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11 mois déjà...

Le 28/09/2017

Non, il ne s'agit pas d'une nouvelle directe à la Dibona...

Il y a que les 1 an de ma rencontre avec les Andes approchent à grands pas, et il y a des anniversaires qui se fêtent comme il se doit. (Que l'Alpe me le pardonne, j'ai bien vite oublié mon amour de jeunesse en connaissant sa grande sœur... Mais maintenant que je suis rentré vers elle, je vois bien que son charme ne souffre pas de la comparaison !)

Alors, pour l'occasion, je publie un billet que j'ai commencé à rédiger sous les tropiques, en Décembre dernier, dans un recoin obscur de la gare centrale de Cochabamba.

Pourquoi voyager ?

Il y a d'abord ceux qui esquivent, en faisant subtilement comprendre à leur interrogateur qu'il ne poserait pas la question s'il était en mesure de comprendre la réponse.

Ainsi, Georges Mallory qui s'attaque au mont Everest "parce qu'il est là". S'il n’était pas là, je ne pourrais le grimper, aurait dit La Palisse s'il avait connu l'Himalaya.

Cet absurde que Mallory se contente de suggérer à l’interlocuteur, Lionel Terray le revendiquera, en s'autoproclamant "conquérant de l'inutile". Pourquoi monter, s'il faut redescendre ; pourquoi partir s'il me faut rentrer un jour ? Pourquoi prendre la route en vélo quand je peux la faire en moto ? Face aux questionnements qu'on lui adresse, le voyageur est tenté de se prendre au jeu de Mallory.

Certains pourtant ont le courage de répondre, ou tout au moins de tenter une réponse. Ça faisait quelques temps que je voulais traduire le poème de Kipling, "L'Explorateur", alors voici quelques extraits choisis :

"Il n'y a pas de sens à aller plus loin - c'est le rebord de la civilisation"

Ainsi ils parlaient, et je les ai crus - travaillant ma terre et semant ma culture

Construisant ma ferme et montant mes clôtures dans ce petit village frontière

Installé au pied des collines, là où les chemins rétrécissent et disparaissent.

 

Jusqu’à ce qu'une voix, aussi profonde que la Conscience, raisonna interminablement

D'un seul Soupir sans fin répétant jour et nuit :

"Quelque chose est caché. Va et trouve le. Va et regarde derrière les montagnes

Quelque chose est perdu derrière les montagnes. Perdu, et qui n'attend que toi. Va !"

 

Alors, à cours de patience, je suis parti, sans dire un mot a mes plus proches voisins

M´échappant avec bagages et affaires - les laissant boire dans la ville

Et la foi qui déplace les montagnes ne semblait pas aider mes labeurs

Alors que j´affrontais l´abrupte chaîne de montagne - tantôt courant vers le haut, tantôt mettant le cap en bas

 

Pas après pas, j´y ai frayé mon chemin, tournant mes hanches et mes épaules

Me dépêchant dans l´espoir de rencontrer l´eau, rebroussant chemin par manque d´herbe

Jusqu´à ce que je campe au dessus de la limite des arbres - neige glissante et crêtes nues

Senti l´air froid sous le vent - je savais que j´aurais peiné vers ce col

 

Pour l'avoir trouvé, j´ai pensé à nommer le col, mais cette nuit ce fut le vent du Nord qui me trouva

Gelant et tuant tout sur son passage - alors j´appelai le camp "Désespoir"

A ce moment, mon soupir s´éveilla pour me harceler :

"Quelque chose de perdu derrière les montagnes. Plus loin encore ! Vas-y !"

 

Alors j'ai su au moment ou je doutais - j'ai su que Sa Main était certaine au-dessus de moi

A ce moment encore - des dizaines d´hommes plus forts que moi ont échoué -

J´aurais pu retourner au village sain et sauf...

Mais je ne l´ai pas fait... Je ne l´ai pas fait. Je suis descendu de l´autre côté.

Jusque là où la neige disparaît dans les fleurs, et les fleurs se changent en Aloès

Puis je me retrouvai de nouveau dans un désert - une terre foudroyée et un ciel foudroyant.

 

Je me souviens avoir allumé des feux; je me souviens m'être assis autour d'eux

Je me souviens d'être devenu fou - et je le savais

"Ce désert est vraiment plein de rêves", mais mes deux jambes me l'ont fait traverser

 

Quelle gloire en ai-je retiré ? Ai-je nommé une seule rivière, ai-je prétendu à un seul mètre carré ?

Ai-je emporté un seul trésor ?

Non, je ne l'ai pas fait. Mais, par Celui qui m'a fait, j'ai reçu un salaire dix fois plus grand.

Saül est venu chercher des ânes, et par Dieu il trouva un royaume.

Oui, votre "Pays impossible", d'accord, votre "rebord de la civilisation"

Et "pas de sens à aller plus loin" - jusqu'à ce que je traverse la chaîne de montagnes pour aller voir de l'autre côté.
 
La conclusion, c'est Gaston Rebuffat qui la donne, dans un langage plus explicite que Kipling, mais pas moins poétique :
"Dans un monde où tout est de plus en plus programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un luxe exceptionnel".

À leur façon, les Andes m'ont offert ce luxe, et je l'ai apprécié dans toute sa valeur. Comme disait Ronald, "Aller au lac par le chemin de la Rinconada, c'est la dernière folie de notre ami Valentin", et je lisais dans son sourire qu'il était bien heureux de rencontrer encore ce genre de "fou", et que, s'il le pouvait, il m'aurait accompagné, lui qui a traversé le plus grand glacier du Pérou "pour se promener".

Merveilles au bout du monde

Le 16/04/2017

Et si, arrivé au bout du monde, l'aventure ne faisait que commencer?

Sur le quai Tres Puentes de Punta Arenas, j'embarque à bord du Yaghan. Il est 5 heures du soir, très loin sur l'horizon émerge un groupe de montagnes de glace qui paraissent des icebergs flottant dans les eaux du détroit. Nous dépassons de nuit le cap Froward avant de quitter le détroit pour le canal Magdalena. A minuit, éclairé par un puissant clair de lune, nous passons au pied du mont Sarmiento, sentinelle isolée et inaccessible de ces eaux Magellaniques. Une forte houle me réveille à 6h du matin, je sors sur le pont pour regarder le spectacle. Vers l'Ouest, l'horizon s'ouvre sur le grand large ; nous voilà au bord de l'océan pacifique. Je pense à Magellan et ses marins, s'avançant dans cet océan encore inconnu. Le ciel est plus étoilé que jamais avec la lune qui s'est couchée, le lever de soleil va être beau.

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A bord du Yaghan, en passant le Paso Aguire

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Isla London

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Isla London

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Monte Sarmiento versant Ouest

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Canal Ballenero

P1120948Canal Ballenero, Isla Stewart

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Isla Londonderry

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Pingouins dans le canal O'Brien

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Monte Darwin (2429m)

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Cerro Italia (2057m) et Monte Frances (2204m)

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Baleine au Paso Darwin

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Monte Darwin

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Isla Gordon

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Cerro Italia

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Glacier Romanche

P1130068Pico Jano et Cerro Stoppani au dessus du Glacier Alemania

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Pico Jano face Sud

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Isla Gordon

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Monte Frances et Glacier Italia

P1130096Glacier Italia, qui se jette dans le Pacifique

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Glacier Italia et Cerro Italia

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Forêt Magellanique, Isla Navarino

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Lago Robalo, Isla Navarino

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Lago del Salto et Dientes de Navarino

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Lago del Salto

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Dientes de Navarino

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Lago del Paso

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Lacs sans nom, Isla Navarino

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Cerro Bettinelli

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Lago de los Dientes et Dientes de Navarino

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Lenga

P1130231Diente  de dientes de Navarino 

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Lac sans nom, Vallée Guerrico, Isla Navarino

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Vallée Guerrico et Montes Lindenmayer

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Dientes de Navarino

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Canal Beagle

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Vallée Ukika

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Canal Beagle, vue sur la Terre de Feu et Ushuaia 

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Cerro Bandera

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Canal Beagle et vue sur l'île Gable et la Terre de Feu

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Terre de Feu

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Terre de Feu vue depuis Puerto Williams

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Côte Nord de l'île Navarino

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Bahia Virginia, Isla Navarino

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Isla Navarino

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Canal Murrey entre les îles Hoste et Navarino

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Baie Yendegaia et montagnes de la Terre de Feu

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Cordillère Darwin, secteur Monte Bove

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Fjord Parry, Cerro Selkn'am et Monte Shipton à l'arrière plan

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Pointe Morro et Fjord Parry

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Cordillère Darwin, secteur Monte Shipton et Darwin

Patagonie épisode 7 : l'oeil n'est jamais rassasié de voir

Le 06/04/2017

"À voir de belles choses, on ne finit pas par se lasser en fin de compte? "

La question remonte à San Pedro de Atacama. Je voyageais alors depuis 2 mois et demi, et je répondais que jusqu'ici, pour moi, l'émerveillement durait. Aujourd'hui, avec plus de 5 mois d'itinérance en Amérique du Sud au compteur, je constate que le regard n'est jamais repu de paysages et de vie sauvage. Même si l'excitation du début se transforme en routine. Une routine de vie sauvage, une routine de spectaculaire qui ne ternit pas le plaisir, bien au contraire.Il faudrait plutôt s'inquiéter d'addiction, que de parler de lassitude...

Départ d'El Calafate. Je retrouve rapidement la "Ruta Cuarenta" que j'avais empruntée pour venir. Probablement la plus célèbre des routes d'Amérique Latine, elle traverse sur la longueur l'Argentine le long de la cordillère. 4500km du détroit de Magellan à la frontière bolivienne.

Le vide

Avec un bon vent dans le dos, la route emprunte une longue côte à flanc de pente qui débouche sur un plateau de steppe rase. C'est la "meseta de las viscachas" que je traverserai sur près de 80km. Depuis le rebord de ce plateau, j'ai une vue magnifique sur la plaine du Rio Santa Cruz, le principal fleuve de cette province à qui il donne son nom. Au loin se profile une dernière fois le massif du Fitz Roy. L'ambiance sur le plateau est surréaliste, un paysage plat et nu dans toutes les directions. Seules quelques petites montagnes au loin annoncent la cordillère. Au milieu du plateau, je quitte la route asphaltée pour une longue section sur piste. Il s'agit en fait de l'ancien tracé de la Route 40, qui est plus direct pour ma route et m'évite un long détour. Finalement, apparaît au loin le beau massif des Torres Del Paine, une sorte de forteresse isolée qui émerge de la plaine. Il me faudra encore 3 jours de vélo pour arriver au pied de ces montagnes.

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La plaine du Rio Santa Cruz depuis le bord de la Meseta de las viscachas

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L'ambiance sur le plateau

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Platitude absolue

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Une autre photo de l'Autruche car la dernière était assez horrible. Avec des flamants roses  en prime.

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Le coucher de soleil dans la steppe...

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Le groupe du Paine qui surgit à l'horizon

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El Gaucho. A lui les espaces sans fin, et la solitude qui va avec.

Le massif du Paine

Après être descendu du plateau, encore 2 jours de vélo pour arriver au pied de ce massif que j'ai en ligne de mire. Je retraverse la frontière chilienne pour rentrer dans la deuxième et dernière région de ce pays, la région de "Magellan et de l'Antarctique Chilien". Rien que ça. Il me faut faire un petit détour et remonter vers le Nord pour aller vers le massif du Paine. Seulement, il n'y a pas de village dans le coin et je roule en autonomie depuis 3 jours déjà. Tant pis, je pars  quand même pour aller voir ces montagnes quitte à me rationner de nourriture. Ca en vaut sûrement la chandelle et en plus, j'ai bientôt fini mon voyage à vélo. Quelques groupes de touristes manifestement impressionnés m'offrent leurs sandwichs ou leurs bières, moyennant quelques séances de photo.

J'arrive finalement au pied des montagnes, qui sont protégées par un parc national plutôt du genre prohibitif. Pas possible de dormir dans le parc si je n'ai pas réservé les campings. Je les avais bien réservés, mais je suis arrivé ici 8 jours avant la date prévue. Et puis zut, je viens ici sans polluer, je ne  vais pas faire demi tour ici, les gardes n'auront qu'à bien me traquer le soir venu. Premier jour, montée à la célèbre laguna Torre, au pied d'un trio de pilliers granitiques des plus spectaculaires. On dirait les trois doigts d'une main démesurée, dont la paume serait enfoncée dans le lac. C'est décidé, je bivouaquerai ici. Les alentours du lac sont un champ de grands blocs de granit, certains sont parfaitement plats et assez grands pour y dormir, d'autres sont posés en équilibre formant un grand couvercle en cas de pluie. Je commence ma nuit sur une belle table à ciel ouvert. Mais rapidement les sommets s'enveloppent d'un voile qui ne me dit rien de bon. Je me réfugie vite sous un de ces couvercles, un grand bloc sous lequel je peux  me glisser et trouver un terrain plat.

Bien m'en a pris, il se met rapidement à pleuvoir. Inutile de préciser que les premières minutes sous mon abri font ressortir un tas de questions insensées...

-Tu crois que le bloc peut se fendre en deux ? Parce que là il doit bien faire 10 tonnes. Divisé par 2, disons 3 s'il ne casse pas en son milieu et que c'est le petit côté qui me tombe dessus, ça ferait 3 tonnes qui m'écraseraient. Dis donc c'est pas mal 3 tonnes non ?

-t'as déjà vu un si gros bloc se fendre ? Et puis c'est du granit, t'inquiète.

-Ouais t'as raison, c'est du granit quand même. Bon aller je m'endors et demain je me réveille sans soucis.

(...)

...euh... tu penses que le bloc peut basculer ? J'ai vérifié, il est seulement sur deux appuis. Là ça serait les 10 tonnes d'un coup !

Ah non ici il y a un petit rocher, il pourrait servir de butée. Si le bloc bascule et vient buter sur ce rocher, je ne serai peut- être pas écrasé!

...Ah mais par contre je n'aurai plus assez d'espace pour sortir. T'imagines? 

Ca ferait comme dans le film du mec qui reste j'sais pas combien d'heures le bras coincé dans un rocher en faisant du canyonning. Il ne pouvait prévenir personne ! Ah mais d'ailleurs moi j'ai ma balise SPOT, je pourrai peut être passer mon bras pour prévenir les secours. Mais comment ils s'y prendraient tu penses les secours ? Ils pourraient ...

-Non mais tu vas dormir oui ou non !!!

-ok, ok, je n'y pense plus. Et si...

 

Je me réveille le lendemain sans encombre, dans le brouillard qui accueille la foule venue assister au lever de soleil depuis le camping un peu plus bas. Moi je redescends et reprends mon vélo pour aller voir les Cornes du Paine, l'un des paysages les plus réputés du massif. Je fais une nouvelle nuit de bivouac dans le parc, cette fois à l'air libre sous un ciel étoilé et sans lune, d'une beauté fascinante. Au milieu de la voie lactée, à l'endroit où elle est le plus intense -c'est à dire au niveau de la base de la croix du Sud- se trouve un immense "trou" sans étoile et sans lumière. Le contraste avec la lumière diffusée de la voie lactée qui l'entoure est saisissant, il semblerait que l'on découvre une nouvelle définition de la couleur noire en plein milieu d'un ciel nocturne.

Le lever de soleil dans le décor où je suis est splendide, entre l'étendue du lac Pehoe, les sommets glaciaires à l'ouest, et les rochers des cornes du Paine juste devant moi. Encore un peu de vélo dans le parc et je continue ma route (exigeante) vers Puerto Natales, la prochaine ville au bord de l'océan. Cette portion de route-qui est une piste depuis mon entrée dans le parc- est très tranquille,  Avec des paysages variés. D'abord un long parcours en balcon au dessus du magnifique lac Toro, puis à travers de petites forêts dans un relief de moyenne montagne, et enfin je retrouve la steppe pour arriver à Puerto Natales. Un peu avant d'arriver, je passe devant une grotte où furent retrouvés les restes d'un mammifère de l'âge de glace, le Milodon, un cousin du paresseux mais en 6 fois plus grand. Il aurait cohabité avec les premiers hommes dans la région avant de s'éteindre.

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Un campement au bord du lac Sarmiento avant d'arriver dans le parc national du Paine

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Juste avant d'arriver dans le parc. A gauche, le mont Almirante Nieto, à droite les Torres.

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En arrivant au lac Torres. Le décor est Ouf.

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Changement de temps mais ambiance toujours saisissante en soirée.

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Les blocs autour du lac abritent les plus gros cristaux de quartz que je n'ai jamais vus dans la nature.

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Le mont Almirante Nieto

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Trouvez le Guanaco boudeur!

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Le lac Sarmiento, qui est un bassin endoréique -sans déversoir. Il est par conséquent salé, ce qui permet le développement d'un certain type de micro organismes dont les squelettes se déposent sur les fonds et les rives du lac : de là vient la bande de pierres blanches que l'on observe sur les rives. Une sorte de calcaire en formation en somme.

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Bivouac en face du lac Pehoe.

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Et le lever de soleil le lendemain.

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Monte Paine Grande, point culminant du massif, et probablement le 3000 le plus au Sud de la cordillère des Andes.

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Le lac Pehoe et la vue vers le champ de glace Sud (encore... mais cette fois c'est vraiment la fin)

P1120680Aller Tim, tu me nommes tous les sommets visibles sur la photo ?

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Le salto Chico sur le rio Paine (Paine veut dire bleu en langage Tehuelche, et en voyant la couleur des rivières, on comprend pourquoi)

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Le Cerro Balmaceda au Sud-Ouest, visible de très loin avec sa stature isolée.

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Un dernier campement avant Puerto Natalesen balcon du lac Toro, le plus grand de toute la région. Un couple de petits aigles partageront les lieux avec moi. Et ils savent bien repérer un morceau de pain laissé sans surveillance au petit déjeuner. Mais il ne me reste que ça à manger, alors je ne me laisse pas faire.

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Sur la route vers Puerto Natales

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Cid, c'est toi ?? Qu'est ce qui t'est arrivé?

On remarquera la nouvelle collection d'automne Crocs, chaussettes, caleçon long, thermolactyl et bonnet péruvien.

Puerto Natales

L'arrivée sur la petite ville de Puerto Natales se fait dans un cadre insolite. Au milieu de la steppe se découvre un bras de l'océan, qui ressemble plutôt à un lac  car des collines arrêtent la vue quand on regarde vers le large. Et derrière ces collines surgissent quelques sommets glaciaires. Puerto Natales se trouve dans ce cadre, au bord du fjord, avec ses maisons de style européen. Geographiquement, on peut dire que c'est un endroit remarquable : jusque là, il fallait traverser la cordillère pour atteindre l'océan pacifique. Désormais, l'océan borde directement la steppe et la cordillère se poursuit plus à l'ouest, sur les îles et les presqu' îles. Une sorte de bateau en train de naufrager, dont les parois s'enfoncent directement dans la mer. Mes 3 jours de repos dans la ville se feront sous un ciel des plus sereins, qui s'accorde bien avec les vues larges et dégagées des alentours. L'automne comme on en rêve.

Au nord, les monts Balmaceda et Paine Grande  toujours visibles viennent étoffer l'horizon.

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Le tranquille petit port de Puerto Natales au bord du fjord d'Ultima Esperanza. Vue en direction du large (si si je vous le dis)

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Une ancienne jetée, et le mont Balmaceda dans le prolongement.

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"Los volantes". A gauche sur l'horizon le mont Balmaceda, à droite le Paine Grande.

Derniers tours de roue

"La fin de cette aventure, et le début des suivantes" disait Aslan à ses amis de Narnia. Les suivantes sont toutes à écrire, et pour l'heure je m'affaire à terminer cette idée qui naquit un jour à force de regarder les atlas. Traverser les Andes, je ne l'ai pas fait. Il m'aurait fallu partir de Caracas, au bord de la mer des Caraïbes, pour connaître tout en long la plus longue des chaînes de montagnes de notre terre. Mais pour une première aventure à vélo, j'aurai mené à bien un joli défi : rallier la capitale des Incas, Cusco, au principal port du détroit de Magellan, Punta Arenas. Bien sûr, la route se terminant, toutes sortes d'idées folles germent dans la tête. Et si ma route accomplie n'était que la première étape d'un parcours autour du monde ? Je traverserais l'Atlantique Sud jusqu' en Afrique australe, pour remonter en Asie,...et pourquoi pas un jour débarquer à Cusco par le Nord ?

Pour l'heure, mieux vaut en rester aux "idées sages", parce qu'il y a un temps pour tout après tout.

240km de plaine m'attendent entre Puerto Natales et Punta Arenas. A moitié la steppe, à moitié une forêt clairsemée d'arbres battus et déformés par le vent -qui ne souffle pas trop en cette saison. Un mix de météo pour profiter de toutes les ambiances possibles, et me voilà déjà au bord du détroit. Au loin se dessine la petite métropole de Punta Arenas, qui vit passer tant de bateaux navigant par les océans.

Pour ma part, un peu plus d'un mois et me voilà de retour en France. Heureux qui comme Ulysse ?

Valentin, pour TintinEnamerique, bonsoir. J'espère que chacun a profité du voyage !

Et un grand merci à l'équipe de correction!

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Matinée de brouillard dans une région avec beaucoup d'élevage.

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Ca sent la fin du monde, la fin du voyage.

P1120821Morro Chico, un plateau rocheux planté en plein milieu de la plaine et visible depuis très loin.

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Une dernière steppe.

Patagonie, épisode 6 : À mon bon souvenir, et à mes futurs voyages

Le 23/03/2017

La steppe. Un mot aux connotations asiatiques, qui nous fait penser à une ribambelle de pays qu'on ne saurait placer sur une carte. Mongolie, Kazakhstan, et tout autre pays-en-stan dont on se demande s'il existe vraiment.

Une cinquantaine de kilomètres autour du village de Crucero, au Pérou, furent une révélation pour moi. Quel pied de rouler dans ces étendues libres de toute perturbation oculaire...

La forêt amazonienne fut une étape mémorable, tout comme le désert de Bolivie. Le lac Titicaca et les fjords de Patagonie m'offrirent des paysages absolument superbes. Mais la steppe restait dans ma tête une partie à part, une nostalgie d'une journée de vélo qui fut trop courte à mon goût. Qu'à cela ne tienne, à peine le village d'El Chalten laissé derrière moi, me voici en plein milieu de la Patagonie sèche. C'est parti pour 220 km jusqu'à la prochaine agglomération; cette fois ci j'aurai le temps de profiter. Direction El Calafate donc, en longeant premièrement le lac Viedma sur sa longueur, puis le rio Leona qui se jette enfin dans le lac Argentino au bord duquel se trouve El Calafate  (du nom d'un arbuste similaire à l'airelle).

Pourquoi ces paysages me fascinent-t-ils à ce point ? Sont-ce ces inlassables successions de sèches steppes sans fin ? Ou la vacuité quasi-sidérale d'un décor sans nulle sophistication?

Comme disait un sage mongol : "mi-han dumol sikot, mart him Khan dol". Ca ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c'est dans le ton.

Je rajoute à ce petit compte - rendu ma dernière rando dans le secteur du Fitz-Roy, ainsi qu'une journée fantastique en face des seracs du glacier Perito Moreno.

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Couleurs d'automne dans les forêts de Nothofagus, entre cordillère et steppe. Au fond, les lagunes Hija et Madre.

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Lagune de los Tres.

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Et, le jour de la photo, on n'avait pas encore passé l'équinoxe d'automne! Tant mieux pour mes yeux.

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Laguna Capri

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Les méandres du Rio de las Vueltas

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Paysages oniriques, pour moi du moins. On m'avait demandé, alors à El Chalten, si je ne trouverais pas ces paysages ennuyeux. "Ca peut paraître répétitif, mais je trouve qu'il y a un je ne sais quoi de vraiment fantastique à rouler des heures dans ces étendues".

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Autruches, renards, Guanacos. La faune de la steppe.

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Au bout du lac Viedma, les sommets de la cordillère sont encore très nets, à plus de 80km à vol d'oiseau.

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Le rio la Leona, à côté du café-hôtel La Leona, où se cacha Butch Cassidy -un célèbre bandit américain des années 1900- après qu'il eût cambriolé une banque à Rio Gallegos.

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Le ciel pour plafond, la steppe pour matelas.

Retour temporaire vers la cordillère, pour une journée de tourisme Au glacier Perito Moreno (du nom d'un des plus célèbres explorateurs de Patagonie, au même titre que le père Alberto De Agostini). Ce glacier est toujours rattaché au champ de glace Sud, et s'écoule dans le lac Argentino, dont il vient presque entraver le cours. De la rive opposée, on a une vue de premier choix sur cette longue muraille de Séracs, haute de 70m en son point culminant. Le velage du glacier, c'est à dire le détachement de blocs de glace qui viennent tomber dans le lac pour former des icebergs, est un spectacle spectaculaire - comme aurait dit Lapalisse s'il était encore en vie.

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"El beso de hielo"

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Demain, retour dans ma steppe pour un nouveau voyage de plusieurs jours. Les étendues de Patagonie suffiront-elles à me rassasier d'immensité? Sinon, il me faudra un jour ou l'autre trouver un terrain de jeu de plus grande ampleur...

Amitiés du Sud !

Patagonie, épisode 5 : L'irréel

Le 17/03/2017

El Chalten... Un nom qui résonne comme un El Dorado de la montagne, un petit coin aussi perdu que réputé à l'autre  bout du monde. Il me fallait voir de mes yeux ce recoin des Andes, et ça tombe bien car il se situe exactement sur ma route vers le bout du monde. Après la traversée rocambolesque de la frontière Argentine et la navigation sur le lago del desierto, une matinée de vélo sous la pluie me mène au village. Les montagnes resteront ennuagées les deux jours suivants, histoire de préparer les excursions à venir en rêvant à quoi peuvent bien ressembler ces paysages. Samedi matin, en sortant la tête de la tente, je découvre un ciel complètement dégagé. Ni une ni deux me voilà bâtons en main et chaussures aux pieds, tant pis pour  mes vivres qui sont séquestrés dans la cuisine du camping jusqu'à 8h.

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Le village d'El Chalten dans une petite vallée avant la steppe

Première excursion : la classique
Direction la laguna torre, au pied du verticalissime Cerro Torre. De loin, la montagne paraît assez petite, comme un appendice qui vient terminer une longue muraille glacière. Plus on se rapproche, plus elle s'individualise et révèle sa silhouette insolente. Un immense surplomb plaqué de neige sur la face Sud isole la partie terminale de la paroi, qui paraît suspendue en porte à faux dans le vide environnant. Pour ajouter au décor, un Condor se permet un petit tour dans le ciel. En revenant, je fais un crochet par deux petits lacs pour me retrouver au pied du Fitz Roy, le géant du coin. Dominant de 3000m la vallée vers l'Est, il s'avance dans le paysage comme un bastion qui donnerait accès à une autre planète. Sous cet angle là; sa forme en "pain de sucre" est particulièrement spectaculaire. Les autres sommets qui orbitent autour de lui, et qui paraissent habituellement sur les photos comme des épaules du Fitz, ne sont pas moins impressionnantes, entre autres l'aiguille Poincenot et sa fine paroi de bien 1000m de hauteur. Retour à El Chalten dans une ambiance de plus en plus steppique complètement déboussolante après ce monde de glaciers et d'aiguilles rocheuses. Tout cela semble être le décor d'une autre planète.

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Départ du village, le Fitz Roy dans son habit matinal

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Le Cerro Solo qui domine le village

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Et le Cerro Torre

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Les Cerro Nato et Adela qui accolent le Torre

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Silhouette mythique...

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Le décor près de la laguna torre dans son ensemble

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Laguna Hija

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Le Roi du massif et ses valets, surplombant la laguna madre

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Le troisième et dernier 3000 du massif, l'aiguille Poincenot

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En redescendant au village, au dessus de la vallée de las vueltas. Sècheresse de fin d'été ou coup d'envoi de l'automne? 

Seconde excursion : au pied du géant
Lundi, début d'une période de beau temps qui tombe à pic pour moi. Direction le Nord du massif, et le refuge de la Piedra del Fraile, point de départ des grimpeurs pour le Fitz. Les sentiers sont bien moins fréquentés par ici, je serai presque seul sur la journée. Un gros raidillon me propulse dans un vallon de haute montagne que domine la paroi Nord du Fitz et de l'aiguille Mermoz. Vers l'Ouest se dessine le Paso Marconi, à la frontière chilienne, qui donne accès au champ de glace Sud. J'accède  à un col d'altitude qui me rappelle quelques belles randonnées dans les Ecrins. De là, j'ai accès au paysage spectaculaire du cirque glaciaire au Nord Ouest du Fitz.A La base de la paroi sommitale, de larges dalles de granite glacées, se situent quelques centaines de mètres sous mes pieds. Au fond du cirque trône la face Nord du Torre, point de départ d'une longue série de flèches rocheuses invisibles depuis les points de vue habituels. Au centre notamment, la très esthétique aiguille Pollone, et puis un peu plus loin, la dent du Gran Gendarme qui vient couronner une face glaciaire démesurée.

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Départ au matin vers le Paso Del Cuadrado. L'avantage avec la fin de l'été, c'est que le soleil se lève enfin à une heure raisonnable !

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Face Nord Ouest du Fitz, très effilée, en mode pain de sucre

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La face Nord du Fitz, à gauche l'aiguille Mermoz et son bec d'aigle

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Un petit lac en montant au col.

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Le glacier Fitz Roy Norte, la face Nord du Torre et le groupe Pier-Giorgio\Pollone

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L'aiguille Pollone

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Le rio de las vueltas

Troisième excursion : introduction à l'Antarctique
C'est parti pour une rando de deux jours, pas comme les autres.
Elle commence dans les brumes d'une nuit blanche, à 3h du matin, en compagnie d'un argentin et un italien motivés pour atteindre un sommet à 1500m d'altitude pour le lever du soleil qui s'annonce grandiose. Nous sommes au rendez-vous pour le grand spectacle. Au programme : le duo magique Torre-Fitz Roy au Nord, le chaînon glaciaire Mariano Moreno en plein milieu du champ de glace à l'Ouest, l'immensité du lac Viedma et de la steppe à l'est, d'où apparaît finalement le soleil après une bonne demi -heure de congélation au sommet.
Je prends congé de mes coéquipiers au sommet et continue vers le Sud Ouest, vers la laguna Toro et le Paso Del Viento. Une longue marche, dans l'environnement glaciaire de la face Sud du Cerro Grande me mène finalement à ce col, d'où s'ouvre une vue sur un autre univers. Je n'ai jamais vu de spectacle semblable, il se dégage quelque chose d'éternel et d'incroyablement reposant, pour les yeux et pour l'âme. C'est un petit bout de ce champ de glace Sud, qui étire sa couverture blanche et bleutée jusqu'à l'horizon, où quelques sommets viennent ajouter un peu de relief. Le "paradis blanc", qui me fait rêver de poursuivre mon voyage jusqu'à ce continent Antarctique...

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Au petit matin sur notre sommet

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Le Cerro Grande, un des sommets glaciaires les plus esthétiques du massif

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Perché dans notre congelo, les premiers rayons ne sont pas très ardents

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Le massif vu du Sud, en bas la laguna Torre

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Pas de doute, c'est bien l'automne! 

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Cerro Solo face Sud

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Au delà des mots, encore une fois. J'ai longtemps hésité à bivouaquer au col...

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Au bord du glacier Tunel Inferior sur le chemin du col

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Et une autre immensité horizontale, celle du lac Viedma et de la steppe Patagone, qui m'attend bientôt! Demain, une dernière rando ici, et c'est reparti pour pédaler dans la Patagonie plate, qui m'attire irrésistiblement.

Patagonie, épisode 4 : Tortel, O'Higgins et la frontière

Le 09/03/2017

"Car ils ont reconnu qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur cette terre"

En terre de Patagonie, je continue ma vie nomade sur cette planète où je suis voyageur.

Tortel, de brumes et de bois

De Cochrane, je continue à descendre la vallée du Rio Baker, jusqu'à son embouchure sur l'océan Pacifique. Le soleil m'a quitté, je découvre la Patagonie des pluies.

Je rentre finalement dans une forêt impressionnante d'humidité, comme l'Amazonie mais avec 25 degrés de moins. Au bout de la Route, sur l'océan, se trouve le petit village de Tortel. Ce village est accessible par voie terrestre depuis 10 ans. Adossé à un fjord, toutes les rues du village sont des passerelles ou des escaliers en bois, le Cyprès des Guaitecas. Il y pleut presque chaque jour. C'est la porte d'entrée de la Patagonie de l'envers, celle des milliers d'îles exposées de plein fouet aux tempêtes du Pacifique. Un monde fascinant et inconnu.

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Un lac sauvage en quittant Cochrane

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L'arrivée sur Tortel le long du Rio Baker. Des puissantes cascades tombent de tous les côtés sur les flancs des montagnes, le paysage reste sombre même en plein midiP1110455

La Costanera, la rue principale de Tortel

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Le village de Tortel

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Tortel vu depuis le haut du village

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Les îles dans le fjord

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Le fjord de Tortel vu depuis un petit sommet

O'Higgins

Les derniers jours de vélo ayant été plus difficiles que ce que j'avais imaginé, je prends de Tortel un bus jusqu'à Villa O'Higgins; ça me fait économiser 90 km, du temps et de l'énergie pour les choses à venir. Ma pédale droite fera toutefois le voyage en roulant, mais sur le vélo de Julien, un autre cyclovoyageur qui avait cassé la sienne.

Villa O'Higgins est au terminal de la Carretera Austral, que j'emprunte depuis plus de 1000km. De là, il faut prendre un bateau pour traverser le grand lac O'Higgins, et puis franchir un col pour passer en Argentine. En attendant le bateau, je profite d'une journée sur place pour monter sur un sommet qui domine le village: le cerro Altavista. J'espère y observer les montagnes au Nord-Est du champ de glace Sud si le temps est dégagé.

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Lago Cisnes et Lago Negro autour de Villa O'Higgins

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En montant au Cerro Altavista, au dessus de la ligne des arbres.

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Vue du sommet vers le Nord

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Le sommet, je m'arrêterai quelques mètres avant la cime à cause du vent et de la neige.

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Une fenêtre de quelques secondes pour observer les montagnes à l'Ouest

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Le glacier Mosco vers l'Est

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Duo de lacs, au fond le grand lac O'Higgins, le plus profond des Amériques.

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Lac O'Higgins, son bras qui mène à Villa O'Higgins

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ça commence à bien blanchir par là. Le Cerro Huemul Blanco.

La frontière

Après 6 semaines au Chili, il était temps de changer. Je ne peux plus rouler plus au Sud en restant dans ce pays : me voilà prêt à passer la frontière Argentine. Et quelle frontière! Vous avez sûrement compris que j'aime changer de pays dans des lieux spectaculaires. Après avoir quitté le Pérou en surplombant le Titicaca; être sorti de Bolivie entre les volcans du Sud Lipez, je laisse le Chili en ayant traversé le magnifique Lac O'Higgins, et le col Portezuelo de la Divisoria. Ce col frontalier n'est accessible qu'à pied ou à vélo, et je vais bientôt comprendre pourquoi.

Le bateau me dépose avec une quinzaine d'autres voyageurs sur la rive Sud du lac. De là, 15km de montée nous amène à la frontière où stationnent une poignée de Carabineros de deux pays. 10 mètres après la frontière, la piste laisse place à une trace de cheval, remplie de boue, de troncs d'arbres et de passages à gué. Cela dure 5 km, qui me demanderont 2 heures à parcourir. Il faut ensuite à nouveau prendre une barque pour traverser le Lago del Desierto, pour enfin retrouver une bonne piste qui descend au village d'El Chalten.

P1110614L'embarcadère sur le Lac O'Higgins, 7 km après le village, est le terminal officiel de la carretera Austral.

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Deux vues du lac O'Higgins. Sur la deuxième, on voit les sommets du champ de glace Sud, dont les glaciers se jettent directement dans le lac.

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Adios Chile...

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Holà Argentina...

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...avec le "chemin" qui va avec.

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Le lago del desierto, et la montagne qui est encore dans les nuages. Pas pour longtemps...

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Patagonie, episode 3 : Chateau de Pierre, Chateau de Glace, et chapelle de Marbre

Le 27/02/2017

Salutations d'un petit cycliste français, de l'autre côté du monde.

Suite des aventures en terre Patagone. Et cette fois-ci, il y a du changement !

Je suis resté finalement 4 jours à Coyhaique, où il pleuvait comme lama qui pisse (expression locale), dormant dans une sorte de camping en intèrieur qui a investi les salles de classe d'une université. C'était la salle d'Anglais pour moi ! Et puis, quand le soleil s'est annoncé de nouveau, je suis reparti sur les chemins, seul et sans escorte - le ventre rempli de Completo (de bien fameux sandwichs chiliens).

Château de pierre (ou les Dolomites de Patagonie)

Première étape, Villa Cerro Castillo, au pied de la montagne éponyme. Ma route flirte avec la steppe Argentine dans une ambiance de grandes prairies et de relief vallonné, puis je remonte vers la cordillère en franchissant un col de haute montagne - accessoirement ma plus haute route de tout mon itinéraire en Patagonie. Altitude 1100m.

Je me pose à Villa Cerro Castillo pour aller randonner dans le massif rocheux voisin, encore dans les nuages en soirée. Pendant la nuit, le temps se dégage, et c'est parti pour une journée de rando ! Le sommet principal, le Cerro Castillo, domine de façon imposante la vallée plus de 2000m plus bas, et les neiges récentes ont bien enneigé ses faces. C'est une formidable paroi faite d'aiguilles fines qui s'élancent vers la cime plus large et surmontée d'une petite corniche. La face rocheuse doit faire bien 400m de haut, au pied de laquelle s'étend un petit glacier qui vient se suspendre au dessus d'une nouvelle barre rocheuse striée de cascades qui viennent se jeter dans le lac glaciaire tout en bas de la face Sud. La composition est parfaite, surtout éclairée par la lumière du matin. La rando m'emmène au pied de ce décor, avec une vue très élargie de l'autre côté sur la vallée principale et les hautes collines semi-arides au Sud. Je monte à un petit col à 1600m, à deux pas du glacier, ce qui me permet de traverser ses moraines et de découvrir l'incroyable richesse géologique du secteur. Une petite descente par une autre vallée, pour observer le Cerro Palo plus à l'Ouest, et des dizaines de traces d'Huemul, le cervidé de Patagonie qui abonde par ici.

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Sous la pluie de Coyhaique, en attendant le retour du soleil...

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...qui ne tardera pas à arriver. Ici en approchant la steppe pendant mon premier jour de vélo.

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Route de montagne pour changer.

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Départ à pied pour les hauteurs !

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La face Sud du Cerro Castillo se découvre

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Un autre sommet du massif, la laguna Castillo au premier plan.

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Et de la laguna jusqu'au sommet, en passant par les cascades et le glacier.

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Une des aiguilles de l'arête Sud Est.

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"Le regard pétrifié"

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Changement de temps en changeant de vallée. A droite, le cerro Palo.

Chapelle de marbre (avec un carrelage de turquoise s'il vous plaît)

Des aiguilles rocheuses plein les yeux, je reprends le vélo, toujours sur la Route Australe, qui n'est plus asphaltée à partir d'ici jusqu'à son terminus. 450km de piste, c'est parti ! La journée qui s'annonce est l'une des plus sauvages de mon voyage : 100km sans le moindre village, sans rien pour se ravitailler. Je remonte d'abord la très sauvage vallée du Rio Ibañez et retrouve temporairement des zones un peu plus humides, puis une longue traversée en moyenne altitude, au bord notamment du magnifique lac Cofre, me fait rejoindre la tout aussi sauvage vallée du Rio Murta, qui débouche dans le lac Général Carrera (ou Buenos Aires en Argentine), le numéro 2 d'Amérique du Sud après... le Titicaca; ça fait tout de même plus de 3 fois le Léman.

La route le longe sur environ 70 km, tantôt par la rive , tantôt par les hauteurs. La dilution des eaux glaciaires donne une teinte turquoise au lac hallucinante, qui se décline suivant l'éclairage et la proximité avec la côte : c'est ici le paradis du bleu. A proximité de l'unique village du coin, Puerto Rio Tranquilo, se trouve une falaise de marbre qui vient se jeter dans le lac. L'érosion des vagues a attaqué ses fondations, créant un réseau de "chapelles" à l'endroit où les rochers rencontrent le lac.  Géométrie et couleur sont au rendez-vous.

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La partie amont de la vallée du Rio Ibanez.

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Première rencontre avec le lac Général Carrera par son bras Nord.

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Une chapelle pour les âmes tourmentées...

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...et une pour les âmes grimpeuses qui rêvent d'une belle poignée sur rocher naturel. Il y en a des semblables en continu sur des centaines de mètres.

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Carrelage de turquoise (*sans Photoshop ajouté*)

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Qui a parlé de la baie d'Halong ? C'est sûrement moins spectaculaire ici, mais les fondations sont beaucoup plus baroques.

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Viens, on part en vacances avec mon pick-up ?

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Ce lac, c'est un bonheur pour qui aime le bleu...

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En prenant un peu de hauteur. Lequel du Titicaca ou du Général Carrera est le plus beau ? La question est ardue.

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Vers la plaine du Rio Leones. Ce sera un bon endroit pour bivouaquer en bord de lac, espérant peut être un lever de soleil sur de nouvelles montagnes...

Château de glace (ou la rencontre avec la montagne tutélaire)

Vers la pointe Sud du lac, une petite plaine annonce l'embouchure d'une grande rivière. C'est le rio Leones, qui provient des glaciers du Champ de Glace Nord de Patagonie, la seconde plus grande masse glaciaire en dehors des pôles. Les sommets qui bordent cette calotte sont bien visibles depuis les rives du lac, avec parmi eux, rien de moins que le point culminant de Patagonie, qui n'est autre que... le Monte San Valentin. Estimé autour de 4060m d'altitude par les rares expéditions qui ont atteint son sommet, il fait partie des montagnes les plus inaccessibles de la planète. Je ne rate pas ce rendez-vous avec "ma" montagne, et je fais un crochet de 25km, d'abord à vélo,puis à pied, pour atteindre le Lago Leones au pied des glaciers. Ambiance sauvage à 200%, aucun touriste par là et seulement un petit sentier tracé dans la vallée. Le décor est immense, imposant et enivrant.

Mais d'autres choses m'attendent ailleurs, alors je finis par repartir au Sud. Je longe le lac Bertrand, qui est une annexe du grand Lac Général Carrera, et trouve enfin un micro village pour refaire mon stock de provisions. Il était temps, à 16h, je commençais à avoir un peu faim. Encore un bivouac, et j'atteins Cochrane, un gros village perdu dans les montagnes, après avoir longé la spectaculaire vallée du Rio Baker (le plus long et le plus puissant du Chili), dans un décor de plus en plus sec. Et soudain, dans ce décor de steppe et de cañons qui me rappelle le Pérou, je débusque le Guanaco, un cousin du Lama ; ça me renvoie quelques semaines en arrière, sur l'altiplano. Mais je suis bien au Sud du monde, m'apprêtant à traverser une des zones les plus reculées et spectaculaires de mon voyage; ça, c'est pour les prochains épisodes, si Dieu le veut.

Bises à tous !!

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Amanecer, acte premier

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Amanecer, acte second

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Amanecer, acte troisième 

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Amanecer, acte dernier

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LA rencontre. Selfie ? Le sommet du San Valentin est au centre droite (ce qui ne présume en rien de ma tendance politique...)

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C'est un peu sauvage par ici...

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C'est un peu beau par là...

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Le glacier d'écoulement du champ de glace Nord

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Lago Leones, à couper le souffle. On est autour de 400m d'altitude.

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Le lac Bertrand, une annexe du lac Général Carrera.

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Et une photo de la "carretera" au bord du Rio Baker

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Confluence des rios Nef et Baker, dans une végétation déjà plus aride, avec toutefois encore les sommets du champ de glace qui se profilent au loin.

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Pérou ? ?

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En descendant sur Cochrane, d'où je vous écris !

...

Finalement, puisque certains ont insisté.. voilà celui qui se cache derrière les photos

(-d'ailleurs il est en train de parler de lui à la troisième personne, il se la pète un peu.

-Qui ça "il" ?

-Ben lui

-Ah, lui !)

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