l'endroit de l'altiplano le plus authentique et représentatif que j'ai connu. L'élevage des alpagas y est omniprésent, puisqu'aucune culture ou presque ne pousse à cette altitude. Ai-je fait des rencontres plus bouleversantes que ces bergers et bergères dans les vallons de l'Allin Qhapaq, qui paraissent bien plus âgés qu'ils ne le sont sans doute ? Ils parlent encore moins l'Espagnol que moi, et passent leurs journées seuls avec leur troupeau. Un jour que je venais de passer une crête après une heure de montée depuis le fond du vallon, j'aperçois une femme au loin qui vient à ma rencontre. Elle fera 10 minutes à pied pour me rejoindre, pensant que j'étais le voisin venant lui rendre visite. Ainsi va la vie par là- haut.

Ma route continue vers des contrées plus communes car plus basses, mais tout aussi charmantes. J'arrive en terre Aymara au bord du lac, par une route sans touriste. Les paysages sont magnifiques et la terre est cultivée de tous côtés, cependant la population est un peu vieillissante dans les villages. Les gens sont particulièrement accueillants, toujours curieux de partager avec un étranger, et on ressent une certaine douceur de vivre par là, le climat tempéré du lac aidant. La Bolivie sera un peu différente pour moi, car je resterai essentiellement près des grandes villes ou des centres touristiques. J'aurai toutefois un rappel agréable de ce que j'avais connu au Pérou en quittant Uyuni, avant de rentrer dans le désert inhabité.

Qu'y a-t'il à dire de ces peuples ? En premier lieu, ils ont une certaine fierté de leur culture : à Cuzco comme à La Paz, ils ne cachent pas leurs costumes aux yeux des étrangers ou des "occidentalisés". Vis-à-vis des étrangers, généralement les femmes sont plus réservées quand les hommes se montrent toujours curieux. Pour ce qui est des vêtements, on en a beaucoup parlé : les costumes des femmes sont si caractéristiques et incomparables en couleurs. Leur nourriture est à base de céréales, d'une variété insoupçonnée de patates aux goûts différents, de soupes, de viandes d'alpaga ou de lama, et de boissons particulières : le jus de Maca, délicieux, et la Chicha, une bière de Maïs assez rude.

Les hommes en particulier apprennent la danse dès leur plus jeune âge, et sont souvent en train de faire quelques pas dès qu'ils le peuvent. Ils possèdent leur langue qui se perpétue aujourd' hui aux côtés de l'espagnol. Seuls quelques anciens dans les villages reculés ne parlent que le Quechua - ou l'Aymara. Ils sont très croyants, et j'ai rencontré des lycéens ou des avocats me soutenir mordicus que le Machu Picchu fut construit par une civilisation extraterrestre. On pourrait aussi parler des sirènes, des idoles...

Qu'en sera-t-il de ces régions dans les années à venir ? Les particularités culturelles vont-elles se maintenir ? La population résistera-t-elle aux sirènes de l'exode rural ?

J'ai vu des enfants enthousiasmés à l'idée de me montrer leurs danses traditionnelles et  une petite fille qui rêvait d'être chanteuse. Quand je lui ai demandé si elle préférait chanter de la musique américaine ou péruvienne, elle me répondit sans hésiter : "moi ce que j'aime, c'est la musique de Cuzco". Mais j'ai discuté avec Romario, un lycéen qui ne rêve que de ses prochaines études à Puno, grande ville au bord du lac, avant de partir pour Lima. Il rêve de France ou d'Europe. Epifanias aussi, qui a appris le Quechua à ses aînés, mais qui a laissé filer pour sa petite dernière. D'un autre côté, j'ai vu tant de jeunes couples, à l'Ausangate ou à Macusani, qui continuent de vivre à la façon de leurs parents, et élèvent leurs enfants de même. J'ai aussi croisé Ronald, qui fut maire à Macusani et qui espère être réélu en 2018 ; il cherche à faire connaître l'histoire de sa province à travers un musée qu'il a lui-même composé, et qui voudrait se battre politiquement pour développer l'élevage de l'alpaga. On lui pardonnera son obsession à vouloir planter des arbres dans la steppe.

A travers toutes ces rencontres, j'ai l'intuition que c'en est pas encore terminé de cet îlot culturel des Andes centrales. Les langues vernaculaires diminueront, c'est certain, mais l'université de la langue Quechua à Cuzco veillera certainement à ce qu'elles ne s'éteignent pas. Une certaine partie des jeunes partira, c'est certain également, mais j'ai l'impression que plusieurs resteront attachés à leurs origines.

Lors de mon dernier soir en Bolivie, je bavardais avec Epifanias (c'était de bon ton en ce début janvier...), qui me racontait le temps où petit, il traversait ce désert Bolivien avec une caravane de lamas, pour se rendre à San Pedro y faire du troc. Aujourd'hui, le semi-nomadisme n'existe plus sur l'altiplano, signe qu'une pratique de longue date peut se perdre en quelques années seulement.

Alors, carpe diem ?

Du Chili en vrac

Le 27/01/2017

Depuis mon arrivée au Chili, je me suis lancé dans une montée en latitude effrénée, traversant plus de 1000km à vol d'oiseau en bus, depuis San Pedro de Atacama.

San Pedro et l'Atacama

Après les efforts éreintants des 10 derniers jours, je cherchais un endroit pour me poser et me reposer. J'hésite à m'arrêter dans ce gros village qu'est San Pedro : l'ambiance western d'une petite oasis dans le désert est charmant... tant qu'on ferme les yeux sur les masses de touristes qui y affluent, et puis les prix sont assez élevés, surtout quand on arrive de Bolivie. Je pourrais rester au moins 5 jours ici pour visiter les nombreux sites aux alentours, mais après réflexion je me dis que question désert, je viens d'être bien servi, et qu'il y a d'autres lieux bien différents qui m'attendent au Chili.

Je passe tout de même deux nuits à San Pedro, le temps de laver les affaires et d'organiser la suite. J'y rencontre une chinoise qui voyage autour du monde, et qui a fait quelques années auparavant, en vélo, la montée à Lhassa par le Sud-est du plateau Tibétain... Malheureusement, elle confirme mes craintes : toujours impossible d'y aller sans passeport chinois. Je me satisferai (largement) des Andes en attendant.

Avant de partir, je profite quand même d'un petit circuit touristique aux geysers d'El Tatio qui se situent de l'autre côté des volcans que j'ai vus les jours précédents en vélo. Une sorte d'adieu à l'altiplano et à la haute altitude pour moi, je n'y retournerai probablement pas avant mon retour.

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Le Licancabur depuis les rues de San Pedro.

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Un des geysers d'El Tatio

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Une petite église de l'Atacama

P1090113Adieu, altiplano... que de souvenirs dans tes plaines, ton grand lac et tes cordillères !

Les vignes dans le désert

Depuis San Pedro, direction La Serena, située à une nuit de bus plus au Sud. J'y fais une pause dans mon trajet vers Valparaiso afin de profiter d'une nuit d'observation du ciel nocturne, cette région étant "La Mecque" de l'astronomie. Le temps est favorable (j'ai quitté la saison des pluies du haut plateau) et je suis désormais en plein milieu de l'été austral, l'équivalent d'une fin Juillet en France.

La Serena est une petite ville coloniale agréable, à deux kilomètres de l'Océan, avec un marché artisanal très animé sur la place centrale. De là, je prends un bus qui me conduit rapidement vers la cordillère, pour atteindre une vallée d'altitude remplie de vignobles. Le contraste entre l'aridité des montagnes et la verdure de la vallée forme un paysage remarquable, une certaine douceur de vivre.

Je profite de la nuit dans un petit observatoire, et c'est l'occasion de me repérer dans ces nouveaux cieux, qui vont devenir de moins en moins connus au fur et à mesure de ma montée en latitude. Là-bas, la croix du Sud, qui est encore assez allongée à l'horizon : nous ne sommes qu'à 30 degrés de latitude Sud. A côté de la voie lactée se distinguent les deux nuages de Magellan, magnifiques points de repère de ce ciel Austral. Il s'agit de deux petites galaxies qui orbitent autour de la nôtre, à quelques centaines de milliers d'années lumière (seulement !). Voilà des corps célestes qui figurent parmi les plus éloignés restant clairement visibles à l'oeil nu.

Ensuite, retour à La Serena pour reprendre un bus de nuit vers le centre du pays et Valparaiso. En attendant, je profite de l'après midi au bord de l'océan Pacifique, mon nouveau compagnon de voyage.

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Le centre ville de La Serena

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Un sculpteur sur sable qui travaille cet été dans les rues de La Serena...

P1090151...et son travail incroyable.

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Vignobles et désert

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La vallée de l'Elqui

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Le phare qui surveille...

P1090165...l'océan Pacifique.

Valpo, pour les intimes

Suite et fin du Chili en mode express. Je débarque à Valparaiso, port emblématique du Chili, au point que ses habitants sont nommés les Porteños. Principale escale dans le Pacifique Sud du temps où le canal interocéanique n'était pas encore percé (les bateaux n'avaient pas d'autre choix que de passer par le lointain canal de Magellan), il en a résulté une ville prospère, dont le centre est aujourd'hui classé par l'UNESCO. Si la ville parfaite n'existe pas, Valparaiso contient beaucoup d'éléments qu'il faudrait retenir pour la créer. Alors après Cusco et La Paz, voici le troisième reportage urbain de mon voyage.

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J'ai rêvé de collines et de maisons si colorées qu'on en découvrirait de nouvelles teintes...

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...j'ai rêvé de trouver l'arc-en-ciel en montant un escalier, avec une pincée de poésie...

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...j'ai rêvé d'une maison orange en face du Pacifique...

P1090198...j'ai rêvé d'une rue où les fleurs remplacent le bitume...

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...et j'ai rêvé d'une ville où le Tag est de l'art.

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"La abuela"

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L'un des cerros de la ville, avec le siège de la marine chilienne en avant-plan, depuis la place Sotomayor.

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- Tu peux jouer un octave plus haut ? - Attends, j'suis crevé, je fais une pause.

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Jouer dans les rouleaux de l'océan Pacifique, à Viña del Mar.

Mercredi, j'essaie de m'aventurer vers le sommet de La Campana, qui se trouve au bout de la ligne de métro de la ville. Du haut de ses 1800 mètres, il domine d'un côté l'océan, et de l'autre la vallée centrale du Chili, au dessus de laquelle s'élève la Cordillère des Andes. Avec un peu de chance, j'espère y voir l'Aconcagua, point culminant des Amériques à près de 7000m. Malheureusement, les parcs nationaux d'une très grosse moitié centrale du Chili sont fermés ces derniers jours à cause des risques d'incendie, alors je suis contraint de renoncer à ce projet, ainsi qu'à celui de randonner dans la région de La Araucania plus au Sud. Alors direction "La Patagonie" dès demain !

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La Campana, que gravit Darwin en d'autres temps. Dommage, le jour était clair.

Deserts Boliviens - Partie 3 : L'apothéose

Le 26/01/2017

Du grec "apo" (depuis ou comme), et "theos" (Dieu). Pour avoir recherché cette égalité, d'aucuns furent chassés de l'Eden. Ailleurs, un autre prétend que "(nous sommes) des dieux", rendant absurde ce concept d'apothéose. Quoiqu'il en soit, on se sent souvent immensément petit devant les dimensions qui nous entourent, et quand certains moments transcendent nos points de vue habituels, on peut se sentir en apothéose. A ma décharge, je ne l'ai pas cherchée, cela m'est simplement tombé dessus alors que je traversais incognito un quelconque désert de notre planète.

Un peu (trop) haut

Après un bon dîner et une nuit au refuge, qui m'auront formidablement requinqué, je repars le lendemain pour en finir avec ce désert aussi éprouvant que merveilleux. Le Chili n'est plus qu'à deux jours de vélo, je suis au Sud du Sud de la Bolivie.

Les tout premiers kilomètres sont les plus durs de cette étape, car cette fois-ci l'épaisseur de sable ne me permet plus de rouler, alors j'avance à pied. Heureusement au moment d'attaquer une montée, je retrouve une piste incroyablement lisse pour la région. Il doit y avoir un truc, c'est pas possible... Ah oui, je roule sur des dalles de pierres bien polies, qui affleurent à peine. La côte me mène toujours plus haut : 4600, 4700, 4800m. C'est le moment opportun pour croiser deux amis Vaudois qui voyagent en 4x4. L'orage éclate un peu tôt ce jour, et je suis bientôt sous la neige, observant les points d'impact des éclairs à une poignée de km autour de moi. Dans cette caillante, je passe devant les fumerolles d'un petit champ de geysers. Finalement, dans une ambiance extraterrestre, je franchis une passe à plus de 4900m. Là, je suis peut être monté un peu trop haut pour faire du vélo. Promis je redescends.

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La montée vers le col, laissant derrière moi la Laguna Colorada.

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Un des geysers de Sol de Mañana

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Me voilà sur Mars ? Je suis peut-être monté un peu trop haut pour le coup.

Ca tombe bien, en passant le col, le vent vient subitement me pousser, que dis-je pousser, propulser, éjecter, et en plus la piste est très bonne.

C'est parti pour une descente à tombeau ouvert vers les lagunes et le salar de Chalviri qui reflètent des couleurs irréelles. Arrivé en bas, il y a quelques baraquements autour d'une piscine thermale ; je camperai ici malgré le grand vent et le sable du terrain. (Plant your Quechua tent : level Bolivie unlocked !).

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Descente vers le salar de Chalviri dans une lumière iréelle

Les bains sont les meilleurs que j'ai testés jusque-là : eaux non douteuses, de l'espace pour faire quelques brasses, température idéale, et du sable noir pour les pieds. Parfait pour regarder les éclairs au loin. Quelle chance d'être là le soir : les touristes sont partis et les habitants descendent à la piscine pour en profiter à leur tour. En regardant ces personnes, je prends conscience que je passe mes derniers instants au milieu de ces deux peuples merveilleux que sont les Quechuas et les Aymaras. Au Chili, c'en sera fini de ces hommes aux sombreros, toujours prêts à faire un pas de danse, et des "cholitas" (les "bavardeuses", nom donné aux femmes ici), et des vêtements encore plus colorés que le volcan Thunupa.

Définitivement trop haut

Je repars le lendemain pour ce qui sera ma dernière journée intégralement bolivienne, après plus de 40 jours dans ce pays. Je traverse lors des premiers kilomètres une pampa connue sous le nom de "désert de Dali". Ce sont des blocs rocheux, aux formes plus ou moins étranges, plantés dans une plaine de sable.

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Le désert de Dali au loin...

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Vision surréaliste d'un troupeau de vigognes... dans le désert.

Un petit col me porte à nouveau en altitude, avant de descendre dans la vallée de la fameuse "Laguna verde". Le volcan qui la domine, le célèbre Licancabur, ne tarde pas à dévoiler sa silhouette mythique.

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Première vue du Licancabur, et un piaf qui s'apprête à le percuter !

J'arrive finalement au bord de la Laguna verde, avec l'impression d'être parvenu à la ligne d'arrivée de ma longue traversée du désert. En effet, même s'il reste 60 km à parcourir pour atteindre San Pedro de Atacama, la frontière n'est plus qu'à 10 km, puis je retrouverai l'asphalte et une très longue descente (2200 m de dénivelé).

La lagune ne vole pas son nom, elle est d'une magnifique couleur turquoise laiteuse, et s'étend au pied du volcan.

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Il y a quelques années de cela, je rêvais de gravir le Licancabur, mais la raideur de ses pentes me décourage d'y aller tout seul, d'autant plus que je ne connais pas l'itinéraire. Arrivé au refuge, j'ai la bonne surprise d'y rencontrer un Ukraino-Polonais (qui passe son temps libre dans un certain parc national des Tatras...). Il s'apprête à monter le lendemain au volcan, avec un guide. A court de monnaie (et sans distributeur à proximité !), je ne peux pas partager la moitié des frais, mais on finit par trouver un accord gagnant-gagnant. Alors le lendemain matin à 3h, c'est parti pour l'ascension. L'orage de la veille ne s'est pas évacué, et on fait les premiers mètres sous la pluie, qui sera vite remplacée par de la neige et du brouillard. Puis, vers 5800 m, une sorte de bande jaune apparaît à l'horizon, et on croit distinguer les lacs plus de 1500 mètres plus bas. Fausse espérance, puisque le brouillard se referme aussitôt. On continue vers le sommet qui est désormais  à un jet de pierre. La suite, c'est l'histoire d'une apothéose.

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La montée au volcan. Quand un Ukrainien a froid, c'est que c'est sérieux...

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A quelques encablures de la cime, on distingue un paysage à travers les nuages...

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Et le magnifique lac de cratère du volcan, qui n'est pas gelé malgré son altitude. Notre Nicolas Hulot national y a plongé, pour y découvrir les formes de vie sous-marine probablement les plus hautes du monde. Comment ont-elles pu éclore si haut et entourées d'une si haute muraille ?

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Bolivie ou Kamtchatka ?

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Le superbe sommet du volcan Juriques

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Après cette aventure dans un autre "pays d'en haut", je reprends mon vélo, pour franchir la frontière quelques minutes plus tard. Un tampon de sortie, et me voilà au Chili. L'émotion est au rendez-vous, car je sais qu'en quittant la Bolivie, c'est tout un autre monde que je quitte, et qu'avec le Chili, c'est la culture occidentale que je retrouve, en me dirigeant vers la deuxième moitié de mon voyage, qui sera radicalement différente de la première : la Patagonie.

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Bye bye Bolivia...

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Hola Chile !

Encore 5 km de montée m'emmène une dernière fois à 4600 m, puis j'entame une descente déboussolante vers le désert d'Atacama. C'est une expérience thermique, qui commence dans le brumisateur froid et humide du haut plateau, pour progressivement entrer dans le sèche-cheveux tiède de l'Atacama. Au fur et à mesure de la descente, les plantes se raréfient puis disparaissent, et je rentre enfin dans une immense plaine caillouteuse dans laquelle se trouve la petite oasis de San Pedro de Atacama. Le choc du changement de température, de paysage et de culture est violent. Maintenant, place au bus pour traverser la zone centrale de cet immense pays !

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L'interminable descente, toute en ligne droite, vers la vallée de San Pedro

Au bas, il faudra changer les patins !

Et moi je vous dis à bientôt, pour de prochains reportages sur le Chili !

Un peu d'humour - L'histoire du taxi bolivien

Le 25/01/2017

Voici la prime promise après l'histoire des lamas... C'est une petite histoire tirée d'une aventure qui s'est passée à La Paz.

Un jour, je devais me rendre dans un quartier de la ville un peu éloigné du centre, et comme j'étais fraîchement arrivé, j'ai décidé d'arrêter un taxi pour m'y rendre.

Au bout de quelques minutes, je me rends compte qu'il passe un feu rouge à toute vitesse. Étant un peu fatigué, je fait mine de laisser passer. Deux croisements plus tard, rebelote. Agacé, je lui fait gentillement comprendre que je ne suis pas pressé, et que je préfèrerais largement qu'il respecte les feux. Il me répond : "Tranquille, amigos, je suis un professionnel !".

Je le guette lors du prochain feu, qui ne tarde pas à arriver. Et une fois encore, il passe tout droit, pied au plancher. Cette fois, je m'énerve sérieusement, lui signalant qu'on venait encore de passer au rouge. Il me répond le plus calmement du monde "Tranquille amigos, je suis un professionnel !". Au prochain croisement un peu plus loin, le feu est vert, et intérieurement je me dit "Ouf ! Un coup de stress en moins !". Mais à ma surprise, le chauffeur pile net devant le feu. Je perds mes nerfs, en lui demandant ce qui ne va pas avec lui : "tu viens de passer trois feux au rouge, et quand c'est enfin vert, tu t'arrêtes ??"

Ce à quoi le chauffeur me répond : "Tranquille amigos, je suis un professionnel. Là le feu est vert, ce qui veut dire qu'il est rouge à gauche et à droire. Il y a donc d'autres professionnels qui risquent d'arriver en pleine vitesse sur le carrefour !"

 

Bon, ce n'est pas une histoire vraie, mais une blague que font les arabes à propos des conducteurs égyptiens :p

Toutefois, prendre un taxi en Bolivie est souvent une aventure, et parfois on est pas loin de voir des voitures qui doivent ralentir au vert pour laisser passer les autres !

Aller, un petit jeu en prime : trouve les 1 différence entre les deux photos ci-dessous. Indice : regarde en bas a droite de l'image.

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Deserts Boliviens - Partie 2 : Le desert

Le 25/01/2017

Je voulais profiter de la journée pour faire de la rando dans l'arrière pays de Valparaiso, mais toutes les réserves forestières du pays sont fermées jusqu'en Patagonie... à cause des risques d'incendie. Quand la France gèle, le Chili brûle. Alors aujourd'hui, ce sera plage et écriture !

Flamands, graviers et tôle ondulée

En quittant la route principale, j'ai rapidement un aperçu de ce qui m'attend : quand ce n'est pas un chaos de pierres (ce qui serait génial en VTT - du genre le début de la descente d'Ailefroide pour les connaisseurs), c'est un petit tapis d'un sol à la frontière entre le gravier et le sable. Au fait, savez-vous quel9 est le diamètre qui sépare le sable du gravier en granulométrie ? 10 points à celui qui trouve sans Google. Ca reste roulable au demeurant, à condition d'adapter le braquet, et ça offre le plaisir de rouler presque où je veux, étant donné qu'il y a des dizaines de traces parallèles différentes.

Jusque-là, ça va. Car à cause du passage des véhicules, le chemin se transforme parfois en un terrain de cross, connu sous le nom de "tô

++.0-+le ondulée" : une alternance de bosses et de creux qui font la largeur de la route, parfois 15cm de profondeur, avec si peu d'espacement qu'il est impossible d'amortir une bosse avec la roue avant sans se prendre de plein fouet une précédente avec la roue arrière. Ca casse la vitesse, et ça demande une concentration incroyable pour supporter tous les chocs que je me prends. Un peu de relâchement, et je me prends une méchante secousse inattendue, et voilà la crise de nerf qui s'installe doucement. A 9h du matin, ça va. A midi, passe encore. Mais à 15h... Désolé pour les flamands roses qui ont reçu toutes sortes de noms d'oiseaux... Rouler en Bolivie, c'est apprendre la maîtrise de soi ; sans quoi le vélo finira tôt ou tard par atterrir dans le fossé.

On peut se demander pourquoi quelques fous s'obstinent à faire du vélo ici... Mais une fois le contingent de 4x4 touristiques passé, nous, les cyclistes, avons le désert pour nous tout seuls - à partager avec les viscaches et les vigognes bien entendu - et cela n'a pas de prix.

Je commence à traverser une petite vallée longiligne dominée par de hauts volcans et parsemée de lagunes, qui sont remplies de flamands roses.

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Laguna Cañapa, et sa surpopulation de flamands

Un petit bivouac par ici sera idéal, me voilà enfin au coeur du désert.

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La laguna Hedionda, au soir puis au matin

Désert du Siloli

Je repars le lendemain pour gagner encore un peu d'altitude, et ainsi me hisser sur un vaste plateau autour de 4600m, connu comme la "Pampa de Siloli". La montée, que je redoutais, se passera sans problème grâce au vent dans le dos, et dans le magnifique décor d'un mini cañon orange.

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Le spectacle, c'est ici que ça se passe, pas au Dakar !

Je roule au fond du cañon, à l'endroit où coula sûrement une rivière un jour, ce qui donne une ambiance assez spéciale et très agréable. Subitement, je sors de ce mini vallon pour déboucher au milieu du ciel, posé sur un plateau de sable-gravier orangé. Par ci et par là, quelques chaînes de volcans enneigés dépassent, le décor est immense et merveilleux.

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L'arrivée à "Silala". Prochaine étape, Solfafa. Avec un peu de chance, j'atteindrai Rédodo pour la nuit.

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Pays merveilleux, à deux pas du ciel.

Une courte descente me fait tomber du plateau pour rentrer dans ce qui ressemble à une large vallée à fond plat, bordée par quelques montagnes. Je roulerai dans ce décor pendant plus de 30km. Par ci par là, des troupeaux de vigognes gambadent dans le sable, scène étonnante que de voir ces animaux (très gracieux) qui semblent s'amuser dans ce désert, alors qu'il n'y a ni ruisseau, ni plantes sur des dizaines de kilomètres...

Un petit bivouac au pied d'un massif de rochers, pour profiter en plein du désert... et des viscaches, pas farouches par ici.

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La pampa de Siloli

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Bivouac au désert

Après avoir roulé encore toute la matinée dans ces paysages, j'arrive en un lieu surprenant, où les volcans ont laissé des rochers en plein milieu de la plaine, et où le vent s'est chargé de les sculpter.

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Qui aime l'adhérence?

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"El arbol de piedra". J'ai vérifié, on ne respecte pas du tout les coefficients de sécurité imposés par les normes...

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La fin du désert de Siloli. A partir de là, j'entame une longue descente vers la laguna Colorada, qu'il faudrait penser renommer "la flaque décolorée" vu le peu d'eau qui reste en ce jour. En arrivant sur la rive, on m'indique qu'il y a un refuge à 7km d'ici.

Après 14 km (deux fois la distance indiquée !), par vent de face et sur tôle ondulée, j'aperçois enfin ce fameux refuge. Pas fâché ! Cela fait déjà 3 jours et 3 nuits que je voyage en autonomie complète.

En plus, un touriste attentionné m'offre le pinard, le bonheur est complet !

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Deserts Boliviens - Partie 1 : Au pays des lignes droites

Le 24/01/2017

Hola a todos !

Back on the roads!

Depuis le terminal terrestre d'Uyuni, Tim est reparti vers le Nord, quand moi je prenais le vélo pour le Sud. C'est un peu brutal de se re-trouver seul en plein milieu de l'Amérique après tant d'aventures ensemble, et ça fait bizarre de   trouver à nouveau la tente vide...

Mais c'était ma règle du jeu, et en fin de compte, quoiqu'on dise, je me rends compte qu'il ne faut pas tant de temps pour s'habituer aux changements.

Un peu de Camargue

Je règle mon azimut à 180, mon cap pour tout le reste du voyage. Le passage du rallye précipite un peu mon départ : à cause des prix qui flambent dans cette ville d'Uyuni, je préfère ne pas attendre ces soit disant "champions", qui n'hésitent pas à emprunter les rares routes asphaltées du pays plutôt que de rouler en terrain boueux.

Mon objectif, l'Atacama, pour définitivement passer la frontière Chilienne.

Ma route : la région semi-désertique de haute altitude du Lipez, qui constitue l'extrême Sud du pays.

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Une future championne ?
On me prévient en partant que la campagne est inondée. Une fois n'est pas coutume, je n'écoute pas les conseils des boliviens, qui me disent que je ne pourrai pas bivouaquer sur une centaine de km, et qu'il me faut partir demain pour atteindre un village ; après 20 km je pose ma tente dans une plaine asséchée.
Les 2 prochains jours, je roulerai dans la grande plaine au Sud du salar, par des routes sans virages et (presque) sans villages. La distance entre 2 pueblos est de 30 ou 50 km, je fais jusqu'à 15 km sans le moindre changement de direction. Ca peut paraître ennuyeux, mais j'aime vraiment ce genre de routes.
La terre est très colorée, souvent d'une belle couleur rouge qui donne quelques airs d'Outback Australien. Une après midi, je croise sous mes roues la plus grosse araignée que j'ai jamais observée. Ok, je n'irai jamais rouler en Afrique ou en Australie.
Le second soir, je m'installe quelques kilomètres après un village de mineurs qui extraient le lithium, sur une petite plaine de sable. Un violent orage éclate, et je me retrouve en quelques minutes piégé dans ma tente qui flotte sur 3cm d'eau, écoutant impuissant la grêle et les rafales de vent qui jouent avec mon abri précaire. A chaque seconde, je me demande combien de temps je vais rester au sec dans cette tente. En fin de compte, je n'ai qu'un mot à dire : merci decathlon pour la qualité du produit !
Le lendemain, la plaine est inondée, et la piste apparaît comme une digue qui trace sa route au milieu d'un lac. Je rencontre les difficultés plus tôt que prévu, avec la boue qui colle à mes roues, et m'arrête net lorsque je baisse ma vigilance.
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Australie ?
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La boue, la peur de l'artillerie, la galère des vélos
P1080746Roulant à travers la plaine innondée, avec toujours quelques chaînons montagneux en vue.
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Je croise un petit courant d'eau claire qui se jette dans la plaine transformée en lac. Qui pourra distinguer le ciel de la terre ? "C'est au bout du regard, là où les bateaux quittent la mer..."
Dernier village
En arrivant au charmant petit village de San Juan de Rosario, je sais qu'il s'agit pour moi de la dernière communauté humaine dans mon itinéraire, si l'on excepte les refuges touristiques et les fermes isolées. Il est temps pour moi de remplir mes réserves d'eau au maximum pour pouvoir affronter le désert en autonomie complète. Merci à Victoria qui accepte gracieusement de me servir de l'eau de sa réserve personnelle. Me voici avec 13 litres, qui me permettront 4 jours d'autonomie selon ce que j'espère.
Je passerai une 3ème nuit dans cette grande plaine, un peu plus tranquille cette fois, avant d'attaquer les choses sérieuses.
Au fur et à mesure que je me rapproche de la frontière, que je longerai sur 250km, le paysage se couvre progressivement de volcans enneigés. Pour gagner une dizaine de km,  je coupe en mode "hors piste" dans une plaine de sable, au bout de laquelle se termine ma route au plat. Il me faut quitter cette grande plaine que je fréquente depuis Uyuni, pour monter sur des hauts plateaux plus désertiques.
Au bout de la première montée, je croise un couple de lyonnais qui traversent en 4x4 les Amériques, qui me proposent de prendre un café bien apprécié à ce moment de la journée. Quelques kilomètres plus loin, après une portion de piste (enfin) roulante et de toute beauté, je quitte l'axe principal, pour désormais me faufiler par les traces de 4x4, seuls véhicules à s'aventurer par là, à travers les déserts d'altitude de l'extrème Sud bolivien. Mais ça, c'est une autre partie de l'histoire !
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San Juan de Rosario, dernier village. Une centaine de personnes, vivant de l'élevage de lamas et de quelques cultures, sous l'oeil bienveillant du volcan Ollague, déjà au Chili.
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A mi-chemin de la plus longue ligne droite
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Condensé de Sud Bolivien : une piste en terre dans la plaine, sous un volcan, un troupeau de lamas ou de vigognes en embuscade.
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En prenant de la hauteur, après 2 jours et demi tout droit et tout plat. Au loin, le Chili.
P1080766Derniers kilomètres sur quelque chose qui ressemble à une route, dans un monde de roches colorées et de volcans.
 
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